Le switchgrass trouve de plus en plus d’intérêt auprès d’éleveurs en manque de paille. Cette culture pérenne fait notamment l’objet d’un suivi en Corrèze par la chambre d’agriculture et la fdcuma.
Le switchgrass moins cher à implanter que le miscanthus
On associe souvent le miscanthus au switchgrass, dans ce créneau des cultures productrices de biomasse. Point commun : les deux se récoltent en fin d’hiver, quand la pousse annuelle dépérit puis se dessèche naturellement.
En comparaison, le miscanthus produit plus à l’hectare et offre de meilleures qualités d’absorption en litière. En revanche, il se révèle plus cher à implanter et plus sensible au manque d’eau. Il demande aussi du matériel de récolte plus coûteux, une ensileuse, sans compter le stockage en vrac.
Pour les litières, on peut aussi envisager les copeaux de bois. Là aussi, il faut pouvoir mobiliser des équipements de récolte spécialisés.
Des parcelles propres au départ
Maxime Lepeytre (fdcuma Corrèze) et Anne-Claire Jamet (chambre d’agriculture) ont récemment fait un état des lieux de la production du switchgrass. Il s’agit en fait du panic érigé, une graminée endémique d’Amérique du Nord, d’où son nom anglais.
Premier point : cette culture pérenne demande souvent de la surface en plus par rapport à l’assolement présent. En effet, l’éleveur produisant juste ce qu’il lui faut de grain pour ses animaux tout en manquant de paille n’a pas intérêt à remplacer des surfaces de céréales par du switchgrass. Il manquerait alors de grain. Hormis ces contraintes, cette culture convient mieux pour valoriser des parcelles éloignées, et de qualité moyenne, qui sont les plus coûteuses à exploiter dans le cadre d’une rotation classique. Il faut un pH entre 5,5 et 8, un sol qui laisse entrer les machines en fin d’hiver pour la récolte, et un historique de salissement pas trop chargé. En effet, le switchgrass craint la concurrence des adventices au cours des premiers mois.
Semer comme pour une prairie
Second aspect : l’implantation. Il existe plusieurs variétés sur le marché, les plus récentes étant les plus productives et les mieux adaptées aux différents créneaux recherchés (litière, abris pour le gibier, méthanisation, etc.). La plante a besoin de chaleur, 12 à 14°C. On la sème donc plus tard que le maïs, comme un sorgho. La semence, très petite, doit être recouverte mais à 1 cm de profondeur au maximum. Un roulage favorise ensuite la germination.
Après quoi, le switchgrass lève lentement, et il lui faut plus d’une saison pour exprimer son gros potentiel à couvrir le sol. D’où l’intérêt d’un terrain propre au départ et pas trop infesté. Par la suite, quelques solutions herbicides restent possibles. En tout cas, pour l’agriculteur, une bonne dose de patience s’impose.
À signaler : certains l’implantent en direct dans une vieille prairie, après un passage d’herbicide total.
Un sol ressuyé en fin d’hiver
La première vraie récolte intervient après deux ans de pousse. En fin d’hiver, on peut espérer que le sol sera suffisamment ressuyé, sachant que le matelas racinaire aide bien. À ce moment, la paille est bien sèche. D’autre part, la reprise de la végétation de la culture ne va pas tarder, évitant ainsi que les adventices en profitent. Bien que le switchgrass puisse atteindre 2,50 m de haut, il se fauche facilement car il est sec et assez cassant.
Pas besoin de matériels coûteux
Le matériel courant de l’exploitation ou de la cuma suffit. Soit c’est une faucheuse conditionneuse, et la reprise se fait en direct. Soit c’est une faucheuse à plat, et il faut andainer derrière. Pour le pressage, en rond ou en carré, pas de difficultés. Sauf que ce produit assez glissant ne se laisse pas serrer très fort en balles rondes. D’autre part, les tiges pouvant être assez longues, l’équipement de la presse avec un dispositif de coupe constitue un plus. Par ailleurs, il est également possible de l’ensiler en direct, à condition de disposer ensuite d’une solution de stockage en vrac.
Un rendement de 6 à 17 tMS/ha
Le rendement d’une culture de switchgrass en régime de croisière va de 6 à 17 tMS/ha, selon la variété et la qualité du sol. L’investissement dans la semence s’élève quant à lui à environ 800 €/ha. La fertilisation ne va pas très loin car les exportations sont très faibles. D’autre part, un excès d’azote mène vite à la verse. Selon les calculs de Maxime Lepeytre, un switchgrass fournissant 11 tMS/ha est compétitif sur 15 ans avec un triticale à 40 q/ha.
La société Seedénergies fait partie des fournisseurs de semence spécialisés dans cette espèce. Son directeur, Franck Fournier, prodigue volontiers ses conseils pour choisir la variété la mieux adaptée au contexte et optimiser la conduite de la culture. Il indique que certaines variétés de switchgrass peuvent aussi fournir un fourrage vert estival.
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