Betterave belge, concurrente plus d’une fois ?

Partager sur
Abonnés

Betterave belge, concurrente plus d’une fois ?

La production de betteraves en Belgique est six fois moins élevée qu'en France.

Bien souvent, les betteraviers français aux abords de la frontière belge regardent jalousement leurs collègues Belges. Selon les Français, les producteurs belges bénéficieraient de moyens de productions plus fournis et des prix plus rémunérateurs. Cette rivalité est-elle justifiée ?

Rappelons-le, la Belgique est divisée en deux provinces, la Flandre et la Wallonie. Entre les deux, les coûts de production et les exploitations ne sont pas les mêmes. Un betteravier flamand exploite en moyenne 75 ha, un Wallon, 90 et un Français 138 ha. Tandis qu’en Belgique, la surface moyenne est de 8 ha dans chaque exploitation, contre 17 en France. Découvrez-en plus sur la production de betteraves en Belgique.

Mêmes coûts de production de betteraves en Belgique

Si les structures ne sont pas les mêmes, en revanche, les coûts de production de betteraves en Belgique de part et d’autre de la frontière sont assez similaires. « Sans compter les coûts du foncier, qui peuvent peser lourd en Belgique, il est estimé à 3 200€/ha », annonce Loïs Penasse, de la confédération des betteraviers belges (CBB). Français et Belges sont sur un même pied d’égalité sur ce point.

Sur le plan de la protection phytosanitaire et normes, les deux pays s’alignent sur les décisions de la commission européenne. Fini donc les enrobages aux néonicotinoïdes (NNI). Cependant, pour les moyens utilisés contre la jaunisse, les Belges ont une arme supplémentaire. « La France, n’a pas donné d’autorisation de mise sur le marché de l’acétanitride, un dérivé des NNI, explique Timothé Masson. Alors que les betteraviers belges peuvent encore l’utiliser en aspersion. »

Un rendement de 90 t/ha en 2023

« Globalement, nous utilisons peu d’insecticides, lance Joseph Cleiren, président de la CBB. Il fait également remarquer que la Belgique reste une grande région betteravière, les rendements le montrent puisqu’en 2023, ils s’établissaient à 90 t/ha.

Autre différence, le prix de la betterave payé aux producteurs. « Le prix moyen en France en 2023 s’élèvera aux alentours de 50 €/t alors qu’en Belgique, il est de 62 €/t », ajoute Timothé Masson. En Belgique, deux groupes sucriers se partagent la part du gâteau. Le premier, Iscal est une entreprise privée qui établit ses prix selon ses ventes. L’autre, la raffinerie Tirlemontoise (Südzucker), propose des contrats de base, avec un prix de 38 €/t ces dernières années, auquel s’ajoute un prix calculé en fonction du marché du sucre européen. « Ces contrats sont reconduits annuellement et adaptés selon la conjoncture », ajoute le président.

Conjoncture qui n’est pas plus rose en Belgique qu’en France. La Belgique, elle, a une filière très efficace grâce à ses rendements et ses usines. Toutefois, elle reste dépendante d’un groupe sucrier allemand. Trop de marchandises et un changement climatique qui s’accentue pourraient assombrir rapidement l’avenir de nos voisins.

La filière en chiffres

En Belgique, on ne dénombre plus que trois sucreries, deux appartenant au groupe Sudzücker et une autre, l’ISCAL où 5,6 % de son capital est détenu par les Belges. La réforme des quotas en 2006 a réduit drastiquement la production betteravière en réduisant de moitié le nombre de producteurs… mais en la rendant un peu plus efficiente. À ce jour, on dénombre près de 6 000 betteraviers (contre 22 200 en France), situés principalement au centre et à l’ouest du pays. Le climat et les sols de la Belgique conviennent très bien à la plante puisque le rendement moyen est de 89 T/ha alors qu’en France, il avoisine les 78 t/ha. Enfin, la surface betteravière est sept fois plus petite qu’en France… Pas étonnant pour ce petit pays.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer