Au beau milieu des champs de maïs alsaciens, irrigués avec des pivots, un drone survole une parcelle de soja. Ça ne relève pas de la science-fiction, c’est bien la réalité de l’agriculture en 2023. Certains agriculteurs ont choisi de diversifier leur assolement en y intégrant quelques hectares de soja suite à l’implantation d’une filière à destination de l’alimentation humaine. Le drone dans les airs, c’est aussi une nouvelle manière d’implanter les couverts d’intercultures.
Semis de couverts avec un drone pour intervenir au bon moment
« Grâce au drone, nous pouvons intervenir dans les parcelles au moment le plus opportun, annonce Arnaud Sohler, pilote du drone qui a semé plus de 150 hectares cette année. Sur une parcelle de soja, on tente de semer les couverts avant la sénescence de la plante et avant le dernier tour d’eau. Celle-ci va venir plaquer les graines au sol et les aider à germer. » À ce moment-là, impossible d’intervenir dans la parcelle avec un tracteur, au risque de tout démolir car la culture est encore trop dense.
« Les feuilles de soja jaunissent et se recroquevillent, laissant de la place à la lumière et permettant le développement des semences, explique Pierrick Utard, conseiller à AB2F conseil. Comme la plante est en fin de cycle, il n’y a pas de concurrence. » Les deux agronomes ont d’ailleurs suivi quelques essais pour déterminer l’intérêt d’une telle méthode.
Deux fois plus de biomasse
« Globalement, la biomasse est deux fois plus élevée avec cette technique, poursuit-il. Si l’agriculteur avait semé ses couverts après la récolte du soja au déchaumage, les semences n’auraient pas pu profiter du dernier tour d’eau. Leur levée aurait été aléatoire. Tout comme leur production. »
Si sur le soja, il semble aisé de déterminer le moment du semis, en maïs ce n’est pas le cas. La phase de sénescence est déjà moins facile à déterminer car les variétés et dates de semis varient beaucoup. De plus, selon les prévisions de pluies et les dates de récolte, les moments opportuns diffèrent. C’est pourquoi les surfaces à semer cette année sont encore indéfinies.
Même granulométrie
« Le passage du drone permet d’être assez réactif et d’implanter dans les meilleures conditions mais ce n’est pas un objet magique », tient à rappeler Arnaud Sohler. D’autant que le choix des espèces est un peu restreint. « Les semences doivent être de taille identiques pour éviter un tri densimétrique réalisé par le semoir du drone, insiste-t-il. Cela garantit l’homogénéité de l’épandage. »
Là encore, les deux agronomes ont dû réaliser plusieurs tests de mélanges pour définir lequel est le plus efficace. Celui retenu est composé de trèfles d’Alexandrie et incarnat, de moutarde et de radis chinois. « On voulait y ajouter de la phacélie, mais elle s’est révélée trop photosensible », illustre Pierrick Utard.
Selon la densité de semis, le prix de la prestation va évoluer. Pour le semis d’un tel mélange, à 10 kg/ha, ce qui est préconisé par la société AB2F, il faut tabler sur 70 à 100 €/ha. « Il faut compter un débit d’1 ha/vol de 4 min, estime Arnaud Sohler. Nous sommes limités par le chargement du drone à 25 kg. Si on compte les batteries et le drone, on atteint déjà les 15 kg. » Ce sont donc les arrêts au stand, pour remplissage, qui demandent le plus de temps.
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