Les utilisations de drone en pulvérisation et autres activité agricoles font désormais partie du paysage. En outre, ils servent à disperser de manière régulière les capsules de trichogrammes dans les parcelles de maïs contre la pyrale en biocontrôle.
De nombreuses démonstrations se sont déroulées l’année dernière dans le réseau cuma. L’objectif: démontrer la capacité de ces petits aéronefs téléguidés à semer des couverts dans des parcelles sur pied. Objectifs? Une implantation « à la fraîche », plus efficace, sans tassement et libérant les agriculteurs à un moment bienvenu.
La pulvérisation ciblée fait aussi partie des fortes demandes enregistrées chez le Bordelais Reflet du monde. Ce dernier conçoit et vend des drones en fonction de ses clients. Il propose également des prestations et la formation des pilotes.
Utilisations de drone: attention à la réglementation
«La pulvérisation est une activité très encadrée par la réglementation, précise Lilian Marolleau, cogérant de Reflet du monde. Avec des drones, nous pouvons seulement appliquer des produits biocides, pas phytosanitaires.»
Concrètement, les opérateurs de drones sont autorisés à appliquer des produits contre les nuisibles (frelons, chenilles processionnaires, moustiques…), sous forme liquide ou en granules, à condition qu’ils ne soient pas appliqués directement sur des plantes vivantes. Avec une exception: lorsque les pentes sont supérieures à 30%.
Ce qui laisse des possibilités à développer. Voici une revue (non exhaustive) des usages qui sont en train de se développer, chez Reflet du monde, d’autres entreprises et dans les instituts techniques, pouvant concerner les filières périgourdines.
Noyers et châtaigniers: pose d’anneaux de phéromones
Les drones offrent aujourd’hui la capacité de déposer des anneaux de phéromones à la cime des fruitiers, à distance suffisante pour constituer un maillage dans la canopée. Cela peut par exemple concerner des noyers ou les châtaigniers, pour lutter contre le carpocapse. La solution de dépose par drone, conçue dès 2017 par Invenio*, permet de poser les anneaux supports de phéromones GinkgoRing, fournis par SumiAgro.
Reflet du monde y travaille également en adaptant son drone RDM AG. Un modèle capable de transporter une vingtaine d’anneaux de 80cm de diamètre. Tout comme le Lyonnais Agri-Builders avec son PheroDrone. Ces prestations, en développement, sont pour le moment réservées à des productions à valeur ajoutée ou à des endroits difficiles d’accès.
*Invenio, réseau de stations d’expérimentation des producteurs de fruits et légumes de Nouvelle-Aquitaine.
Fraises: blanchiment et déblanchiment des serres
Le blanchiment des serres, destiné à contenir la hausse des températures qui endommage les cultures sous abris (et dégrade les conditions de travail), se développe à grande vitesse ces dernières années. Il permet en moyenne d’abaisser la température sous abri de 5°C.
Les produits peuvent être appliqués manuellement, par hélicoptère mais aussi par drone. «C’est un usage que nous développons, confirme Lilian Marolleau. Les serres sont adaptées à ce procédé car les surfaces sont régulières, peu accidentées.» Et les drones permettent une application de précision, plus uniforme qu’avec un hélicoptère par exemple. Par la suite, l’entreprise propose la prestation de déblanchiment par la suite, en fin de campagne.
Utilisations de drone en grandes cultures: neutralisation des adventices « en taches »
À l’image des technologies qui émergent sur le couple tracteur/rampe de pulvérisation, les concepteurs de drones se mobilisent sur la reconnaissance et le traitement très localisé des adventices. «On s’engage vers de la reconnaissance d’adventices de manière très précise, avec l’acquisition de cartographies multispectrales par les drones», précise Lilian Marolleau. Les demandes concernent pour le moment des espèces d’adventices qui poussent ‘en taches’ dans les parcelles, comme le chardon.
