Ce que l’Europe interdit, le Brésil autorise : 27 % des pesticides concernés

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Ce que l’Europe interdit, le Brésil autorise : 27 % des pesticides concernés

L’élevage de bovins au Brésil est basé sur la production d’herbe, peu coûteuse.

Le Brésil, l’un des quatre pays du Mercosur, possède une agriculture de grande échelle mais aussi très compétitive. Seulement, le pays n’a pas les mêmes règles du jeu que l’Union européenne. Voyage vers la pampa réglementaire.

Au Brésil, comme dans les autres pays du Mercosur (Argentine, Paraguay et Uruguay), les autorités « se basent sur une approche fondée sur des preuves scientifiques établies de nocivité, relate l’Idele dans une note, alors que l’UE reste fidèle au principe de précaution et à la maîtrise des risques sanitaires. » Alors forcément, l’usage des produits phytos et des antibiotiques notamment diffère entre nos deux continents. Retour sur l’utilisation de pesticides au Brésil.

Utilisation de pesticides au Brésil : 1 800 cas d’empoisonnement

Résultats, 27 % des produits phytosanitaires actifs, autorisés au Brésil, sont interdits en Europe. Et cela ne se tarit pas. Les cultures de soja, maïs et canne à sucre se développent, faisant progresser l’utilisation des phytos. Ainsi, en 20 ans, le Brésil a vu son utilisation se multiplier par quatre. Entre 2010 et 2019, on compte plus de 1 800 personnes empoisonnées, soit un décès tous les deux jours. Et c’est en pleine progression, car le projet de loi que soutient le pays vise à rendre ces utilisations encore plus flexibles, en transférant le pouvoir d’homologation aux autorités sanitaires vers le ministère de l’Agriculture.

« Résultat, les limites maximales de résidus des produits phytosanitaires dans les aliments sont plus élevées, précise une note de l’Idele. Ainsi, elle est 10 fois plus élevée pour le glyphosate utilisé dans le café et 400 fois plus élevée pour le malathion dans les haricots. » Toutefois, il faut le préciser, l’Europe continue d’exporter ses produits phyto, avec plus de 7 000 tonnes en 2019 et 2018 notamment.

Utilisation multipliée par 2,3

L’autre sujet de distinction est l’utilisation des antibiotiques activateurs de croissance. « Si l’utilisation des hormones de croissance est interdite, il n’empêche que les éleveurs brésiliens disposent d’une large gamme d’antibiotiques, permettant de booster l’élevage des animaux », explique la note.

Même si la tendance est au repli, à cause des phénomènes d’antibiorésistance constatés dans la population, ces produits de santé animale ont vu leur utilisation multipliée par 2,3 par rapport à 2013, dont la moitié utilisée pour les ruminants. Cependant, ces produits sont encore beaucoup plus utilisés dans les élevages porcins et de volaille. Il semblerait qu’en bovins viande, la pratique soit moins courante.

Utilisation de pesticides au Brésil : pourquoi on en parle ?

Au cœur de l’actualité, le traité de libres-échanges avec les pays du Mercosur pointe du doigt une distorsion de concurrence. On le sait, les pays ne répondent pas aux mêmes normes que les européens. Mais à quel point ? Sur quels sujets ? On vous éclaire !

Compétitifs, mais pourquoi ?

Les coûts de production dans les élevages bovins brésiliens représentent 60 % de ceux européens. Mais comment font-ils ? C’est principalement sur leur mode d’élevage qu’il faut se pencher. Les ateliers de grande capacité sont ultra-spécialisés. Ainsi, un bovin passe d’une exploitation de naissage, puis de post-sevrage, et enfin d’engraissement, où il ne reste pas plus de 10 mois avant d’aller à l’abattoir.

Par ailleurs, l’élevage est basé sur la production d’herbe, peu coûteuse. En plus des économies d’échelle, les éleveurs n’achètent que très peu d’aliments, quitte à avoir des élevages moins performants. Mais il ne faut pas oublier le poids d’une réglementation moins contraignante et le coût de la main-d’œuvre beaucoup moins élevé.

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