Même si elle est située dans le Nord, la cuma du Pays de l’angle sait à quel point il est nécessaire d’adapter son matériel afin de préserver la ressource en eau. Situées à Saint-Folquin, dans la zone des Wateringues, les 24 exploitations qui la composent se situent toutes en bordure maritime. Les agriculteurs voient, tous les ans, passer l’eau. Ils l’évacuent de leurs champs grâce aux rigoles qu’ils réalisent, puis viennent à en manquer. « Nous sommes dans le plat pays, quasiment au même niveau que la mer, résume Thierry Lheureux, président de la cuma. En dessous des 30 cm, c’est du sable, alors nos terres s’assèchent très rapidement. On a d’ailleurs deux groupes consacrés aux matériels d’irrigation. »
Adapter son matériel pour conserver l’humidité des sols
À l’inverse, en hiver, faute de pente, quand l’eau tombe en quantité, les agriculteurs réalisent des rigoles pour tenter de diriger l’eau de la parcelle vers les wateringues grâce à des rigoles. « Nous avons d’ailleurs une rigoleuse dans notre cuma », tient à souligner Thierry Lheureux.
Sensible à la question, le groupe de cumistes s’est alors équipé de différents matériels pour tenter de rendre les activités plus durables vis-à-vis de cette contrainte. À l’image du semoir en semis direct qu’ont acheté une dizaine d’agriculteurs. La principale utilisation de cet outil est pour des semis de couverts végétaux. Avec ce semoir, l’idée est de pouvoir semer des mélanges de plusieurs espèces différentes et très rapidement après la récolte.
« Le semoir que nous avons acheté en 2020 possède trois trémies qui nous permettent de réaliser des mélanges de différentes granulométries, explique le président de la cuma. Cette dernière s’est également engagée dans l’achat du semoir Maschio Gaspardo. En un seul passage, le mélange est semé, la levée est aussi plus homogène. »
Semer plus rapidement avec les outils de la cuma du Pays de l’angle
Grâce à cet outil, les agriculteurs espèrent semer plus rapidement leurs couverts. D’autant que dans le groupe, il y a des éleveurs qui sont moins réactifs que les autres en la matière. Après deux années complètement différentes en termes de météorologie, les agriculteurs ont tout de même remarqué que les plantes étaient mieux développées. Le but étant de retenir davantage l’eau qui tombe l’hiver.
« Avec les couverts, il n’y a pas de croûte de battance qui peut se créer, constate l’agriculteur. L’eau s’infiltre davantage dans le sol et a un effet tampon entre un sol trop sec ou trop humide, mais aussi en matière de température du sol. » C’est sans compter les effets de la matière organique sur le sol avec une vie microbienne plus stimulée et une captation de l’azote. Une économie d’azote a déjà été remarquée. Un investissement de plus de 100 000 euros, mais qui satisfait les agriculteurs.
Irriguer davantage
Toutefois, pour y parvenir, l’agriculteur l’assure, « il faut être équipé. Sans la cuma, je ne pourrais pas avoir une gamme aussi complète de matériels, avec ses bineuses, sa herse, entre autres. D’autant qu’il faut être réactif, les fenêtres météo pour le désherbage mécanique peuvent en effet être très restreintes. » Seule la houe rotative manque pour avoir une panoplie complète selon lui.
Dans cette zone à proximité de la mer, la sécheresse inquiète, mais les agriculteurs restent optimistes. « De l’eau, nous en aurons toujours », estime Thierry Lheureux. Situées à proximité des wateringues, les parcelles peuvent être facilement irriguées. Et l’écoulement de l’eau dans les Hauts-de-France est organisé de manière à ce que tout aille vers la mer. Cependant, force est de constater que l’irrigation est devenue obligatoire pour certaines productions. En 2022, Thierry Lheureux aura irrigué six fois ses pommes de terre, deux fois ses chicorées et une fois ses betteraves.
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