Une partie des agriculteurs et responsables de cuma opte aujourd’hui pour un semoir monograine rapide. Concrètement, un appareil monograine capable de bien semer à 12-15 km/h au lieu des 6-7 km/h habituels. Il coûte nettement plus cher, mais peut emblaver beaucoup plus grand dans les mêmes créneaux météo. Comment raisonner cette option ? Le Guide prix de revient Est a réalisé l’exercice dans son édition 2023-2024 pour des 6-8 rangs, en analysant les comptabilités des cuma, autrement dit les prix d’achat et surfaces travaillées réelles constatées sur le terrain.
Semoir monograine rapide : deux fois plus cher à l’achat
Dans les faits, les exemplaires de semoir rapide étudiés dans ce Guide prix de revient sont achetés deux fois plus cher, mais ils couvrent 1,7 fois plus de surface. Ils sont aussi plus jeunes. En revanche, les deux catégories affichent une durée d’amortissement moyenne de 11 ans. D’autre part, le calcul part d’un débit de chantier de 4,2 ha/h pour les semoirs rapides, contre 1,8 pour les semoirs classiques. Des valeurs relevées en conditions réelles grâce à des compteurs connectés.
Les auteurs du guide concluent ainsi leur comparatif. « Largeur de travail et débit de chantier permettent d’économiser en temps de travail, en temps de traction et consommation de carburant. À condition d’optimiser ces machines plus chères mais aux performances plus élevées, il est possible de réduire le coût de chantier d’environ 20 %, ce qui représente tout de même plus de 10 €/ha. »
Une différence de 25 % sur le coût de chantier
Nous avons refait la même comparaison en actualisant à 2024 le prix d’achat des semoirs, le coût de la traction, le prix du carburant et le tarif de la main-d’œuvre. Pour les deux premiers postes, nous avons pris comme base l’indice Ipampa de l’Insee, et pour les deux autres, les valeurs retenues dans les autres simulations de ce numéro Rayon X. En revanche, nous avons conservé la surface travaillée et le débit de chantier, puisqu’ils proviennent de données de terrain qui n’ont pas de raison de changer en profondeur.
À l’arrivée, les ordres de grandeur sont similaires, 58,60 €/ha avec un semoir classique, contre 44,80 €/ha pour semoir rapide. L’écart s’est même creusé avec un coût total de chantier inférieur de 25 % pour le challenger. On pourrait imaginer que, mécaniquement, la surface semée avec le semoir rapide devrait atteindre le double de l’autre.
Nous avons donc poussé la simulation en chiffrant le coût de chantier pour un appareil qui sèmerait 380 ha/an. Le coût de chantier tomberait alors à 40,60 €/ha.
Des préalables à réunir avec un semoir rapide
L’organisation du chantier demeure un point sensible pour réussir ce changement de technique de semis. Le Guide prix de revient 2023-2024 cite des éléments toujours valables. D’une part, le fait de semer avec le même tracteur et un chauffeur dédié « simplifie la prise en main, car le matériel est plus complexe, et augmente l’efficacité du travail, passant de 4 à 7 ha/h. » D’autre part, il est intéressant de veiller à choisir un semoir polyvalent pour « s’adapter rapidement aux différents écartements et différentes cultures, pour optimiser sur de plus grandes surfaces, et faire face à différentes situations : sol labouré, encombrés de débris végétaux. »
Selon les auteurs du guide, la facilité et les aides au réglage de l’outil contribuent enfin à maximiser son efficacité : modulation de la dose de semis, de la profondeur de semis, incorporation d’engrais… Mais il reste naturellement à rassembler la surface nécessaire pour descendre à un prix de revient acceptable. Et, dans le cas d’une cuma, à recueillir des engagements sur le long terme de la part de tous les adhérents.
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