Dans l’optique d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations françaises, le plan Cap protéines, lancé par le gouvernement ambitionne d’atteindre les 250 000 hectares de soja d’ici 2025. Et 300 000 hectares en 2030. Un objectif ambitieux qui demande de développer la culture dans de nombreuses zones. « Globalement, il faudrait doubler les surfaces consacrées au soja d’ici deux ans pour respecter les objectifs », estime Thomas Mear, ingénieur développement en Bretagne et Pays de la Loire chez Terres Inovia.
Introduire du soja
Dans la zone du Grand Ouest, la culture de soja est plutôt bien répandue. La forte demande des élevages la booste. « Nous avons, grâce à notre outil Systerre, simulé l’introduction de soja dans les rotations d’exploitations types du Grand Ouest, explique l’ingénieur. Nous nous inspirons d’un itinéraire cultural validé par plusieurs années de tests dans la Sarthe entre 2018 et 2020. » L’étude tient compte des données économiques (prix de vente, cotisations, salaires, PAC), structurelles (parcellaires, main-d’œuvre et matériel) et techniques.
Quatre exploitations représentatives ont donc vu leur rotation évoluer. Pour la première, en polyculture élevage sans irrigation, deux scénarios ont été retenus: maïs-blé-soja et maïs-soja-blé-prairie temporaire de trois ans. « Dans les deux cas, les résultats montrent une dégradation de la performance économique de l’exploitation, annonce Thomas Mear. Malgré une réduction d’apport d’azote, les marges brutes, nettes et produits ne suffisent pas. »
Du positif quand même
En revanche, d’un point de vue sociétal, les temps de travail sont réduits et le nombre de passages également. Au niveau environnemental, aussi, les résultats sont encourageants: diminution des émissions de gaz à effet de serre, réduction des indices de fréquences de traitements, bilan azoté positif.
On observe également cette tendance dans les trois autres types d’exploitations que sont les polycultures irriguées ou non avec un élevage de monogastriques et une autre consacrée aux grandes cultures. Un résultat qui démontre qu’actuellement, le potentiel de production du soja est plus ou moins atteint dans la région. « Le soja n’est pas assez rentable face aux cultures de céréales, par exemple, pour inciter les agriculteurs à en implanter, regrette l’ingénieur. Il manque quelques quintaux ou environ 150 €/t pour que l’équilibre économique soit atteint. »
Une culture exigeante techniquement
La maîtrise de certains points techniques conditionne l’augmentation des rendements. L’inoculation des semences est un point primordial qui peut faire chuter les rendements lorsqu’elle n’est pas bien réalisée. « Le peuplement, avec une levée homogène et une dose bien calculée sont sources de rendement, précise Thomas Mear. L’enherbement est un fléau car peu de solutions de rattrapage sont efficaces, et cela joue sur la croissance de la plante. »
Sans compter l’accès à la ressource en eau, qui est discutée mais qui assure la qualité du grain. À défaut, il faudra choisir des parcelles qui ont des réserves utiles importantes. Toutefois, l’ingénieur le reconnaît, « avec le changement climatique, la culture du soja peut encore se développer mais dans de nouvelles zones où les terres se réchaufferont plus rapidement et où les précipitations seront suffisantes ».
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