Une première dans le Calvados, une troisième sur la Manche. L’augmentation du parc de déchiqueteuses à grappin démontre le dynamisme des filières bois énergie dans le bocage de la zone Normandie Ouest. Pour ces trois départements, les cuma spécialisées disposent ainsi de sept ensembles de déchiquetage. Le 15 février à Grainville-Langannerie (14) les présentations des animateurs en charge du dossier exposent en même temps sur la qualité du service et de ce qu’il produit. À cette assemblée générale de fédération de cuma, il aura ainsi été beaucoup question de projets. Et le constat d’Étienne Capelle, dont c’était la dernière en tant qu’administrateur de la fédération des cuma de Normandie ouest, donne le ton : « En cuma, on travaille avec des gens qui avancent. »
Créations de filières
Les agriculteurs à l’initiative de la filière Secoppa sont de cette trempe. « Un tel séchoir est une opportunité pour faire évoluer les pratiques », expose Marlène Langliné, animatrice, en évoquant le projet de la cuma de Lande Patry dans l’Orne. Pour le collectif Secoppa, cela fait sept ans que la réflexion avance. La construction de l’installation de séchage de luzerne est en cours. « 2024 devrait être l’année de la mise en route », annonce Vincent Barbot. Le président de Secoppa précise l’envergure des structures qui organisent la filière : « Nous sommes 25 adhérents, producteurs ou consommateurs de la luzerne cultivée sur 120 ha. Nous visons une production de 1 400 t de luzerne essentiellement présenté en pellets. »
Dinacuma
Entre autres grâce au mécanisme Dinacuma, la fédération accompagne et alimente cette dynamique d’innovation de ses adhérents. « Chaque année, nous intervenons dans une quarantaine de cuma, pour une durée moyenne de trois jours », chiffre l’animateur référent, Jérôme Renard. À la cuma de l’Avenir (14), c’est l’idée d’un bâtiment photovoltaïque ainsi que d’une embauche qui avait généré ce besoin de conseil stratégique. Au-delà de quoi le président de la coopérative, Vincent Hue, observe : « En réalité, ce travail a déjà permis de redynamiser la cuma. Le Dinacuma a remobilisé des adhérents qu’on ne voyait plus beaucoup. »
Comment investir dans un matériel innovant onéreux ?
Et de manière active la fédération des cuma de Normandie ouest encourage l’innovation. « Quels sont les sujets qui pourraient intéresser votre cuma en 2024 ? » interroge le directeur. Étienne Fels présente ainsi une enquête à propos de expérimentations qu’envisageraient les cuma. Il propose des idées : « Est que c’est le tracteur au bioGNV ? Est que vous voudriez tester un robot ou un tracteur autonome ? ou avoir à l’essai un télescopique avec Camacuma pendant une semaine ? »
Dans le sud Manche, « nous aurons une cuma qui essayera le chantier d’épandage décomposé avec un caisson tampon », illustre ensuite Frédéric Lavalou. Dans cette même zone, le conseiller machinisme accompagne également la mise en place d’une prestation de pulvérisation ultra-ciblée. « Le matériel représente un investissement de 115 000 € et nécessite un abonnement à 6 000 €/an. » Cette initiative met ainsi un coup de projecteur sur le potentiel de l’intercuma, « que l’on pourrait très bien calquer sur d’autres activités. »
Les collectifs agricoles attendent de la réciprocité dans le traitement des dossiers administratifs
Reste que cette assemblée 2024 intervenait dans une période où le sujet de la complexité administrative fait l’actualité. Les témoignages du jour démontrent qu’en la matière, les collectifs ne sont pas en reste. « Depuis Noël, notre chantier de construction du séchoir est à l’arrêt. Pour des questions d’assurances, les banques ont bloqué les fonds », reprend le représentant du collectif Secoppa. Le président de la fédération salue l’implication et la patience des responsables confrontés à ces situations. Il souligne : « Vu que nos projets sont collectifs, nous sortons très rapidement des cases. Nous sommes mis hors des clous alors que nous sommes les premiers à pouvoir lancer des projets innovants. »
Rodolphe Lormelet pointe enfin un autre exemple de dossiers : « Les cuma ont beaucoup été sollicités dans le cadre de compensations agricoles collectives. C’est un fonds formidable, mais pour Secoppa, nous avons déposé un dossier en février. Il aurait dû être instruit en septembre. À ce jour nous n’avons aucune nouvelle. » Aussi le président de la FCNO résume : « On nous impose toujours plus de documents administratifs, de l’exigence dans les délais. Ce serait bien qu’une clause miroir s’applique. »
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