Le besoin de compétences en mécanique générale agricole pour l’entretien et la réparation des matériels est une préoccupation qui revient régulièrement au fil des années. Quand les cuma embauchent un chauffeur salarié, ce dernier se voit aussi confier l’entretien courant du matériel. D’autres cuma, qui possèdent un bâtiment, ont la possibilité d’embaucher un mécanicien car elles disposent d’un atelier ou ont plus de facilité pour en créer un. À celles ne disposant pas de salarié ni de bâtiment, la solution du camion atelier peut apporter une réponse, même si elle reste un mode de fonctionnement atypique.
Plusieurs tentatives, mais peu de passages à l’acte
Le projet de camion atelier est un sujet qui est revenu sur la table de nombreuses fois ces dernières années. Plusieurs fédérations se sont penchées sur le problème sans pour autant arriver à mettre sur pied cette activité. Les différentes réunions réalisées ont permis de mettre en avant les différentes motivations des cuma pour se lancer dans un tel projet :
- L’absence de mécaniciens sur le secteur et/ou l’anticipation du départ en retraite du mécanicien du village dont l’activité ne sera pas reprise.
- Le manque de temps de certains garages parfois dépassés par les travaux et donc moins réactifs.
- Le manque de temps et/ou de compétence des adhérents ou responsables matériels pour effectuer certaines réparations.
- Le coût de la main-d’œuvre chez les mécaniciens spécialisés autour de 60 €/h ou plus.
- La réduction des coûts de mécanisation de la cuma.
- Être réactif en cas de problème sur un chantier.
- Éviter les accidents liés à des défauts d’entretien.
- Faire durer le matériel et avoir une meilleure revente lors d’un renouvellement.
- Diminuer le temps passé sur les routes pour se rendre chez le réparateur.
- Avoir un service régulier pour l’entretien des matériels de la cuma en morte-saison.
- La disponibilité d’une personne compétente et réactive pour effectuer des petites réparations dans les périodes de travaux comme la récolte.
- La possibilité de travailler en intercuma pour ne pas porter le projet seul et diluer les charges.
Camion atelier : à voir comme une base de départ pour l’entretien des matériels
Animatrice à la frcuma Centre-Val de Loire, Sylvie Lhéritier suit des cuma ayant mis en place un service d’atelier itinérant. « Avec l’expérience, le service de camion atelier doit être vu comme un tremplin en vue de la construction future d’un atelier hébergé dans un bâtiment. » En effet, dans le contexte actuel avec la difficulté aujourd’hui de trouver des salariés, la solution du camion atelier doit être une étape vers la mise en place d’un atelier fixe, hébergé dans un bâtiment. « Les conditions de travail avec une activité camion atelier sont difficiles. Il faut donner la perspective au salarié d’une évolution de ses conditions de travail. Quand l’activité itinérante perdure, on prend le risque de voir le salarié partir. » On perd ainsi toutes les compétences acquises, la connaissance du territoire, des adhérents et du suivi du matériel.