Microméthanisation et agriculture décarbonnée

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Microméthanisation et agriculture décarbonnée

Un atelier de production d'électricité jouxte le nouveau bâtiment d'élevage où Corentin Caudron s'installe.

Corentin Caudron est en cours d’installation sur l’exploitation familiale où ses deux parents, en Gaec, partiront à la retraite dans un an. Il ne voulait pas passer à côté de l’opportunité d’installer une unité de micro méthanisation.

L’exploitation sur laquelle Corentin Caudron s’installe avec ses parents compte 115 vaches et les 100 ha de terres reçoivent un assolement varié : betterave, blé, lin textile, légumes (épinards et haricots verts), ou encore maïs ensilage. Mais la diversité sur l’exploitation va plus loin désormais. « Au départ, on avait 60 vaches, avec un bâtiment et une salle de traite qui arrivaient au bout. Notre première idée était de refaire un bâtiment avec un robot de traite pour 60 vaches, puis le doubler au moment de mon installation », se remémore Corentin. Et tout ça grâce à une unité de microméthanisation.

L’élevage saisit l’opportunité de la méthanisation

Entre-temps, le jeune homme entend parler des installations de microméthanisation. « J’en ai discuté avec mon père pour ne pas passer à côté de cette opportunité. Pour être rentable, il fallait un troupeau de 120 ou 140 vaches. Moi j’étais en Terminale. Il me restait trois ans d’études et on a donc décidé de faire tout de suite un bâtiment pour 120 laitières. Nous avons aussi construit l’unité de microméthanisation en même temps, avec Bioelectric », ajoute Corentin Caudron. L’unité avec son moteur de 33 kW se mettra en route en janvier 2023. Sur la première année, avec une centaine de vaches, les agriculteurs ont atteint 70 à 75 % du potentiel. Cette année, ils sont plus à 80 % et Corentin espère arriver aux 90/95 % lorsque son troupeau aura atteint les 120 vaches.

23 centimes par kilowattheure

L’exploitation agricole vend l’intégralité de sa production d’électricité à EDF. « Avec la prime d’effluent d’élevage, qui est à un peu plus de cinq centimes, et le prix de base à dix-huit centimes depuis février, ça nous fait un tarif d’environ 0,23 €/kWh », détaille le jeune éleveur. Sur la partie chaleur, la valorisation est un projet en cours. L’idée est de chauffer l’eau de lavage des robots et du tank. Par ailleurs, « nous avons commencé à mettre en place des tuyaux calorifugés pour chauffer, pendant l’hiver, la maison qui se trouve à 80 m. »

La microméthanisation s’intègre avantageusement sur l’élevage

Satisfait par l’installation, sa fiabilité, Corentin estime passer entre dix et quinze minutes par jour sur l’unité de production d’énergie. Il détaille : « Tous les matins, je fais un petit tour de l’installation. Ce que j’apprécie aussi avec l’application sur mon téléphone, c’est de pouvoir surveiller la production de gaz, la température des moteurs… » L’entretien, lui, a lieu toutes les 800 heures, avec vidange et changement de bougies. « À deux ça nous prend trois quarts d’heure. »

Enfin, le digestat liquide (qu’il a fait analyser) présente au mètre cube : 4 unités d’azote, 1,2 de phosphore et un peu plus de 2 de potasse. Gros avantage par rapport au lisier : « Depuis qu’on est passé avec le digestat il n’y a plus d’odeurs. » Au niveau sociétal, c’est appréciable. Corentin Caudron souligne d’ailleurs que ses voisins lui ont fait la remarque. Il conclut : « Niveau rentabilité, on ne fait pas fortune mais ça reste un plus appréciable et je pense que c’est un atout dans la démarche bas carbone que les laiteries mettent en avant. »

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