Le prochain associé du Gaec sera un robot… beaucoup plus efficace que vous

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Le prochain associé du Gaec sera un robot… beaucoup plus efficace que vous

Bientôt un robot associé agriculteur... (© Softbankrobotics)

Associés au boom des technologies, des capteurs et des algorithmes, les robots pourraient seuls prendre des décisions pour réaliser des tâches du quotidien. Même si nous sommes bien loin de cette vision d’avenir, le développement des robots est bien réel.

«90% de l’énergie utilisée dans le secteur agricole au champ l’est pour réparer la compaction des sols», affirme Simon BLACKMORE professeur à l’université anglaise Harper Adams, spécialiste des questions de robotique agricole. Selon lui­­­­­­­­, «si nous n’abîmons pas la structure des sols, nous n’avons pas besoin de grosses machines». Les choses sont dites. Et c’est avec ce propos que l’édition 2017 du forum international de la robotique agricole a démarré fin novembre 2017, à Toulouse.

«Les robots trouvent leur sens dans les problèmes agro-écologiques: tassement des sols, précision dans le désherbage permis par des lasers, de la pulvérisation ultra-ciblée, ou encore des actions mécaniques», ajoute-t-il, tout en posant une question assez intéressante concernant les polémiques autour du glyphosate: «Pourquoi ne pas interdire les machines qui pulvérisent mal et aux mauvaises endroits?» Prendre le problème à l’envers. Selon lui, l’avenir est aux machines électriques légères dont le nombre peut être démultiplié pour assurer les besoins de l’exploitation. Certains constructeurs de machines agricoles ont déjà imaginé et présenté des concepts de ce type comme récemment, Fendt avec son projet Mars.

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Révolution réelle en cours

Au-delà des concepts, les robots deviennent aujourd’hui une réalité. Dans les années 1950, la révolution agricole a été provoquée par le développement de la mécanisation et des outils. Soixante-dix ans plus tard, ce sont les robots qui pourraient révolutionner le secteur agricole et non sans conséquences.

Tels qu’ils sont développés actuellement, la majorité des robots sont de «simples» plates-formes autonomes sur lesquelles l’utilisateur peut installer différents outils. Comme un tracteur équipé d’un relevage arrière sur lequel on vient atteler un déchaumer, un semoir ou encore un pulvérisateur. Même principe chez les robots, à la différence qu’aujourd’hui, la vulgarisation des capteurs et des nouvelles technologies démultiplie le champ des possibles et les évolutions sociologiques.

saga robotic robot agricole

Saga Robotic propose des plates-formes autonomes mobiles sur lesquelles l’utilisateur peut greffer des outils comme des capteurs ou des bras articulés.

En parallèle, les technologies s’améliorent et préfigurent l’avenir de la production agricole. Elles sont déjà utilisables dans différents contextes. Le capteur John Deere pour scanner les caractéristiques du lisier épandu sur une parcelle permet aussi d’évaluer le taux de matière sèche du maïs durant l’ensilage. Un capteur infra rouge peut au printemps détecter les mauvaises herbes pour guider l’outil mais peut également permettre d’identifier les fraises mûres et assurer leur récolte. Et ce n’est pas de la science fiction. Cette association de technologies de pointe et de plates-formes autonomes risque de perturber l’ensemble du secteur. C’est un nouveau système agricole qui se dessine.

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Tout est data aujourd’hui. Tout peut être numérisé, traité et analysé. Le développement des capteurs alimente les outils d’aide à la décision et demain, les algorithmes pourront même permettre d’automatiser les prises de décisions. Intégrer toutes ces technologies sur un robot et l’agriculteur n’a plus rien à faire… C’est en tout cas le résumé que l’on peut dresser de l’intervention de Philippe Jeanneaux de VétagroSup. «Que devient l’agriculteur dans un monde où les machines prennent elles-mêmes la décision de traiter ou pas? Les machines ne vont-elles pas prendre de meilleures décisions que l’agriculteur? Quid du conseil? Le secteur des agroéquipements va-t-il prendre le leadership du conseil? Que vont devenir le contrôle laitier ou les chambres d’agriculture dans un contexte où les données sont produites et traitées par les machines?»

La réflexion est poussée à son extrême certes, mais elle pose la question du rôle de chacun. Rappelez-vous, il y a 20ans Internet n’existait pas. Aujourd’hui, tout le monde a le nez sur son smartphone ultra-connecté pour consulter et saisir de l’info… Et le secteur agricole n’y échappe pas. Ça va vite. Imaginez l’horizon dans 20ans. Le prochain associé du Gaec sera peut être un robot… Certains discutent déjà avec leur robot… Avant d’entrevoir la fin du métier d’agriculteur tel que l’on le connaît aujourd’hui, la route est encore longue. La législation et les technologies ont encore besoin de mûrir pour répondre aux besoins de tous les acteurs.

Comment on gère sur 20.000ha?

A fond dans les extrêmes. En grandes cultures, par exemple, Luc Valentin, agriculteur et consultant aux Etats-Unis, accompagne une structure de 20.000ha. Du tout robot à la ferme gigantesque. Pour vous donner une idée de leur débit de chantier… Chaque élément semeur du semoir monograine sème, à lui tout seul, l’équivalent de 250ha tous les printemps. Chaque matériel utilisé est configuré pour être le plus précis et le plus productif. Les semis et la pulvé se font avec guidage, coupure automatique de tronçon et demi-tour automatique. Les batteuses sont équipées de l’autoguidage, de la régulation de la hauteur de coupe et de l’avancement.. «Elles sont presque automatiques», témoigne le consultant. Alors des robots pourquoi pas, à condition qu’ils soient fiables et aussi productifs que le système actuel.

Robot autonome tracteur case ih

Un concept en test actuellement chez Case IH. Un tracteur tout ce qu’il y a de plus normal:)

«La vraie question, c’est comment on gère les pannes, les bourrages ou les petits soucis du quotidien, s’interroge l’agriculteur. Le chauffeur n’a qu’à descendre de la machine, puis repartir. Avec un robot, il faut se déplacer… et sur un parcellaire aussi vaste, le problème, c’est le temps de déplacement surtout pour de petites interventions.» L’un des gains pour cet agriculteur pourrait se trouver dans le désherbage mécanique grâce au détection de zones les plus infestées, aux traitements localisés à l’optimisation de la fertilisation automatique via drone. Sur son exploitation, ils ont pu tester un robot de prélèvement de sol pour optimiser la fertilisation. Une machine 100% autonome avec ensachage automatique. Attentif à ces progrès, il n’exclut pas d’en intégrer.

De telles surfaces posent aussi la question de l’énergie. Entre le petit robot de 80ch électrique avec 7 heures d’autonomies et les 350 ch d’un tracteur diesel. Vu sous cet angle-là, difficile de rivaliser même si les technologies progressent à la vitesse grand V. Le groupe CNH a récemment présenté une alternative pour les grandes surfaces avec son concept de tracteur autonome. Mais comme pour le glyphosate, quelle est la meilleure stratégie? Comme actuellement, il existera sans doute autant de solutions que de systèmes agricoles. La seule certitude: il faut se préparer aux évolutions du système de production dans son ensemble. Les robots sont là. Leur développement va s’accélérer d’un point de vue mobilité et intelligence.


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Retrouvez aussi le bilan de la première édition du forum international de la robotique agricole 2016.

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