Dans le monde de l’entreprise, les performances économiques réalisées par le secteur de la méthanisation à caractère agricole pourraient faire pâlir d’envie nombre d’entrepreneurs. « En effet, seuls 8 % des entreprises interrogées affichent des résultats déficitaires. Il s’agit d’unités de cogénération ou d’unités d’injection de petite taille (inférieures à 80 Nm3) », révèle l’étude intitulée : « Les retombées économiques des valorisations agricoles non alimentaires pour les exploitations agricoles », publiée par FranceAgriMer. Les agriculteurs méthaniseurs sont en effet satisfaits ou très satisfaits des performances économiques de leurs unités de méthanisation : 79 % des exploitants en cogénération et 89 % en injection. Au 31 décembre 2021, on dénombrait 623 unités en cogénération avec 1120 exploitations agricoles associées. En parallèle, 248 unités en injection étaient recensées, associant 970 exploitations agricoles.
Trois bémols aux performances économiques de la méthanisation
Trois bémols tempèrent toutefois cet optimisme sur les performances économiques de la méthanisation.
- L’inflation observée en 2022. Cela s’est traduit par une hausse des coûts des substrats d’environ 20 %. Et de 50 % du prix de l’électricité.
- Les subventions ont tendance à fléchir depuis 2019.
- Inversement, le montant des coûts de construction augmente.
« Néanmoins, les tarifs de rachat du gaz et de l’électricité, même s’ils sont contractualisés, sont indexés », indiquent les auteurs de l’étude.
Investissements : 1,6 million en cogénération et 4,5 millions en injection
Les coûts de construction constituent l’essentiel des charges financières d’après l’étude. Les banques sont frileuses lorsque des exploitations qui veulent s’engager dans cette voie n’ont pas d’assise financière suffisante.
« Les apports en fonds propres demandés sont de l’ordre de 20 à 30 % du montant. »
Pour de tels investissements, les projets regroupent généralement plusieurs associés. La redistribution des résultats étant calculée le plus souvent en fonction de la répartition du capital.
96 000 € de marge en cogénération
En cogénération, le temps de retour sur investissement s’élève à 10,2 années, d’après les auteurs de l’étude. Les marges dégagées par les unités de méthanisation en cogénération sont un peu plus faibles en moyenne.
« La marge d’une unité de méthanisation en cogénération atteint 96 000 €. » Mais cette moyenne cache de fortes différences entre exploitants. Certains affichant des marges négatives (-200 000 €) et d’autres des résultats exceptionnels (jusqu’à plus de 500 000 € de marge). La marge annuelle d’une unité de cogénération correspond en moyenne à 5,1 % de l’investissement initial.
Performances économiques de la méthanisation : 397 000 € de marge en injection
Le temps de retour sur investissement en injection s’élève à 8,8 années.
Les unités de taille moyenne génèrent la moins bonne marge. En moyenne, la marge économique par unité de méthanisation en injection est de 397 000 €. Mais là aussi, de profondes disparités existent. La fourchette va de –139 000 € pour les unités les moins performantes à +988 000 €, pour les plus performantes.
« La marge annuelle d’une unité d’injection correspond en moyenne à 9,5 % de l’investissement initial, ce qui permet aux unités d’injection d’afficher un meilleur retour sur investissement que les unités en cogénération. »
Enfin, l’augmentation des prix de l’électricité poussent les agriculteurs à réfléchir à l’autonomie énergétique de leurs unités de méthanisation. Une des solutions envisagées est l’installation de panneaux photovoltaïques sur le site. D’autre part, une fraction des méthaniseurs sont sollicités par des collectivité territoriales ou GRDF pour produire du gaz naturel pour véhicule (GNV).
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