Benoît Verstaen est chargé de prévention Groupama dans l’Est de la France. Il intervient en amont près des porteurs de projet. Il veille à ce que les aspects sécurité soient bien intégrés dans chaque étape: «Il faut d’abord valider la bonne implantation de la station de biométhanisation puis la bonne mise en place de l’ensemble des équipements de sécurité incendie et de protection des personnes» conseille-t-il. Chaque dossier est analysé et fait l’objet de préconisations conformes aux référentiels qui existent dans ce domaine (Charte des agriculteurs méthaniseurs de France, label Qualimétha). La méthanisation comporte en effet des risques spécifiques qu’il convient d’appréhender dès le départ. Et en particulier les risques d’explosion puisque l’on produit du gaz et les risques environnementaux de pollution. L’expertise technique du chargé de prévention vise à diminuer ces risques, ou du moins d’en atténuer la gravité.
Projet complexe
«C’est un projet complexe dans sa partie financière mais aussi pour sa partie assurance» confirme un méthaniseur. Les risques commencent dès la réalisation du chantier jusqu’à sa réception. Puis au cours de la phase d’exploitation, des dommages matériels accidentels (bris de machine, explosion, incendie, …) peuvent survenir à tout moment. Cela peut entraîner de lourdes pertes financière liées à l’arrêt des ventes d’électricité ou de biométhane pendant plusieurs mois consécutifs … Sur une production évaluée par exemple à 3000€/jour, un arrêt aura des répercussions financières importantes!
Ces dangers lourds de conséquences, doivent donc inciter le futur exploitant à étudier en premier lieu une formule d’assurance «Tous risques Montage essais (TRME) intégrant la Responsabilité Civile Maître d’ouvrage et les pertes d’exploitation anticipées» puis à la réception du chantier, une assurance «multirisques dommages», couvrant à la fois le bris de matériels mais aussi les pertes d’exploitation. Celle-ci garantira le versement d’indemnités en cas d’arrêt ou de ralentissement accidentel de l’activité, suite à un dommage garanti (ex: casse du moteur de cogénération). La protection pourra aussi être étendue au risque de pénalité financière en cas de non-respect du contrat de production signé avec l’opérateur. Quant aux risques de dommages sur tiers, ils requièrent une responsabilité civile agricole (responsabilité civile exploitation et responsabilité civile environnementale). Objectif: «protéger vos responsabilités en tant qu’exploitant d’une installation de méthanisation agricole» indiquent les experts de Groupama.
2 à 5 ans avant démarrage
L’investissement dans une unité de biométhanisation est généralement de l’ordre de 500000 à … 10 millions d’euros, sachant que le coût prévisionnel d’investissement total est à majorer de 5%, car certains postes sont souvent sous-estimés selon Groupama. Parallèlement, les charges d’exploitations sont toujours supérieures au prévisionnel. La maintenance, le renouvellement, les coûts logistiques sont autant de sources d’erreurs à intégrer… Le déploiement d’un projet est long. Il faut en effet compter entre 2 et 5 ans avant de pouvoir se lancer la production d’énergie…
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