Évaluation du coût d’un chantier de labour sur la base d’un sol moyen
Il s’agit là d’une hypothèse moyenne. En effet, un modèle de tracteur 130 ch peut suffire pour 5 corps en conditions faciles, tandis qu’il faut 180 ch et plus en terre lourde. Le débit de chantier estimé dans la parcelle se monte quant à lui à 1,2 ha/h. Enfin, nous considérons un coût de main-d’œuvre de 23 €/h. Une hypothèse optimiste qui ne tient pas compte des heures payées mais non facturables : préparation, déplacements, entretien, etc. Sur cette base, le chantier de labour coûte 61 €/ha, hors main-d’œuvre et déplacements. En intégrant le chauffeur, le coût total monte à 80 €/ha. Le carburant représente ici le premier poste (29 %), suivi de la main-d’œuvre (24 %), puis à égalité de la décote et du tracteur (17 %). Suivent l’entretien (10 %) et les frais financiers (3 %).
L’effet surface sur le coût du chantier de labour
Premier facteur étudié : la surface travaillée, qui dilue plus ou moins les charges fixes de la charrue. Un outil qui ne couvre que 100 ha/an au lieu des 150 imaginés, coûte 32,60 €/ha au lieu de 24 €/ha, soit 32 % de plus. Sur l’ensemble du chantier, traction et main-d’œuvre compris mais hors déplacements sur route, le surcoût s’élève encore de 11 %.
Cette situation peut se rencontrer dans les groupes petits ou pratiquant peu le labour, ayant des fenêtres de tir très courtes (tout au printemps, ou tout à l’automne), ou encore dans les régions à forte proportion de prairies (moins de potentiel de travail du sol). Dans l’autre sens, si la charrue peut travailler 200 ha/an, elle voit son coût de détention tomber à moins de 20 €/ha, soit 18 % de moins. Le coût total du chantier tombe quant à lui de 80 à 76 €/ha, soit 5 % de gagnés. C’est le cas de figure rencontré dans les cuma avec chauffeur salarié, et assolements diversifiés.
L’effet débit
Le débit de chantier joue lui aussi sur le coût final. Plus il est élevé et mieux on valorise les heures de traction et de conduite. Nous sommes partis d’une hypothèse de 1,2 ha/h. Imaginons que cette valeur tombe à 0,8 ha/h, parce que le parcellaire est défavorable, le labour profond et dressé, ou les pentes marquées. Le chantier coûte alors 108 €/ha au lieu de 80, soit 35 % de plus. Au contraire, le débit de chantier peut aussi grimper à 1,5 ha/h, parce que le parcellaire va bien, que le sol est facile et le labour peu profond et jeté. Dans ce cas, le chantier complet affiche 69 €/ha, 14 % de moins.
L’effet type de sol
Sur une charrue, les frais d’entretien se révèlent très liés au type de sol. Faute de références précises dans ce domaine, nous avons néanmoins effectué quelques simulations. Pour calculer le coût dans un sol facile, nous avons choisi le premier quartile de la base de données cuma, c’est-à-dire le niveau de frais d’entretien constaté séparant 25 % des charrues les moins coûteuses des autres. Il s’élève à 2,40 €/ha, contre 6,80 pour la moyenne. Ce sont donc a priori des machines qui évoluent en sol facile, mais également qui ne sont pas bousculées par une charge de travail énorme (vitesse modérée).
On peut supposer aussi qu’elles sont parmi les plus jeunes, ou encore d’une marque aux pièces d’usure moins chères. À l’opposé, pour simuler un sol usant, nous avons retenu le troisième quartile de notre échantillon. Autrement dit, le seuil qui sépare les 25 % les plus coûteuses en entretien, à savoir 15,20 €/ha. Il correspond à des charrues consommant beaucoup de pièces, d’un prix unitaire supérieur, mais également ayant subi des réparations et étant très sollicitées. Sur cette base, le labour en « sol facile », coûte 75,60 €/ha, 6 % de moins que la moyenne. À l’inverse, l’opération s’élève à 88,40 €/ha en « sol usant », soit 11 % de plus que la moyenne.
L’effet carburant
Dernière simulation : l’effet du prix du GNR. La valeur de 1,15 €/l retenue initialement correspond à la situation en novembre 2023. Nous avons chiffré l’effet d’un passage à 1,50 €/l, qui pourrait revenir sur ce qu’on a connu au cours des dernières années. Suite à cette hausse supposée du GNR de 30 %, le chantier avec notre tracteur de 150 ch prend alors 7 €/ha, passant de 61 à 68 €/ha hors main-d’œuvre. Soit une hausse de 11 %. Un jour, on chiffrera peut-être aussi le coût du labour en bilan CO2, mais c’est une autre histoire…
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