Ne vous y méprenez pas, le G9 n’est pas un sommet entre neuf dirigeants politiques de neufs pays. Il s’agit simplement ici d’un groupe de neuf agriculteurs adhérents de la cuma du Moulin, basée à Hermaville dans le Pas-de-Calais, qui ont décidé il y a onze ans de mettre en commun leurs assolements.
Chacun a sa spécialité
Ensemble, ils travaillent comme si ce n’était qu’une seule exploitation. Les 850 hectares de grandes cultures, répartis dans un rayon de 10 km sont exploités par chacun des adhérents. « Cela a permis de résoudre une problématique liée à la main-d’œuvre, se souvient l’un d’eux, Hervé Boutin. Nous bénéficions également d’un matériel performant pour améliorer et rentabiliser les chantiers. »
Cette organisation a permis à la jeune génération de s’installer et de développer son exploitation. À l’image de Pierre Boutin, qui a rejoint l’exploitation familiale il y a quelques années en développant l’activité de poules pondeuses et en créant un atelier de production de fraises et de champignons.
Les membres du groupe peuvent ainsi s’appuyer sur les autres pour certaines tâches. L’un sème, l’autre traite, « c’est l’avantage d’un groupe, poursuit le jeune agriculteur. Nous sommes tous un peu spécialisés dans nos tâches mais cela permet d’aller plus vite ». Car avec le changement climatique, la météo n’est plus vraiment prévisible.
Cela demande un peu de temps pour s’organiser. Une fois par semaine, les exploitants se réunissent et expriment leurs besoins en matière de travaux dans les champs. Ensuite, les responsables de chaque activité organisent la semaine.
« Ça simplifie tout, reconnaît un membre du G9. On mutualise tous les coûts de mécanisation et on redistribue selon les surfaces de chacun… Le seul prérequis c’est de tout noter correctement. » Pour la répartition, le groupe a la chance de pouvoir s’appuyer sur un fanatique d’Excel, qui arrive à répartir les charges et ainsi facturer à la surface cultivée.
Mutualiser pour ne pas perdre
Outre la mise en commun des charges, c’est bien la solidarité qui motive ce groupe. Toujours dans le même but : améliorer les débits de chantiers. Pour un bon fonctionnement, les neuf agriculteurs ont instauré quelques règles, afin d’éviter les malentendus et désaccords. « Nous ne nous en sommes jamais servi mais c’est important qu’elles existent », souligne Pierre Boutin, président de la cuma du Moulin.
Lors de la moisson, si les fenêtres d’action sont trop restreintes, comme en 2021, par exemple, le G9 a décidé de s’octroyer le droit de battre quelques parcelles avec un taux d’humidité plus élevé afin de pouvoir avancer la récolte malgré tout. « Les frais de séchage seraient alors répartis entre nous tous, explique le président. Ce système a été créé afin de ne léser personne tout en poursuivant le chantier. » Autre exemple, pour la récolte du lin. « Lorsque la météo n’est pas favorable, il se peut que nous fassions appel à des presses extérieures, ajoute Pierre Boutin. Dans ce cas, nous avons prévu de mutualiser les frais supplémentaires. »
Assolements en commun
Plus que du travail en commun, c’est un état d’esprit. D’ailleurs, c’est un critère essentiel pour pouvoir adhérer à ce groupe. « Avec cet assolement en commun, on perd de l’autonomie, on doit faire des concessions, on est parfois face à une inertie de groupe, reconnaît le président. Mais c’est aussi une manière d’avoir du dynamisme, de se conseiller l’un l’autre et c’est aussi rassurant grâce à la force de frappe que nous avons. »
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