Kubota développe un tracteur M7 autonome

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Kubota développe un tracteur M7 autonome

Tours de pistes sans fautes pour le développement de tracteur M7 autonome en démonstration ce mois d'octobre 2024 en Espagne.

Le tractoriste Kubota ne s’interdit aucun développement en termes de robotique agricole. Il s’appuie notamment sur l’expertise d’Agreenculture pour rendre son M7 autonome.

“Surprise party” pour les concessionnaires européens ! Réunis par Kubota à Salou ces 23 et 24 octobre 2024 pour fêter ses 50 ans, la marque avait réservé une surprise sur les développements robotiques agricoles. Oubliez, ou mettez entre parenthèses, l’Agri Robo ou le X Tractor, place au tracteur autonome de Kubota, le M7 ! Cette troisième voie est explorée avec un grand sérieux. De l’aveu même des dirigeants mondiaux présents pour l’occasion, MM Kamada et Suzuki, la robotisation des tâches à fortes valeurs ajoutées et répétitives est un enjeu et une priorité dans le développement. Le constat de Kubota : les difficultés de recrutement en main d’œuvre qualifiée pour conduire un tracteur sont générales. Mais il faut dire aussi que face à lui, tous les grands groupes tractoristes concurrents s’organisent pour trouver une ou des solutions d’autonomisation et de robotisation.

Un tracteur et un robot autonomes entrent dans la danse

La démonstration est impressionnante. Certes sur du béton, mais quand même. En effet, ce 24 octobre 2024, Kubota et Agreenculture font simuler des travaux par le M7-174 Premium KVT autonome équipé d’une herse rotative PH3401 à châssis fixe de 4 m de large et le robot KFast en pulvérisation. Les deux ensembles évoluent à seulement quelques mètres l’un de l’autre. Le plus : une séquence de bout de champ pour la herse rotative et une coupure des buses du pulvé en l’absence d’oliviers. Les technologies semblent prêtes. Et les fabricants ne sont pas peu fiers.

La particularité du tracteur autonome de Kubota, le M7, c’est son équipement électronique situé sur le toit de cabine. Développé par Agreenculture, il s’agit de 4 caméras qui servent à la visualisation et au redémarrage à distance par un opérateur, à l’aide d’une télécommande. Une double antenne est installée pour l’information de position en RTK, pour l’information du cap, également du dévers, avec une redondance pour une question de sécurité. Tout est entièrement développé par Agreenculture. Il s’agit d’ailleurs de la même technologie sur les très récents robots viticoles Pellenc RX20, sur le robot Karl de Kuhn et sur le robot de pulvérisation KFast. La Start-Up creuse son sillon dans l’équipement robotique et autonome des constructeurs de machines agricoles.

Tracteur autonome de Kubota : les radars en embuscade

En termes de sécurité, deux lidars sont installés à l’avant du tracteur, sur les montants droits et gauche de cabine, sous les feux clignotants et de travail. Ils balaient l’environnement sur un angle de 90 degrés à la verticale du sol et 180° chacun latéralement. “Le lidar est le meilleur compromis technologique aujourd’hui, partage Christophe Aubé, président d’Agreenculture et qui a fait le déplacement à Salou. On travaille sur les radars qui seront meilleurs pour retirer les couches de poussière de leur analyse, ainsi que la pluie ou même des feuilles. Beaucoup de travaux vont dans ce sens”.

Toit de cabine du M7 autonome développé par Agreenculture

L’équipement électronique apposé sur le toit de cabine du M7 pour le rendre autonome est du « plug and play ». Agreenculture a développé ce guidage pour qu’il soit le plus simple possible.

Petit détail, il n’y a pas encore de Lidar pour balayer l’environnement à l’arrière de la cabine. La marche arrière est proscrite. “Mais on va les intégrer pour tester ce que cela peut donner”, précise Christophe Aubé. Après tout, le début du partenariat avec Kubota ne date que de seulement 3 mois sur ce M7.

Le TIM comme préalable indispensable

Mais pourquoi donc cet équipement du M7 avec cette solution Agreenculture ? Kubota a avancé dans le développement des fonctions de Tractor implement management, ou TIM. Cette électronique produit une quantité importante d’informations sur le fonctionnement des organes du tracteur. Et Agreenculture utilise ces informations pour rendre le tracteur M7 autonome. Cela permet aussi de disposer de toutes les commandes du tracteur à distance. Le réglage du tracteur et de l’outil se réalisent ainsi au smartphone ou à la tablette, associé à une télécommande pour le démarrage.

Les travaux visés sont nombreux. Kubota veut un package complet. L’autonomie est même envisagée sur un chantier de presse à balle ronde. L’objectif : que le M7 suive un andain formé au GPS. Il faut dire que tous les constructeurs fournissent de gros efforts financiers au travers de financements R&D pour proposer rapidement un tracteur autonome fiable et opérationnel. Certains, plutôt prêts, feraient même un lobbying très intense auprès des instances européennes pour éclaircir les droits d’usage.

Un tracteur autonome à tout prix

Mais faut-il aller plus vite que la musique ? Des limites au modèle du tracteur autonome persistent. D’abord, quel prix un agriculteur est-il prêt à mettre dans un tracteur autonome, voire une flotte de ces engins ? De son côté, Kubota l’a dit et répété durant les deux jours de célébration de ses 50 ans en Europe devant ses concessionnaires : il veut une accessibilité du prix. On ne connaît pas encore le coût du M7 autonome. Mais des fournisseurs comme Agreenculture auront besoin de marger pour continuer la R&D qui leur est en quelque sorte déléguée.

Autre grande question, et non des moindres, le ravitaillement : de l’aveu même d’Agreenculture lors de la démonstration ce 24 octobre, “l’usage nécessite de disposer de réserves en carburant, en intrants et en eau pour alimenter le tracteur autonome et les outils attelés”. Car “chercher à faire circuler un robot sur une voie publique, obtenir une autorisation de ce genre, c’est trop compliqué et trop long à obtenir”. Autrement dit, les acteurs de la robotique ne gaspilleraient plus leur énergie à essayer de convaincre ou de changer la réglementation.

Le salut de la robotique agricole serait alors à trouver dans un premier temps du côté des grands parcellaires et des parcelles regroupées et aux grandes fermes rémunératrices. En attendant une accessibilité pour les autres. À moins de s’organiser et de mutualiser.

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