Depuis 2021, dans l’Orne, Elise Vandermeersch anime un groupe méthanisation qui mène des travaux collectifs, notamment sur la valorisation du digestat.
Quel est le principe d’un groupe méthanisation ?
E.V : Avec des agriculteurs méthaniseurs issus de tout le département, nous nous retrouvons cinq fois par an pour travailler ensemble sur de nombreux sujets techniques. Faire partie de ce groupe, c’est une déjà une bonne manière d’échanger sur ses pratiques, via la visite des unités de méthanisation des membres du groupe.
Trois journées se tiennent sur la période hivernale, avec des thématiques que les agriculteurs choisissent. Cela peut être :
- La valorisation des digestats ;
- La fertilité biologique des sols ;
- Les intrants, les marges ou même les contrats d’assurance en lien avec la méthanisation.
En mai et en septembre, nous proposons deux demi-journées de visite d’essais, à propos par exemple des Cive ou des digestats.
En quoi consistent vos travaux sur la valorisation du digestat ?
E.V : Il est d’abord important de préciser qu’un digestat ne fait pas l’autre. Selon les intrants utilisés dans son unité de méthanisation ou encore le procédé choisi, l’intérêt agronomique peut varier. Dans notre groupe, nous avons surtout travaillé sur la valorisation de l’azote sur les cultures et nous nous sommes intéressés au matériel d’épandage.
Aujourd’hui, le pendillard est l’outil le plus utilisé pour épandre le digestat. Nous avons donc fait des essais sur du blé et sur de l’orge en sortie d’hiver. Nous avons ainsi mesuré une valorisation azotée d’environ 30 %. Ce niveau est donc loin des 65 % de coefficient d’équivalence engrais réglementaires dans la directive nitrate. La meilleure valorisation de l’azote du digestat a pour le moment été observée lors d’un épandage avec enfouisseur avant l’implantation d’un colza ou d’un maïs. Cela permet une valorisation azotée de 50 % environ.
Existe-t-il une alternative au pendillard qui permettrait d’améliorer la valorisation azotée sur des cultures en sortie d’hiver ?
E.V : L’utilisation des patins est une alternative intéressante que nous avons pu expérimenter au sein du groupe. Sur un blé en sortie d’hiver et en utilisant les patins à l’épandage, nous avons mesuré une valorisation azotée d’environ 45 %. Par rapport au pendillard habituel, il y a donc une augmentation de 15 points. Concrètement, l’économie d’azote grâce à l’épandage de digestat via un dispositif à patins atteignait environ 90 unités, tandis qu’un pendillard permet une économie proche de 50 unités d’azote.
En comparaison à un apport minéral seul et à rendement équivalent, épandre son digestat avec les patins permet de faire des économies d’azote à hauteur d’environ 67 € de l’hectare. En revanche, l’économie ne sera que de 22 €/ha dans le cas du pendillard, l’épandage étant complété respectivement avec 100 uN et 150 uN minéral. Ces calculs datent de 2022 et s’appuient sur les prix de l’azote minéral à l’époque. Néanmoins, ils questionnent les pratiques d’épandage d’un point de vue économique.
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