Ensuite, deux hypothèses:
- Soit le drone procède à une intervention mécanique, déployant une tige munie d’un sécateur pour sectionner l’inflorescence et l’empêcher de grainer.
- Soit il faut procéder à une pulvérisation localisée.
Toujours avec la même problématique: les drones ne sont pas homologués pour pulvériser des phytos.
«Mais, parfois, espère Lilian Marolleau, la technologie peut faire bouger le contexte.»
La pulvérisation localisée, sur une espèce comme le chardon, aboutirait à une utilisation de phytos de 80% à 90% inférieure aux doses standards, selon les calculs effectués par Arvalis. De quoi respecter les seuils ÉcoPhyto.
Viti: pulvérisation de précision en test
À l’Institut français de la vigne et du vin, se sont déroulées des expérimentations de pulvérisation de vignobles par drones très encadrées. Elles ont fait l’objet d’une dérogation qui a pris fin à l’automne 2021 et ne concernaient que certains vignobles implantés sur de fortes pentes, là où seuls des opérateurs à pied, munis de d’atomiseurs à dos, accédaient jusqu’à présent. Si les résultats sont au rendez-vous, cela permettra peut-être leur épargner ces tâches difficiles.
«Pour le moment, nous évaluons encore la faisabilité et l’efficacité du traitement phytosanitaire par drone, indique Xavier Delpuech. Nous n’en sommes pas encore à évaluer le ratio coût/bénéfice», explique-t-il. Même si, presse le chercheur, le poste ‘coûts’ sera conséquent, eu égard à l’équipement, la licence, la logistique liée aux recharges, à l’autonomie, etc. La technologie devrait s’appliquer essentiellement aux vignobles à forte valeur ajoutée.
Côté efficacité, des résultats commencent à émerger. En outre ils rejoignent ceux consignés par les équipes suisses, précurseurs en la matière. Une technologie fiable se dessine, en termes de qualité de vol, particulièrement confortable pour l’opérateur. En effet, ce dernier subit un degré d’exposition aux phytos bien moindre que les ouvriers viticoles équipés d’atomiseurs à dos.
A lire: La pulvérisation par drone est-elle efficace en viticulture?
Utilisations de drone en pulvérisation: vraiment efficace?
En revanche, les questions émergent plutôt du côté de la dérive et de l’efficacité de la pulvérisation. «Les drones se positionnent de 2,5 à 4m au-dessus de la vigne. Et le jet reste sensible à la dérive, précise Xavier Delpuech. Même si ce phénomène est sans commune mesure avec la dérive constatée lors de l’épandage par hélicoptère. Nous travaillons à mesurer l’efficacité de buses antidérives.»
Ensuite, même si les drones se positionnent bien en hauteur et dans le polygone de la parcelle dessiné par l’opérateur, les aéronefs ne suivent pas encore précisément les rangs de vignes. La pulvérisation peut donc intervenir non pas exactement au-dessus du rang de vigne, mais en décalé.
Enfin, les profils de mesures des quantités de bouillie reçues révèlent que c’est essentiellement la canopée et les feuilles de surface qui la reçoivent. Les feuilles du bas, les grappes et les compartiments intérieurs reçoivent des quantités assez faibles de bouillie. Même si, notent les chercheurs, le mode de conduite peut avoir un impact sur ce facteur. «On peut par exemple penser que l’efficacité de la pulvérisation sera meilleure dans les vignobles en gobelet», analyse Xavier Delpuech.
L’équipe souhaite approfondir cet aspect et envisage aussi de faire passer les appareils testés à une vitesse plus lente, pour faire davantage pénétrer la bouillie dans le feuillage de la vigne grâce au souffle de l’appareil. Cela demandera de trouver l’optimum entre soutien de la projection et risque de dérive.
Pulvérisation d’argile sur noyers?
L’argile s’utilise dans le cadre de la lutte biologique contre la mouche du brou. La fédération des cuma de Dordogne va s’engager dans un travail pour vérifier la faisabilité de l’application par drone.
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