Lorsqu’il s’installe en 2007 à 24 ans avec un BTS viti-oeno en poche, Mickaël Sire a déjà parcouru une partie du monde. Fort de séjours en Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud, il rejoint le domaine familial avec l’idée d’inscrire ses pas dans ceux des générations précédentes.
Une exploitation familiale viticole
«Mon père était engagé dans une démarche de viticulture très raisonnée sans aucun apport d’engrais chimique, que j’ai voulu prolonger en convertissant le vignoble en bio ». Ce jeune vigneron indépendant a une obsession et une passion, le sol.
«Durant de trop longues années, le sol a été considéré uniquement comme un support. Je suis persuadé que l’agronomie doit être centrale dans notre réflexion et nos pratiques. C’est ce qui m’a conduit à m’intéresser à l’agriculture de conservation des sols et à introduire les couverts végétaux.»
Travaillées en totalité, les vignes majoritairement situées en coteaux subissaient les méfaits de l’érosion. D’où les couverts, également destinés à améliorer la fertilité des sols. «Alors que le taux de matière organique se situait majoritairement entre 1 et 1,5 dans les vignes, les parcelles que l’on défrichait affichaient des taux supérieurs à 2. L’enjeu visait donc à redonner de la vie aux sols.»
Plus d’information sur : Agriculture de conservation en cliquant sur ACS
Favoriser la biomasse
Mickaël installe les premiers couverts végétaux en 2014 en vue d’une présence de la fin des vendanges jusqu’à avril. A cette date, son premier essai ayant consisté à alterner une céréale et une légumineuse un rang sur deux n’a pas été concluant à cause d’une quantité insuffisante de biomasse produite. Il décide alors d’enrichir ce mélange en vue de réaliser des semis de plusieurs espèces.
En 2017, il implante un mélange sur chaque rang avec féveroles fermières, avoine brésilienne et moutarde. Installé sur le semoir direct auto-construit, un petit semoir électrique lui permet également de réaliser des essais de nouvelles espèces telles que le colza fourrager, le sorgho en culture inversée. Réalisés courant juillet, ces semis précoces visent à optimiser les éventuelles pluies d’août ou septembre.
Améliorer le taux de matière organique des sols dans la vigne
«Des semis après vendange seraient trop tardifs et pénaliseraient la production de biomasse. Or, notre principal objectif vise justement à produire de la biomasse en vue d’améliorer le taux de matière organique des sols», explique-t-il.
L’autre pratique consiste à installer des jachères où sont semées des luzernes qui, au terme de cinq ans, seront plantées en vigne. Installée au cours de l’hiver 2016, la première plantation a fait la démonstration implacable de l’intérêt de cette pratique.
«Derrière une jachère et pourtant sur des terrains sableux, le taux de matière organique a atteint 2,2. Cela s’est traduit par un très bon développement végétatif de la vigne dès la première année. En cinq ans, sur des sols où nous sommes parvenus à faire de la biomasse, nous avons réussi à obtenir la fertilité dont a besoin la vigne.»
In fine, cela se retrouve dans les vins. «Depuis la fin des sols nus, nos vins se sont modifiés. Désormais, ils ont des pH plus bas et leurs profils aromatiques se sont améliorés», termine le jeune vigneron. Fervent adepte de la pratique des couverts végétaux, il est également à l’origine de la création d’un groupe de réflexion autour des couverts végétaux en lien avec le Civam Bio 66 et d’autres vignerons.
Pour aller plus loin, retrouvez la première partie du dossier issu de notre hors-série Viti 2017 :
Vigne : les couverts végétaux font des émules
Vous pouvez également télécharger l’intégralité du hors-série Viti 2017.