« Avec mon associé, avec qui j’ai un assolement commun, nous avons découvert l’agriculture de conservation des sols (ACS) en 2014, raconte Guillaume Tupigny, président de la cuma de Matigny. Ce système de production se révélant plus difficile à réaliser pour la culture de la pomme de terre, nous avons testé différentes pratiques pour parvenir à trouver des itinéraires types. Nous les adaptons ensuite selon les conditions pédoclimatiques de l’année. »
Chercher l’expérience ailleurs que chez soi
Pour améliorer leurs connaissances en ACS, Guillaume Tupigny et son associé n’ont pas hésité à se donner tous les moyens pour y parvenir : formation de sept jours sur l’agriculture régénérative, visites de fermes à l’étranger pour s’imprégner de leurs expériences, etc.
« Nous sommes conscients que nous avons pu réaliser toutes ces expériences grâce à notre organisation en cuma. Par ailleurs, notre surface de pommes de terre de 200 hectares dilue la prise de risques, admet-il. Nous avons quasiment tout essayé : semoir à disques, strip-till, scalpeur, etc. Finalement, nous avons investi dans un semoir à dents. Car il s’adapte mieux à nos pratiques. »
Les deux agriculteurs conviennent avoir commis des erreurs dans certains de leurs choix techniques. Mais ils s’en sont inspiré pour apprendre et progresser.
Un sol structuré, ressuyé et réchauffé grâce au compostage de surface
« Grâce à la formation sur l’agriculture régénérative, nous avons développé nos connaissances techniques, indique Guillaume Tupigny. Nous avons découvert le compostage de surface qui permet d’implanter une culture comme la pomme de terre, dans un couvert vivant détruit seulement dix jours avant son installation. »
Le principe consiste à détruire le couvert végétal en un seul passage : broyage, application de ferments lactiques produits sur l’exploitation, et travail superficiel du sol (4-5 cm de profondeur) avec un rotovator. Avec cette technique, le couvert est conservé très tard. Le sol est mieux structuré, ressuyé et réchauffé.
« Le compostage de surface est un outil de plus pour détruire un couvert sans glyphosate, précise Guillaume Tupigny. La technique est efficace à condition qu’il y ait suffisamment d’oxygène, de température et d’humidité dans le sol pour activer la vie du sol et les bactéries lactiques apportées. »
L’agriculture de conservation des sols en pratique
Après sept ans de pratiques tous azimuts, Guillaume Tupigny et ses associés, Justin et Pierre, osent enfin proclamer qu’ils pratiquent l’agriculture de conservation des sols. « Nous avons trouvé les outils qui nous conviennent, explique-t-il. Les résultats de notre travail s’observent dans les profils de sol que nous réalisons régulièrement avec le télescopique. Les effets sur la structure du sol sont visibles, fiables et notre taux de matière organique a augmenté. » Une manière pour ces agriculteurs, de mieux vivre les périodes sèches qui sont de plus en plus fréquentes.
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