Conditions idéales pour l’arrachage des betteraves

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Conditions idéales pour l’arrachage des betteraves

Charles Bocquet, jeune agriculteur, récolte ses 12 ha de betteraves. Les rendements semblent hétérogènes mais le temps sec facilite des arrachages.

Les arrachages de betteraves ont débuté le 5 septembre pour le agriculteurs du Nord. Un mois plus tard, les conditions de chantier sont toujours aussi bonnes, mais les rendements semblent décevants. Reportage en banlieue Lilloise à la Chapelle-d'Armentières.

Les panneaux « danger boue » sont apposés dans les bas-côtés de cette petite route très fréquentée qui mène à Lille. Pourtant, le chantier d’arrachage de betteraves qui se déroule à ses abords fait plutôt de la poussière. « C’est par précaution, lance Charles Bocquet, ce jeune installé sur l’exploitation familiale. Nous essayons de prévenir les riverains le plus possible. Mais c’est vrai que cette année, on ne salit presque pas la route. Rien à voir avec les arrachages de 2021 où on mettait de la boue partout. »

Planning de l’usine

Pourtant, cet agriculteur a l’habitude de récolter ses betteraves en octobre. « Nous suivons le planning imposé par l’usine, explique t-il. Cette année, nos betteraves sont expédiées le 11 octobre à la sucrerie de Lillers. Celle où nous livrions auparavant, Escaudœuvres, a fermé. Ça ne change rien niveau proximité. Mais concernant les dates d’arrachage, les planning ont été allongés. »

arrachage betteraves

Les planning d’arrachage de betteraves s’étendent de septembre jusqu’au début de l’année 2024.

Pour l’illustrer, l’entreprise qui vient chez Charles Bocquet assure avoir arraché 180 ha sur plus de 500 prévus. Les chantiers risquent de se prolonger en novembre pour cette zone, avec des livraisons à la sucrerie jusqu’en 2024, sûrement. Outre l’aspect logistique, la fermeture de la sucrerie est un coup porté à la filière.

« Il faudra qu’on m’explique pourquoi on achète du sucre à l’étranger qui n’a pas été produit dans les mêmes conditions qu’en France, lance cet agriculteur nordiste. On va finir par vivre au crochet des pays importateurs et lorsqu’il y aura un problème, on sera perdus. »

Des semences deux fois moins chères

D’autant qu’il l’avoue, depuis deux ans, la culture de la betterave est devenue rémunératrice. « Nos betteraves de 2022 ont été payées 43,10 €/t, calcule-t-il. On est reparti sur la même tarification pour cette campagne. Mais, il faut dire que nos charges ont aussi augmenté. »

N’ayant pas tous les coûts de production en tête, il assure tout de même que les charges de mécanisation, semis et arrachage, gérés par l’ETA, ont bien progressé depuis deux ans. Tout comme les produits phyto.

 

betteraves

Malgré un mois de retard au semis, les betteraves ont bien poussé cette année.

En revanche, cette année, les prix des semences ont été divisés par deux. « Nous n’avons pas eu accès aux semences enrobées de néonicotinoïdes, rappelle Charles Bocquet qui en utilisait habituellement. Par chance, nous n’avons pas eu de maladies sur les betteraves, mais le risque était totalement à notre charge. Et si ça avait été le cas, j’aurai dû traiter plusieurs fois. Pas très écologique, ni économique. »

Arrachage des betteraves : 100 t/ha ?

Si les semis de betteraves avaient été retardés d’un mois au printemps, le reste de la campagne s’est donc bien déroulé. Mis à part le désherbage, point de vigilance, mais réussi cette année grâce aux passages successifs de bineuse et de désherbants chimiques. « Mais en perdant un mois de végétation, j’ai peur que les rendements soient impactés », s’inquiète l’agriculteur.

Cependant, la taille des racines est très hétérogène et la richesse semble ne pas être au rendez-vous selon les premières racines transformées le mois dernier. Les estimations de rendement dans la région vont de 60 à 100 t/ha. « Ma moyenne est de 100 t/ha, j’espère atteindre ce même résultat cette année. »

Il faudra compter une journée pour arracher les 12 hectares de cet agriculteur. Une surface stable malgré les années où la betterave était sous-payée. « C’est plaisant de cultiver des betteraves, estime-t-il. Surtout à ces niveaux de prix. Mais en réalité, il y en a toujours eu une dizaine d’hectares cultivés sur l’exploitation. Nous avions des contrats et quand je les ai repris, il y a deux ans, j’ai poursuivi. »

Gérer le silo

L’ETA possède une Ropa Panther 2 qui a un bon débit de chantier, surtout dans ces conditions sèches. Cette automotrice intégrale a la capacité de rouler en crabe pour éviter de tasser les sols lorsqu’ils sont humides. « J’ai également fait appel à un transbordeur conduit par un chauffeur cette année, explique Charles Bocquet. Avec une capacité de 32 tonnes, l’outil permet de remonter le silo de betteraves pour faciliter le chargement des camions. »

En effet, cette année, c’est un avaleur qui va venir enlever les betteraves. La largeur du tas ne doit pas excéder 9,5 mètres. Avec un transbordeur, les betteraves peuvent être posées au-dessus du tas. Impossible avec une remorque.

transborder betteraves

Le transbordeur permet de remonter le silo de betteraves pour faciliter le chargement des camions.

« Sans cela, il aurait fallu une très grande longueur de silo, fait remarquer le betteravier. Or, la partie de la parcelle accolée à la route n’est pas assez longue. » D’autant qu’avec le temps sec, les betteraves n’ont pas la pellicule de terre qui leur permet de coller entre elles. Le tas a donc tendance à s’effondrer.

D’autres chantiers d’arrachage des betteraves

Ce soir, la parcelle sera récoltée. « Une bonne chose de faite », anticipe le jeune agriculteur. Dans quelques jours, la valse des camions viendra achever la campagne betteravière 2023 de Charles Bocquet. En attendant, il y a encore du pain sur la planche : arracher les pommes de terre et récolter le maïs grain pour son voisin, éleveur porcin.

Puis semer les céréales de l’année prochaine. « Et vendre les 150 tonnes de céréales qu’il me reste. Car la trésorerie commence à être tendue, ajoute t-il. Avant cela, je voudrais bien que les prix remontent pour qu’ils atteignent au moins mon prix de revient. » Mais la tendance est à l’inverse.

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