Depuis son installation en 2015, et jusqu’en 2018, Flavian Meunier conduisait une production ovine assez classique à Yzeure. Tout près de Moulins, préfecture de l’Allier. Depuis un peu plus de quatre ans maintenant, il produit indirectement de l’électricité sur un parc photovoltaïque au sol de 11ha. Le voilà donc à la tête d’une exploitation de 300 brebis en texel et en charollaise sur une surface agricole utile (SAU) de 81ha (55ha de prairie, 15ha de céréales et 11ha de photovoltaïque). Focus sur l’agrivoltaïsme ovin.
Agrivoltaïsme ovin: «une prairie classique»
Huit mois de l’année, à partir d’avril, une cinquantaine de brebis pâturent à l’abri des panneaux photovoltaïques. En outre, ces derniers reposent sur une conception prévue pour ne pas gêner les ovins.
«Les panneaux sont surélevés à 1m du sol aux points les plus bas pour favoriser la circulation des ovins. Les pieds d’un même panneau sont espacés de 4,5m. De plus, la distance est augmentée entre les tables de panneaux (entre 5 et 6m) pour permettre le passage des engins agricoles», commente Pascal Mychajliw, lui-même agriculteur dans l’Allier et expert agricole pour la société Photosol.
Pour Flavian Meunier, comme pour ses brebis: «Cette prairie se mène exactement comme une prairie classique. Les espaces sont suffisamment bien organisés pour utiliser des outils mécanisés. Et je suis en train de repenser mes clôtures pour optimiser mon pâturage tournant. De plus, l’ombre reste appréciable. Surtout quand les étés s’avèrent très chauds comme cela a pu être le cas ces dernières années.»
Mais concernant l’agrivoltaïsme ovin, quid de la proximité directe avec les panneaux? «Mes brebis n’ont pas changé de couleur ni n’ont plusieurs pattes», plaisante l’exploitant de 28ans. Pour ce qui est du regard éventuel des voisins, le terrain est excentré des rares habitations du secteur. «Nous évitons au maximum d’être en visuel des habitations», ajoute Pascal Mychajliw.
Favoriser l’installation ou le développement de jeunes agriculteurs
Pour la société Photosol, l’agriculture est au cœur de leur projet d’agrivoltaïsme.
«Non seulement, nous ne voulons absolument pas retirer des terres agricoles à la production agricole, mais notre volonté est de rendre des terres à l’agriculture et de remettre des terrains en état pour les rendre exploitables», explique Pascal Mychajliw. «J’ai passé toute mon enfance dans une maison tout près de ce terrain. D’aussi loin que je me souvienne, ces parcelles ont toujours été agricoles. Le but étant qu’elles le restent», note Flavian.
«Favoriser l’installation ou le développement de jeunes agriculteurs est clairement l’une de nos priorités, assure de son côté Pascal Mychajliw. Nous ciblons, en premier lieu, des friches ou prairies ne présentant pas de rendement suffisant pour y maintenir une activité agricole. Et l’un de nos objectifs reste de relancer une activité là où il n’y en a pas ou plus ou de pérenniser celles menacées par la baisse des rendements ou des problématiques de réchauffement climatique.»
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Agrivoltaïsme ovin: des impacts positifs
Pour l’agriculteur en charge de l’exploitation du site, pas de contrainte particulière due à la centrale. «Je suis là pour faire mon boulot d’agriculteur et la partie production d’électricité est gérée par les professionnels de Photom Services [filiale du Groupe Photosol, chargée de la maintenance et de l’exploitation de la centrale]. Cependant, je vérifie à chacun de mes passages qu’il n’y ait pas de dysfonctionnement ni de panneaux en mauvais état.» En échange de quoi, l’exploitant perçoit une rémunération annuelle.
«Sur les centrales associant un élevage ovin, cette coactivité se traduit par un partenariat permettant aux éleveurs de disposer gratuitement d’un pâturage parfaitement aménagé pour les besoins de leurs troupeaux et de leur conduite d’élevage», dit-on encore du côté de Photosol.
Si la conduite du troupeau ne change «pas grand-chose» au milieu des panneaux photovoltaïques, la logique de l’agrivoltaïsme va plus loin. «L’agrivoltaïsme ovin se différencie de l’écopâturage qui a pour seul but l’entretien de prairies sans production réelle d’agneaux pour l’alimentation humaine», explique Photosol.
Par ailleurs, une étude menée en 2020 par Photosol et l’Inrae sur les impacts des panneaux photovoltaïques des centrales au sol sur la pousse de l’herbe souligne des effets intéressants à l’ombre des panneaux.
L’Agrivoltaïsme ovin: un chantier de 3 millions d’euros
Installée sur un terrain appartenant à la commune d’Yzeure, la centrale sur laquelle les brebis de Flavian Meunier pâturent affiche une puissance de 5 mégawatts crête (MWc). Ils viennent en complément des toitures des bâtiments attenants d’une puissance globale de 250 Kilowatt crête (KWc). Elle est raccordée au poste source à 2km de là à l’aide de câbles enterrés.
Avec environ 44.000 modules First Solar fabriqués aux États-Unis, capables de produire du courant continu, l’électricité, une fois rejetée dans le réseau sous la bannière énergie verte, alimente l’équivalent de la consommation de 4.600 habitants, hors chauffage.
Ce chantier, mis en service en 2018, a coûté plus de 3 millions d’euros. Un coût entièrement financés par Photosol et dont 20% proviennent de levées de fonds auprès de particuliers. La durée d’engagement est de trente ans, «à l’issue de laquelle l’installation est soit reconduite, soit démantelée».
D’autres productions?
Alors pourrait-on imaginer des centrales agrivoltaïques avec d’autres productions que des ovins?
«Nous avons déjà une centrale qui fonctionne sur une exploitation maraîchère en agriculture biologique, explique Pascal Mychajliw. Et nous sommes en train de monter un projet ici, dans l’Allier. Une exploitation grande culture avec des panneaux mobiles. Pour les bovins, cela paraît un peu compliqué. En effet, il y aurait un coût trop important. De plus, cela obligerait à rehausser encore les panneaux. Ce qui créerait une prise au vent trop forte. Sans parler du fait que les bovins auraient sans doute tendance à prendre les panneaux pour des grattoirs…»
Quand le photovoltaïque, véritable fleuron technologique, a le vent en poupe, certains impondérables demeurent.
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