Si une exploitation ou un petit collectif créent une installation de méthanisation, l’organisation ne demande pas beaucoup d’imagination. Les matières premières peuvent arriver avec les moyens habituels. Soit en direct si le digesteur est à côté de l’élevage, soit via des bennes pour les fumiers et des tonnes pour les lisiers. Pour l’épandage, si la zone à couvrir est modeste, on repart sur les schémas classiques. Mais quand les distances à parcourir s’allongent, une réflexion plus approfondie se met en place. Comment choisir sa logistique de transport du digestat?
Transport du digestat: le tracteur ne suffit plus
Pour l’approvisionnement, dès lors que les trajets s’allongent, les véhicules routiers peuvent devenir plus pertinents. «Chaque cas est particulier, souligne Hervé Masserot, expert épandage à la frcuma Ouest. Mais à partir de 10km à parcourir, la question mérite d’être étudiée.» Quant au lisier, un camion-citerne peut faire une tournée de ramassage. Côté fumier, les groupes installent des caissons chez les apporteurs. Un camion assure le transport vers l’installation de méthanisation.
Pour la sortie du digestat, le choix est plus large. «Déjà, on peut raisonner globalement, explique Hervé Masserot. C’est le même produit pour tous les agriculteurs, et non pas chacun qui devrait reprendre l’équivalent de ce qu’il a apporté.»
Le digestat solide peut être épandu en direct, ou stocké temporairement en bout de champ, après un transport par benne agricole ou par camion et caissons. Pour le digestat liquide, le transport par canalisations enterrées constitue une solution «zéro travail», discrète pour le voisinage. Elle est plutôt choisie pour alimenter des systèmes d’épandage sans tonne. La présence d’un réseau d’irrigation utilisable avec du digestat facilite cette option.
Fosses tampons
Pour les solutions d’épandage plus traditionnelles, la distance à parcourir se pose également. Ce même seuil de 10km doit induire une réflexion sur le camion. Avec un éloignement croissant, il est intéressant de décomposer les chantiers, avec des véhicules spécialisés (agricoles ou routiers). Certains transportent et d’autres épandent. L’installation de poches ou de fosses décentralisées permet aussi de dissocier les opérations dans le temps.
Les combinaisons sont multiples, sachant qu’on ne part pas forcément d’une page blanche. Il y a sans doute sur le terrain des cuma, des ETA, des transporteurs et des partenariats de travail bien établis à prendre en compte. «On peut rencontrer des méthaniseurs qui prennent en charge l’épandage, observe Hervé Masserot. D’autres vont simplement indemniser les agriculteurs, qui choisiront chacun leur solution.»
Un volet juridique complexe
Dans le choix du schéma, le volet juridique intervient aussi. Dans ces réalisations collectives, les agriculteurs et les cuma touchent les limites de ce qu’ils ont le droit de faire en termes de transport. Rappel: par dérogation, l’agriculteur peut transporter des marchandises pour les besoins de son exploitation et uniquement avec du matériel agricole. Il n’a pas le droit d’effectuer le ramassage de lisier chez d’autres collègues pour le porter au méthaniseur. Pas plus d’ailleurs qu’une cuma qui ne peut que transporter pour les besoins de ses adhérents agriculteurs. Et sans que cela soit son activité principale.
A savoir également : si l’unité de méthanisation est reconnue comme ayant une activité agricole, elle peut adhérer à la cuma. Toutefois, cette dernière risque alors de perdre l’accès aux aides PCAE. Pour plus de détails sur l’articulation agriculteurs-cuma-unité de méthanisation dans l’utilisation des matériels et l’emploi de main-d’œuvre, il est fortement conseillé de se rapprocher de sa fdcuma.
A lire sur la même thématique :
Comment gérer en cuma l’épandage de digestat de méthaniseur ?
Quelle stratégie pour les chantiers d’épandage de digestat?
Transport du digestat par des canalisations enterrées: trois fois moins cher!