Erreur n°1 : partir de zéro avec sa déchiqueteuse de bois
« Il faut des responsables concernés et compétents. » Autrement dit, le projet prend forme plus facilement et tient dans la durée quand on a au départ des agriculteurs qui se chauffent eux-mêmes au bois déchiqueté. Ils seront les premiers utilisateurs des plaquettes et possèdent déjà un savoir-faire dans le domaine de l’alimentation des chaudières et de leurs exigences. Signalons au passage l’appui qu’ils peuvent trouver auprès de leur fédération de cuma : « En Normandie, nous avons déjà recensé 315 chaudières dans les exploitations et nous accompagnons les agriculteurs qui veulent s’équiper, sur le plan technique et financier » précise Mathieu Gadeau.
Erreur n°2 : vouloir tout faire
« L’intercuma constitue une bonne formule pour disposer d’un tracteur et d’un chauffeur dédiés à la déchiqueteuse de bois. » En effet, la production de plaquettes est assez saisonnière, bien qu’une bonne complémentarité entre bois de bocage et bois de forêt permette d’étaler les chantiers sur l’année. Néanmoins, il n’est pas toujours évident de fournir d’emblée un emploi à plein temps à un opérateur spécialisé et un volume d’heures suffisant au gros tracteur nécessaire à ce travail (250 à 400 ch). D’où l’idée de s’accorder avec d’autres cuma employeuses de main-d’œuvre et ayant ponctuellement besoin d’un tracteur de forte puissance pour de l’épandage de lisier ou du pressage haute densité, par exemple.
Erreur n°3 : acheter sa déchiqueteuse de bois sur dossier
« Globalement, nous observons de grosses différences de prix, de niveau de service après-vente et de performances au travail. Sur ce point, il est impératif d’aller voir sur le terrain, en service ». Mathieu Gadeau souligne notamment les différences importantes de débit de chantier selon la nature du bois, s’il est régulier ou fourchu. Il alerte également sur les différences de granulométrie de plaquettes fournies par les machines en fonction des équipements, des options et des réglages.
Erreur n° 4 : choisir le tracteur uniquement sur la puissance
Le travail avec une déchiqueteuse demande un poste inversé confortable pour le chauffeur et facile à mettre en œuvre entre les trajets routiers. D’autre part, tous les moteurs de tracteurs ne sont pas adaptés à ce chantier où ils tournent toujours à pleine charge. « Pour notre part, nous avons choisi récemment un tracteur avec un moteur très coupleux, qui travaille à bas régime, et notre consommation de carburant a bien diminué ».
Erreur n°5 : attendre les coups de fil
Une déchiqueteuse représente un gros investissement, qui rayonne sur un territoire assez large. Il faut donc arriver à un planning d’activité bien rempli, qui minimise les pertes de temps sur la route. « Il existe différentes formules pour organiser les chantiers : un salarié de fédération, un salarié de cuma, des agriculteurs sur un petit secteur, ou encore une application en ligne. C’est d’autant plus important quand il y a des clients extérieurs avec des chaufferies qui ont des contraintes de calendrier particulières. » Seconde fonction essentielle du responsable de planning : faire de la pédagogie sur la préparation du bois, la bonne période pour l’abattre ou le sortir des parcelles, son rangement, le défourchage, la chasse aux corps étrangers et aux petits branchages.
Erreur n°6 : faire de la cueillette
Le bois est une ressource renouvelable à condition de ne pas faire juste de la cueillette. « Nos adhérents partent d’un plan de gestion des haies, pour assurer la pérennité de la ressource. Nous les accompagnons d’ailleurs aussi sur cet aspect durabilité. » La fédération aide aussi les agriculteurs à communiquer auprès du grand public sur cette bonne gestion. Ce volet « amont » de la valorisation du bois comporte également un autre aspect important : l’abattage. On constate que les cuma départementales qui pratiquent le déchiquetage proposent de plus en plus une prestation d’abattage mécanisé, en alternative à la tronçonneuse à main. C’est un moyen pour les agriculteurs de consacrer moins de temps à cette phase initiale de la récolte du bois, et de prendre moins de risques.
Erreur n°7 : négliger le recrutement
On l’a dit, le salarié qui mène la déchiqueteuse est souvent déjà employé dans une autre cuma. Il doit néanmoins réunir deux qualités essentielles dans une activité de déchiquetage, comme le souligne Jean-François Viot, de la SICA Bois Énergie du Maine. « Comme il intervient sur un territoire étendu, il doit faire preuve d’une grande autonomie dans son travail, ce qui implique une expérience suffisante. D’autre part, il est garant de la qualité du produit livré et doit donc être très rigoureux sur l’entretien du matériel. »
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.