Tout d’abord, après les hauts niveaux de 2022, le Sedima* constate sur le second semestre 2023 un ralentissement des commandes de matériels agricoles neufs, mais aussi d’occasion. Une tendance de recul des ventes de matériels agricoles également remontée par Axema (syndicat des constructeurs) en juin dernier.
Ventes de matériels agricoles neufs : -6% attendu sur le second semestre 2023
Dans le détails, 56 % des concessionnaires interrogés s’attendent à un recul des commandes de matériels neufs sur le second semestre 2023 par rapport à la même période en 2022. À noter, la tendance pour les matériels d’occasion est légèrement plus optimiste. Ainsi, le Sedima s’attend à un recul moyen de 6 % des commandes de matériels agricoles neufs sur le second semestre 2023 (par rapport à 2022) et de 2,5 % pour les matériels d’occasion.
Et pour 2024 ? Même tendance, avec 51 % des distributeurs qui prévoient un recul des commandes de matériels neufs. A contrario, seuls 13 % envisagent une hausse. Le marché de l’occasion devrait, selon les mêmes sources, plutôt se maintenir.
Les stocks de matériels au cœur des préoccupations
Mais au-delà du recul des commandes, ce sont les stocks de machines qui deviennent problématiques pour les distributeurs. Rappelez-vous, à la sortie de la crise sanitaire, la disponibilité insuffisante de certaines matières premières entraîne une envolée des prix et un allongement des délais de livraison. À cela s’ajoute le coût du transport qui avait lui aussi explosé (jusqu’à 15 fois les prix d’avant covid). Ainsi, il fallait parfois attendre 18 mois pour recevoir son tracteur ou sa moissonneuse-batteuse.
Pour ne pas se retrouver à nouveau dans cette situation de ne pas pouvoir livrer, les concessionnaires ont fait le pari de commander en avance auprès des constructeurs et de constituer des stocks. Or le coût de ces stocks a beaucoup augmenté en raison de la (forte) hausse du prix des matériels, mais aussi de la hausse des taux d’intérêt. Et le ralentissement des ventes de matériels agricoles vient accroître le risque pour la santé financière des distributeurs.
En outre, selon l’enquête réalisée par le Sedima, 70 % des concessionnaires indiquent avoir des stocks en hausse sur le premier semestre 2023. Et 74 % considèrent que leurs stocks en matériels agricoles neufs sont supérieurs à la normale. Cette question des stocks est même devenue la première préoccupation des distributeurs, devant la baisse des prises de commandes et l’état de la trésorerie des entreprises.
Vers une baisse des prix des matériels agricoles en 2024 ?
« Il s’agit d’un classement (des préoccupations des distributeurs, ndlr) historique », souligne Loïc Morel, président du Sedima. « Cela faisait des années que nos distributeurs s’inquiétaient plutôt pour le recrutement et le renouvellement de leurs salariés. Cela démontre à quel point nos concessionnaires sont inquiets. Sans compter que nous avons réalisé notre enquête en octobre. Depuis, les stocks se sont encore renforcés et les taux d’intérêt continuent de progresser. »
Alors, faut-il s’attendre à une baisse des prix des matériels agricoles en 2024 ? Pas forcément selon le président du Sedima, qui explique que « la hausse du prix des matériels repose essentiellement sur celle des matières premières comme l’acier et le caoutchouc, ou sur celle des composants électroniques ».
Ainsi, selon le syndicat, il y aura peut-être de bonnes affaires à saisir localement, mais d’une manière générale, « il faut plus s’attendre à un ralentissement de l’augmentation des prix qu’à une réelle baisse des prix des matériels ».
À noter, les distributeurs s’attendent à un recul des ventes de matériels agricoles neufs de 5 à 6 % sur le premier semestre 2024 (par rapport au premier semestre 2023).
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(*) Syndicat national des entreprises de service et distribution du machinisme agricole, des espaces verts, et des métiers spécialisés.