C’est en 2010, après quelques réunions, que vingt-trois exploitations se sont réunies pour développer l’idée d’une méthanisation collective dans les environs de Moyen-Vic (57). Il aura fallu sept ans pour voir le projet aboutir. Celui-ci ayant reçu toutes les autorisations pour débuter les travaux, toujours avec les vingt trois exploitations. L’unité sera alimentée avec de l’ensilage (à hauteur de ce qui est autorisé), du fumier, du lisier, de la paille, des menues pailles, des eaux de lavage, etc. La mise en route est prévue en automne 2019 pour une puissance de 350 Nm3 injectée à l’heure. Il a été décidé que les travaux de transport et d’épandage seraient faits par une ETA. Et c’est ainsi qu’un nouveau groupe d’agriculteur s’est créé et s’est lié.
En 2018 l’unité de méthanisation collective est en construction. Se pose alors la question de la méthode de gestion du matériel dédié à la méthanisation mais aussi de l’organisation des chantiers sur les diverses exploitations. La réflexion sur la création d’une cuma s’est faite suite aux différentes réunions méthanisation. Chacun a dû prendre du recul sur son exploitation pour se projeter dans une activité collective. Ainsi plusieurs facteurs se sont révélés: une main-d’œuvre qui se raréfie et les machines de chacun qui sont vieillissantes (toutes les exploitations étaient équipées individuellement), il fallait donc investir. De plus les agriculteurs souhaitaient mutualiser les moyens pour l’unité mais également pour leurs exploitations. «La priorité était de rationaliser le parc matériel» explique le président de la cuma Julien Simonin. C’est ainsi que la cuma de Moyrey-sur-Seille a été créée en janvier 2019 par six des vingt trois agriculteurs.
L’économie n’est pas le seul enjeu
La cuma a donc investi dans une presse haute densité ainsi que dans un groupeur de balles début 2019. Mais c’est l’aspect entraide/coopération qui a été le point d’orgue de la création. Ainsi, les agriculteurs ont totalement changé leur manière de faire.
«Pour le pressage du foin, les 5 exploitations du groupe presse participent évidemment, avec les matériels et les tracteurs de chacun, les adhérents fauchent leurs parcelles pour éviter les déconvenues. Le fanage est réalisé en commun, ainsi que l’andainage, l’objectif est de ne pas décrocher avant de ramasser les bottes. Un adhérent conduit la presse de la cuma, un autre la groupeuse. Les plateaux (jusqu’à 7) et 1 à 2 télescopiques suivent, un troisième décharge à la ferme et c’est la même logique pour les chantiers de pailles». Lors des chantiers les repas sont également pris en commun. D’abord dans un souci d’organisation mais aussi pour renforcer la cohésion groupe.
La cuma n’a connu qu’une seule campagne. Mais plusieurs associés réfléchissent à se servir de la cuma pour pallier au problème de débit de chantier. L’achat d’une deuxième presse est donc envisagé, sachant que la première a réalisé 11000 bottes en une année. Aujourd’hui la cuma regroupe des céréaliers et des éleveurs (laitiers et allaitants) sur quatre villages. Plusieurs ne travaillaient pas du tout ensemble avant. Des réflexions seront menées cet hiver sur de nouveaux investissements tels que moissonneuse, épareuse, andaineur, etc. La jeune cuma a donc un bel avenir.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Grand Est édition Champagne-Ardennes – Janvier 2020.
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