1- Quels sont les besoins de mon troupeau ?
Les critères du gestionnaire du parc sont liés à la performance, à la fiabilité et à la durabilité. Pour l’éleveur, les exigences sont tout autres. L’équipement doit être pensé en fonction des besoins du troupeau. La possibilité de circulation des animaux et de l’éleveur, ou les passages d’engins agricoles sous les panneaux et entre les rangées sont donc à prendre en compte.
En conséquence, l’espacement entre les rangées se définit en fonction des engins agricoles qui y circuleront. L’implantation des panneaux doit tenir compte de la technique de pâturage envisagée. En pâturage tournant, par exemple, l’éleveur doit pouvoir poser et déplacer ses clôtures mobiles facilement, parallèlement et perpendiculairement aux panneaux. Enfin, la centrale doit être dimensionnée par rapport à la SFP, pour sécuriser un stock fourrager.
2- Quels types de panneaux choisir ?
Les équipements le plus couramment rencontrés dans les parcs pâturés par des ruminants sont les tables fixes, mais l’on voit aussi des trackers sur un axe.
D’un point de vue agronomique, les structures adaptant leur inclinaison semblent à privilégier pour maximiser la production du couvert végétal. « Un compromis idéal serait une structure portant des panneaux orientables mais n’employant pas de barres de force », propose Idele.
3- Quelle hauteur minimale prévoir ?
En élevage ovin, les toutes premières centrales plaçaient les panneaux à 80 cm du sol. Or c’est beaucoup trop bas. Cela entravait la circulation des brebis et les gênait dans leur comportement naturel. Il pouvait par ailleurs y avoir des risques de blessures, les coins des panneaux étant très anguleux.
Les centrales sont désormais à 1 m de hauteur. Reste que plus les panneaux sont hauts, mieux c’est. Mais pour le développeur, il y a un surcoût assez important. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils privilégient les élevages ovins aux élevages bovins. La hauteur des panneaux doit permettre aussi la circulation des engins agricoles (outils déportés attelés) pour l’entretien complémentaire de la végétation.
4- Quel système de fixation au sol ?
Différents types de montages au sol s’envisagent : tables mono-pieux ou bi-pieux, pieux battus plantés directement en terre ou pieux sur dalle de béton. Les bi-pieux sont peu recommandés car difficiles d’entretien. Si les conditions de sol le permettent, les mono-pieux sont à privilégier pour la circulation du matériel d’entretien, tout comme les pieux battus (plutôt que des fondations en semelle béton) pour limiter l’impact sur la végétation.
« Il faut éviter au maximum d’injecter du béton dans le sol, rappelle Philippe Rollet, responsable agrivoltaïsme chez Qair energy. Mais plus on monte, plus la structure devra être massive avec des pieux solides, profonds et ancrés dans le sol. »
5- Où placer les points d’affouragement et d’abreuvement ?
L’apport de fourrage complémentaire aux animaux en pâturage peut s’avérer nécessaire, même si les éleveurs préfèrent adapter leur chargement. La localisation de l’auge ou du nourrisseur doit être réfléchie en amont, tout comme les points d’abreuvement. Les parcs actuellement en activité ne disposent pas de point d’eau, ce qui génère une charge de travail supplémentaire à l’éleveur qui doit acheminer sa citerne. Il est donc recommandé d’installer une ligne d’eau avec des raccords en différents points (prévoir un point d’eau pour deux hectares). Des systèmes de récupération des eaux pluviales sur les panneaux, par des gouttières, peuvent être envisagés.
6- Des zones d’ombre sur l’impact agricole
La loi d’accélération des énergies renouvelables votée au printemps 2023 a fixé un cadre pour éviter les éventuelles dérives et projets « alibis » de type éco-pâturage. Le parc agrivoltaïque doit assurer au moins l’un de ces quatre services : amélioration du potentiel et de l’impact agronomique, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas ou amélioration du bien-être animal. C’est ainsi que des panneaux peuvent abriter les moutons, protéger les cultures contre la grêle ou les coups de chaleur, ou bien encore réduire l’évaporation par l’effet d’ombrage.
Mais l’impact sur la production agricole reste encore assez peu connu. « Il y a très peu de bibliographie sur les conséquences de l’ombre sur les couverts végétaux ou la santé animale », remarque Jérôme Pavie, référent agrivoltaïsme d’Idele. Sur la végétation, « on ne sait pas aujourd’hui si les panneaux ont un effet positif ou négatif, s’ils vont protéger de la sécheresse l’été et améliorer la production de biomasse, ou bien si la limitation du rayonnement va diminuer la photosynthèse et réduire la production de biomasse ».
Sur la composition des prairies, le recul sur l’impact des panneaux est aussi insuffisant. « Est-ce que progressivement les prairies vont changer de composition floristique et donc de valeur alimentaire ? », se demande Jérôme Pavie.
L’impact zootechnique suscite aussi beaucoup de questions. « Est-ce que mettre des animaux dans des centrales aura des conséquences sur le stress, la santé et les performances, la reproduction ? » s’interroge le chef du service Fourrages et pastoralisme d’Idele. Plus globalement, les centrales pourraient-elles créer des microclimats ? En faisant obstacle au vent et au rayonnement, peuvent-elles faire baisser la température du sol ? Idele noue des partenariats avec différentes entreprises pour améliorer la connaissance sur le sujet.
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