Dans l’appellation Madiran, cela fait plus de vingt ans qu’un collectif d’une vingtaine de vignerons indépendants a créé son propre service technique pour réfléchir à leurs pratiques culturales et les faire évoluer.
A partir de 2005, la suppression du désherbage chimique et la culture biologique ont été mis à l’ordre du jour. Cinq ans plus tard, la cuma Altemat a été constituée en vue d’investir dans des matériels spécifiques. «Suite à de nombreuses visites et échanges d’expérience, nous avons fait le choix d’introduire les couverts végétaux dans nos itinéraires techniques.
Notre objectif visait non seulement à trouver une solution alternative au désherbage chimique, mais aussi à mieux prendre en compte le sol en vue de favoriser un bon développement de la vigne», explique Philippe Mur, vigneron indépendant et président de la cuma. Sur les conseils de Jean-Paul Gabard, consultant technique Sols, ils se sont intéressés à la méthode Herody.
«En donnant un état dynamique du sol, cette méthode nous permet de comprendre le fonctionnement du sol et donne ainsi les clés pour agir favorablement sur l’évolution du sol en adaptant les techniques culturales », poursuit-il. Parmi les pistes à suivre, il y a celle des couverts végétaux à laquelle une dizaine de vignerons s’est intéressée. Après avoir réalisé les premiers semis à base d’avoine, les vignerons ont progressivement enrichi les couverts végétaux.
«En fonction des parcelles et des objectifs recherchés – qu’il s’agisse d’amélioration structurale, de recherche de plus de fertilité, de lutte contre l’érosion -, nous adaptons les semis grâce à l’expérience acquise sur les différentes espèces», explique Philippe Mure. Dans la pratique, un rang sur deux est semé annuellement avec un mélange à l’aide d’un semoir direct, et l’autre est couvert d’un enherbement permanent. Une rotation est pratiquée tous les quatre à cinq ans en fonction de l’état de l’enherbement permanent.
Vignes : trois espèces en un seul passage, c’est possible !
Acquis dans le cadre de la cuma, le semoir direct Aurensan permet d’implanter jusqu’à trois espèces en un seul passage grâce à sa grande trémie. «La contrepartie, c’est son poids, qui pose problème dans nos exploitations majoritairement équipées de petits tracteurs, et parfois sa hauteur», nuance le vigneron.
Pour une bonne réussite du semis, il faut également veiller à utiliser le semoir dans de bonnes conditions en matière d’état du sol, de caractéristiques des graines, de profondeur du semis mais aussi de climatologie post-semis. «Dans un sol sec, les résultats seront décevants. Certaines graines semblent également mieux adaptées que d’autres à ce type de semis, comme c’est par exemple le cas des féveroles.
En revanche, l’orge est une céréale qui ne fonctionne pas en semis direct», complète-t-il. Lors de la réalisation du semis généralement mis en oeuvre après les vendanges, une présence trop importante d’adventices peut créer une concurrence importante qui pénalise la levée des graines.
Fort de plusieurs années d’utilisation, Philippe Mur confirme l’intérêt de ce type de semoir sur lequel, dit-il, «il va toutefois falloir apporter quelques modifications afin de l’adapter à une bonne utilisation dans le vignoble.»
Lire les articles précédents issus du hors-série Viti paru en novembre 2017 :