Le camion atelier présente l’avantage de réaliser l’entretien du matériel sur le site même de l’exploitation. Pour la cuma de Chemillé-sur-Indrois, en Indre-et-Loire, la stratégie était de faire vieillir le matériel. Comme c’est le cas pour de nombreuses cuma, l’entretien était donc réalisé par les adhérents et par les concessionnaires.
Saisir l’opportunité de lancer l’activité camion atelier
La création d’une activité d’entretien et de réparation itinérante des matériels est venue, en 2001, d’une opportunité. Un salarié expérimenté d’une concession a fait le choix de changer de trajectoire. Connaissant bien le secteur, il a identifié les besoins en entretien du matériel dans différentes exploitations, dont la cuma de Chemillé. Son objectif : travailler comme mécanicien itinérant tout en ayant un seul employeur. La cuma a donc sauté sur cette occasion. Un groupement d’employeurs a donc été créé. La cuma ainsi qu’une dizaine d’exploitations y adhéraient.
S’appuyer sur les adhérents
À l’époque, 3 000 € sont investis au départ dans un camion utilitaire d’occasion et 4 000 € dans un pack d’outillage de base. « L’équipement du camion atelier ne comporte pas de poste à souder ou encore de groupe électrogène, indique Sylvain Baisson, trésorier du groupement d’employeurs et président de la cuma. Pour les réparations et l’entretien, les différents adhérents mettent à disposition du salarié leur propre atelier avec les outils. » La mécanique itinérante pratiquée sans abri donne des conditions de travail difficiles. « C’est quelque chose qu’il faut prendre en considération et qui entre en compte pour fidéliser le salarié », précise-t-il.
Le groupe réfléchit d’ailleurs à la construction d’un bâtiment avec atelier. « Ce qui ne veut pas dire que l’activité camion atelier s’arrêtera », prévient Sylvain Baisson.
Fixer des priorités
Si au début de l’activité, les priorités portent sur l’entretien des matériels, des évolutions ont ensuite lieu. « Les priorités sont sur les pannes lors des chantiers de récolte ou encore les pannes sur la voie publique. Récemment, nous avons aussi fait passer l’activité pulvérisation dans les priorités », observe le président. Concrètement, cela veut dire que le salarié doit arrêter son travail en cours lorsqu’une panne concerne une de ces priorités.
Cultiver les conditions de la réussite
Parmi les conditions de réussite de l’activité, il y a bien sûr le salaire. « Dans notre cas, le salarié touche 30 000 € bruts par an. C’est aujourd’hui le prix à payer si on veut de la compétence, insiste-t-il. Aujourd’hui, il n’y a pas une concession qui ne cherche pas un mécanicien. Il y a même des panneaux sur la route. » Une autre condition de la réussite est d’avoir un salarié qui soit capable de gérer un emploi du temps. « Lors de l’entretien d’embauche, il faut bien appuyer, en plus des qualifications, sur le fait qu’il sera très autonome, même s’il est toujours encadré par un responsable. »
50 % moins cher qu’en concession
L’activité concerne aujourd’hui deux cuma et une dizaine d’exploitations. Le salarié passe 80 % de son temps sur des opérations de mécanique générale. Le reste du temps est consacré à la conduite pour certains chantiers chez les adhérents. Avec un camion équipé qui est amorti, le tarif pratiqué est de 33 €/h.
Le choix d’un véritable atelier roulant
Autre fonctionnement avec la cuma de Massigné, en Loire-Atlantique. Cette dernière, en dormance, a été reprise en 1997 par une quinzaine d’adhérents. Elle n’a qu’une seule activité : le camion atelier. Comme dans l’exemple précédent, la cuma est partie sur un utilitaire d’occasion et un pack d’outillage. « On a ensuite vu plus grand, révèle Guy Bernardeau, premier président de la cuma. Nous avons fait le choix d’un camion de 12 tonnes avec tout l’équipement d’un véritable atelier comme un groupe électrogène, poste à souder, compresseur, chalumeau… »
Un tarif justifié
Avec maintenant une quarantaine d’adhérents, le camion atelier intervient sur l’ensemble du département. Le tarif est fixé à 47 €/h. Un prix qui semble élevé mais que justifie Benoit Lopes, nouveau président de la cuma. « La cuma n’a qu’une seule activité, ce qui fait que les frais fixes ne sont pas dilués. En plus, les adhérents sont répartis sur l’ensemble du département. Même s’il y a des frais de déplacements de 25 €, le temps passé sur la route est important. Il faut compter aussi les services d’une secrétaire partagée qui s’occupe des bons de travaux et de la facturation. Ne pas oublier non plus les tenues de travail, qui sont nettoyées par une entreprise chaque semaine. Tout cela justifie un tarif qui reste en moyenne 25 % moins cher qu’en concession. »
On ne pourrait plus s’en passer
En Vendée, la cuma de la Genote possède un camion atelier dont l’activité a débuté en 2010. « À l’origine, un groupement d’employeurs réunissant sept cuma portait l’activité. « Au fil des années, certaines ont fusionné et la cuma de la Genote a repris l’activité, résume Fabrice Guillet, adhérent de la cuma et responsable du salarié. La réussite de l’activité, c’est déjà le salarié mais aussi l’attitude des adhérents ainsi que le responsable. Ce dernier fait office de tampon entre le salarié et les adhérents. C’est en effet lui qui doit gérer et désamorcer les problèmes sans traîner, même s’ils sont peu nombreux car on se connaît tous depuis longtemps. »
Le camion atelier occupe 80 % du temps du salarié. Il consacre les 20 % restants à la conduite du matériel de récolte, notamment. Le tarif pratiqué par la cuma est de 37 €/h. « C’est une activité dont on ne pourrait plus se passer, reconnaît . En plus du tarif attractif, il y a plus de réactivité en cas de pannes. Les matériels sont toujours prêts et cela évite le déplacement des machines sur la route. Mais cela n’empêche pas les adhérents de ramener les outils propres et graissés. Il y a aussi un rôle important pour les responsables de matériels qui doivent signaler les pannes ou programmer l’entretien avec le salarié. »
La réussite passe aussi par la préparation
Pour la mise en place d’une activité camion atelier, une préparation est indispensable. Pour la réussir, la cuma doit :
- Estimer ses besoins.
- Définir les opérations réalisées par le salarié et fixer les priorités.
- Avoir un volume d’heures d’utilisation du salarié suffisant garanti par des engagements. Généralement, une embauche est envisagée à partir de 1 200 heures d’engagement. Il faut compter une centaine de matériels pour occuper un mécanicien à plein temps.
- Compléter son règlement intérieur pour préciser quel entretien reste à la charge des adhérents utilisateurs des matériels.
- Désigner un adhérent responsable qui jouera le rôle d’interface entre le salarié et les adhérents.
- Solliciter bien sûr l’accompagnement du réseau cuma
Aussi pour préparer l’embauche du salarié, la cuma doit :
- Définir précisément la fiche de poste du salarié avec les compétences nécessaires pour le travail demandé.
- Organiser les entretiens d’embauche en préparant les questions à poser et les informations à transmettre.
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