Quelles sont les missions de l’association ACMG ?
Jean-François Berthoumieu : Créée en 1959 en Lot-et-Garonne par des arboriculteurs pour lutter à l’origine contre le gel, l’association ACMG (Association climatologique de la moyenne Garonne) regroupe 240 adhérents. Elle se consacre depuis de nombreuses années à la gestion de l’eau et au changement climatique. Nous travaillons principalement sur la moyenne Garonne et Bordeaux.
Environ 30 % d’économies en stockant l’eau
Depuis vingt ans, nous avons créé une activité commerciale, qui vend nos compétences et nos moyens sur la gestion de l’irrigation. Nous avons développé des technologies qui mesurent à l’aide de sondes l’humidité dans les sols, de manière à piloter précisément l’irrigation. Cela génère des économies de l’ordre de 30 %.
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Cette activité s’est développée sur toute la France mais aussi à l’export. Une des solutions d’adaptation au changement climatique est de faire en sorte d’avoir des mesures fiables au niveau de l’échange sol/plante pour apporter juste l’eau nécessaire au végétal, et anticiper sur les besoins en eau des jours à venir, grâce à la prévision. Le but est d’éviter le gaspillage.
Les options pour stocker l’eau
Face à la multiplication des épisodes de gel, de tempêtes, la hausse des températures, outre la gestion précise de l’irrigation, quelles sont les options à envisager ?
J-F B : La hausse des températures semble inéluctable. Le climat du sud de l’Europe, on l’aura en Gironde et en Lot-et-Garonne d’ici une quinzaine d’années. On sait que des peuples vivent avec des températures plus élevées.
La première chose est de ralentir ce réchauffement climatique en utilisant moins d’énergies fossiles et en les remplaçant peu à peu par des énergies propres. L’hydrogène en est un exemple. J’estime que la ressource en eau va demeurer suffisante à l’avenir. La pluie continuera à tomber, parfois de façon trop abondante et pas au moment où l’on en aura le plus besoin. L’enjeu est de trouver le moyen que l’eau tombée une année N soit disponible l’année N + 1. Cela passe par le stockage de l’eau.
Jusqu’à 10 degrés de moins
J-F B : C’est aux agriculteurs, les premiers concernés par cette question, de s’emparer du sujet et de mener des travaux à partir de l’expérience de terrain. Un champ en production qui a de l’eau à disposition en été peut enregistrer jusqu’à 10 degrés de moins en température que celui qui serait resté sec et sans végétation.
Il faut conserver cette ressource dans des lacs, des nappes, le sous-sol, afin que les jours de canicule, qui vont être de plus en plus fréquents, l’on puisse mettre à disposition cette eau à travers des réseaux d’irrigation, des systèmes…
Ils feront en sorte que la campagne sera rafraîchie de plusieurs degrés. La ville pourra ainsi en profiter si elle devient moins minérale et à condition qu’elle accepte l’idée de stocker l’eau.
De nouvelles plantes ou variétés moins gourmandes en eau peuvent-elles représenter une solution ?
J-F B : Certainement, mais ces recherches ne font pas partie de notre domaine de compétences. Nos travaux consistent à faire en sorte que le sol puisse stocker davantage d’eau. Notre association préconise, par exemple, l’implantation des haies au sein des parcelles agricoles.
Celles-ci offrent de nombreux avantages : maintien de la biodiversité, ralentissement des eaux de ruissellement, brise froid et brise-vent permettant de lutter contre le gel.
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