À l’est du département de la Vienne, à quelques lieues des premiers contreforts du Limousin, la cuma d’Adriers a fait le choix rapidement, après sa création en 1994, de s’équiper en charrues. Elle en possède trois actuellement. Pour chacune d’elles, un responsable est désigné. Toutes sont de la marque Kverneland, ce qui facilite la commande des pièces. La cuma dispose d’une quatre corps et d’une cinq corps toutes les deux portées, ainsi que d’une six corps semi-portée. Les trois charrues se dotent d’un système de largeur variable et de sécurités mécaniques non-stop.
Les chiffres clés de l’activité charrue de la cuma d’Adriers
Cette offre de charrues répond à la diversité des attentes de la dizaine d’adhérents engagés sur cette activité, explique Damien Berthomier, le trésorier de la cuma. Les demandes ne sont pas toujours les mêmes, en effet, en fonction de la taille des parcelles à labourer. Pour les champs exigus, la charrue quatre socs est appréciée. Alors que pour les plus vastes parcelles de 15 à 20 hectares, la charrue six corps générera des débits de chantiers avantageux, de l’ordre de deux hectares à l’heure.
Le choix du modèle de charrue quatre, cinq ou six corps, peut s’orienter aussi en fonction du type de sol, plus ou moins pentu, caillouteux ou argileux. Cela interfère sur la facilité de labour.
Les attentes divergent aussi en fonction de la disponibilité des tracteurs présents sur les exploitations : puissance disponible, largeur des voies ou capacité de relevage. « La charrue cinq corps est lourde, ajoute à ce propos Damien Berthomier, ce qui demande une capacité de levage suffisante. » Heureusement, la cuma d’Adriers peut mettre à disposition des adhérents qui le souhaitent l’un ou l’autre de ses deux tracteurs John Deere de 130 ch et 155 ch.
Enfin, certains adhérents se sentent moins à l’aise dans la prise en main de la charrue six corps, et jugeront les deux charrues portées plus maniables.
Coûts d’entretien très variables pour l’activité charrue
« Aujourd’hui, la cuma a fini de payer les trois charrues », indique Damien Berthomier, le trésorier. Mais même si les emprunts sont intégralement remboursés, les coûts d’entretien demeurent. De ce point de vue, les niveaux des charges annuelles d’entretien et de réparation évoluent beaucoup d’une année sur l’autre. 5 800 € de frais de réparation et d’entretien en 2022, contre 11 500 € en 2021. C’est la cuma qui procède elle-même au changement des pièces d’usure. Elle se fournit directement auprès de l’entreprise locale de mécanique agricole.
La variabilité des charges d’entretien et de réparation dépend de différents critères :
- Des surfaces labourées, évidemment, qui changent beaucoup d’une année sur l’autre (750 ha en 2021 contre 292 ha en 2022). Les agriculteurs choisiront en effet de labourer ou non en fonction de l’état d’enherbement de leurs parcelles ou bien de l’humidité des sols. Précisons que dans ce territoire à vocation d’élevage, le recours à la charrue est fréquent pour « casser » les prairies avant l’implantation des cultures.
- De la période de labour. « L’usure est plus accentuée accentué pour les labours d’été (juillet-septembre) en terrain très sec », observe Damien Berthomier. Si la cuma voulait faire du zèle, elle pourrait moduler la facturation de la charrue en fonction de la saisonnalité. En été où les chantiers sont davantage usants, le tarif appliqué serait plus cher en comparaison du printemps ou de l’automne. Mais cette démarche alourdirait la gestion de cette activité.
- Du soin apporté dans les réglages, le transport et l’entretien des charrues. Ainsi, la présence d’une roue de transport amovible sur la charrue cinq socs évite les effets de balancier sur route et freine les risques de casse. Mais tous les adhérents n’utilisent pas cette possibilité. En revanche, le fait d’avoir des charrues de largeur plus importante qu’avant, où la cuma avait seulement des quatre corps, a conduit les chauffeurs qui disposaient de tracteurs puissants à modérer leur vitesse de labour. Cela peut néanmoins atténuer un peu l’usure de ces outils.
Mieux maîtriser les coûts d’entretien
En complément du traditionnel carnet de bord qui équipe chaque outil, la cuma dispose désormais de compteur Karnott qu’elle installe sur ses outils. Un bon moyen de réaliser le décompte exact des surfaces labourées qui seront facturées aux adhérents. En 2022, le prix facturé pour l’activité charrue s’élève au tarif unique de 21 €/ha, dont 20 € pour les pièces d’usure. Les charrues étant amorties comptablement. Pour l’avenir, la cuma d’Adriers entend poursuivre cette activité. Elle essaiera d’être plus attentive à la maîtrise des frais d’entretien dans la perspective de continuer à intéresser suffisamment d’adhérents. Car ici, comme dans bien d’autres régions, le labour n’a pas dit son dernier mot…
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