De la fendeuse à la déchiqueteuse
Numériquement, l’emblématique fendeuse domine largement, avec 2225 machines recensées. Mais elle demeure anecdotique en termes de chiffre d’affaires. En revanche, les 119 déchiqueteuses et les 115 combinés coupeurs fendeurs représentent la production d’un beau volume de bois de chauffage. Et autant d’énergie renouvelable produite sur la ferme au bénéfice des adhérents (autoconsommation et vente). Sachant toutefois qu’une partie du bois déchiqueté part en paillage et en litière. Au sein des petits matériels, la Fncuma relève d’autre part 388 treuils forestiers, 283 scies circulaires, des grappins, des remorques forestières, des fagoteuses, des élévateurs à nacelle, etc. Les quelques exemples qui suivent illustrent la diversité et l’intérêt des équipements qui se développent aujourd’hui dans les groupes.
Récolter le bois sans la tronçonneuse
La pince d’abattage, ou grappin coupeur, sécurise la coupe des arbres de bocage, par rapport à ce que l’agriculteur peut réaliser seul avec sa tronçonneuse. On la monte sur une pelle à chenille, seul engin assez lourd et passe partout pour aller saisir, couper et déposer au sol des sujets de bon gabarit, et cela même en bord de rivière. Dans ces conditions, il faut une cuma d’envergure départementale, avec un chauffeur spécialisé, pour conduire l’activité. Ces pinces peuvent disposer d’une lame coupante, qui nécessite une reprise manuelle à la tronçonneuse pour laisser une cicatrice propre. Autres options : une scie circulaire ou un guide de tronçonneuse à chaîne, plus respectueux du végétal et donc sans nécessité de reprise. Dans la Sarthe, la cuma La Cigale a par exemple investi successivement dans deux types de pince, pour répondre à tous types de demande.
Produire des bûches
Pour les agriculteurs qui se chauffent au bois bûches en exploitant leurs haies et bosquets, le combiné coupeur fendeur apporte une solution de mécanisation intéressante. C’est le choix réalisé par la cuma Bois MPS (Cantal). Les responsables ont choisi un matériel de grande capacité (billes de 60 cm de diamètre), un Rabaud Xylog 600. ll est à disposition deux fois par an et durant 15 jours, dans chacun des trois secteurs géographiques qui constituent le rayon d’action de la cuma. « L’adhérent vient avec son tracteur pour entraîner le combiné, explique le président Guillaume Louvradoux, et il s’occupe d’alimenter la machine et de dégager les bûches. Notre salarié assure de son côté le pilotage du combiné ». Prix facturé : 80 €/h, hors main d’œuvre. La cuma dispose également d’une fendeuse horizontale de grande capacité, pour réduire les troncs de trop gros diamètre. Outre la question de leur déplacement sur un grand territoire, les combinés coupeurs fendeurs suscitent en fait des choix divers selon les cas, avec un maniement laissé aux adhérents ou réservé à un salarié. Signalons également qu’il existe des scies automatiques, beaucoup plus abordables, pour simplement recouper les brins de bois de petit diamètre n’ayant pas besoin d’être fendus. Et dans l’autre sens, des fendeuses multibrins mais pour les billes de bois de faible longueur.
Des plaquettes pour le département et au-delà
Après la bûche vient la plaquette. La cuma Vingt Trois fait partie des groupes d’envergure départementale qui gèrent une activité de déchiquetage de bois avec une machine à grappin. Elle a renouvelé la sienne en 2021, en gardant la même marque qu’auparavant, une Pezzolato capable d’avaler des bois jusqu’à 82 cm de diamètre. Un investissement de 470 000 € en intégrant le tracteur de 360 ch qui l’entraîne. Le tarif facturé repose sur le temps passé : 220 €/heure, et sur le volume : 3,70 €/m3. Soit en moyenne, un tarif qui se situe entre 5,50 et 7 €/m3. En 2022, la cuma a facturé pas moins de 32 520 m3 auprès de 160 exploitations situées principalement en Creuse mais aussi en Haute-Vienne, dans l’Indre et dans l’Allier.
Le bois en alternative à la paille
L’habitude et la dextérité du salarié en charge de cette activité de la cuma Vingt Trois permettent d’atteindre des débits de chantiers élevés. D’autant plus si le tas de bois à traiter est correctement disposé en bout de champ. Cette prestation suscite de plus en plus d’intérêt chez les agriculteurs, au départ pour produire du combustible et de plus en plus en complément de la paille dans la litière. Ce matériau représente, selon les années, une dépense importante pour les éleveurs.
Des planches faites maison
Les arbres réguliers et rectilignes dont un ébéniste ne veut pas peuvent néanmoins donner des poutres et les planches convenables pour l’auto-construction dans l’exploitation agricole. Pour ce faire, la cuma Haies Nergie & Territoires (Seine Maritime) dispose d’une scierie mobile, de marque Bavaria. Elle accepte des billes jusqu’à 9 m de long pour 1,30 m de diamètre. Un opérateur spécialisé assure la prestation en autonomie, grâce à un groupe électrogène. Là aussi, la mécanisation est synonyme de spécialisation des tâches,. L’agriculteur gère son capital bois mais ne fait plus tout lui-même.
Broyer les branches tombées au sol
Les branches issues d’un passage de lamier ou d’un chantier de bois bûches peuvent elles aussi se récolter à conditions d’être mises en andain. La cuma Armor Bûches dispose pour cela d’un équipement peu commun, un broyeur avec tuyère, de marque Serrat. Il réduit les branches en particules, qui montent directement dans une benne. Elles peuvent ensuite servir au paillage de plantations ou compléter la paille dans les litières.
Une remorque spécifique pour le bois
La cuma Environnementale des vallée cathares (Ariège) a été créée pour accompagner les exploitants dans la valorisation de leurs bois. Elle possède notamment un combiné coupeur fendeur, mais aussi une remorque forestière (Palms, homologuée route, 11 t de PTAC). Associée à une grue Kesla déjà en parc, elle sert à amener le bois abattu vers les plateformes où il sera conditionné. Son président Franck Watts précise que ce matériel est disponible en prestation. « Il faut au chauffeur de l’habileté et du savoir-faire pour ne pas retourner la remorque en manipulant les troncs avec la grue déployée. D’autre part, en montagne, un tracteur assez puissant est nécessaire. » La Cuma facture selon un double critère, l’engagement en volume de bois (4 €/stère) et l’heure de travail effectif (60 €).
Planter avec des ressources locales
Dans l’inventaire des matériels de cuma liés aux haies, il faut considérer la plantation. Pas de problème pour trouver des outils de travail du sol ou des tarières dans les groupes. Ensuite, la mise en terre des plants est souvent manuelle, même si les pépiniéristes peuvent proposer la prestation avec matériel de plantation. Vient ensuite la question du paillage. En alternative au plastique, l’association Haiecobois (Manche) réalise la pose d’une couverture de bois déchiqueté. La haie mature au service de celle en devenir. Elle emploie pour cela un remorque distributrice ou une désileuse portée, dotées d’un tapis de déversement spécial. Des matériels appartenant à la cuma Ecovaloris. Ajoutons que d’autres opérateurs emploient un godet désileuse sur chargeur télescopique pour réaliser ce genre d’opération.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.
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