Seulement 10 % du bois que broie aujourd’hui la cuma Agribocage alimente l’autoconsommation des exploitations. En revanche, la vente pour les grosses chaudières du secteur, via le GIE des Beluettes, représente l’essentiel de la valorisation de la production. C’est là un révélateur du chemin parcouru depuis 2000 et la création du groupement, puis l’achat d’un broyeur à branches manuel. Au départ, une dizaine d’agriculteurs ayant installé des chaudières à plaquettes sont à l’origine du GIE. Ce dernier facilite, entre autres, la gestion de la commercialisation du bois supplémentaire issu de leurs chantiers. Mais alors, pourquoi la cuma Agribocage a-t-elle procédé au renouvellement de sa déchiqueteuse ? Réponse.
Arrivée d’un nouveau broyeur
Au fil du temps, des projets plus importants voient le jour, avec notamment l’installation d’une grande chaudière dans une commune voisine. En parallèle, la cuma se dote en 2010 d’un MusMax T8. C’est une véritable révolution pour le groupe d’agriculteurs. Ce broyeur, monté sur un tracteur de 190 ch, possède un bras pour l’alimentation. « Avec celui-ci, nous pouvions alors broyer des branches jusqu’à 40 ou 45 cm de diamètre », se souvient Denis Bertrand, le président du GIE. C’est à cette époque aussi que la fusion de plusieurs cuma aboutit à la naissance de la cuma Agribocage (Iffendic, 35). Cette nouvelle dimension permet la mise en place d’une plateforme de stockage.
Avec l’achat du broyeur et la création de la plateforme, c’est le début de la professionnalisation de la filière bois qu’observe le président du GIE. « Avant, le bois était stocké à l’extérieur chez les agriculteurs. Ne serait-ce que pour les livraisons, ce n’était pas pratique. Il fallait courir partout. » Néanmoins, il restait à apporter des améliorations, au niveau du matériel par exemple.
Renouvellement de la déchiqueteuse : lever les limites
Si le broyeur de la cuma répondait parfaitement aux besoins pour valoriser le bois de bocage (bois issu des haies agricoles) et pour alimenter les chaudières individuelles, il montre en effet quelques limites.
Denis Bertrand explique : « Dans des conditions idéales, ce broyeur traitait 75 m³/h. Avec ce débit maximal, il s’avérait trop lent. Nous ne parvenions pas à remplir un camion de 90 m³ en moins d’une heure. » De plus, le MusMax n’était pas capable de produire des plaquettes de grande taille adaptées à une utilisation en chaufferies collectives. « Notre broyeur a vite été dépassé par d’autres modèles arrivant sur le marché », résume le président.
Un nouveau partenariat change les paramètres de l’équation
Face à la demande croissante à la fois pour de grandes plaquettes et à la fois en faveur d’un débit de chantier plus élevé, le groupe a réfléchi au renouvellement de la déchiqueteuse. Le prix élevé de ce type d’engins constituait alors un obstacle. Jusqu’à ce que l’idée d’une collaboration avec la cuma des Landes Fourragères (Martigné-Ferchaud) change les paramètres. Ensemble, les deux cuma font l’acquisition d’un broyeur Eschlböck Biber 84.
Après l’achat en 2021, la mise en service de la nouvelle déchiqueteuse intervient à la fin de l’année 2022. Cet investissement marque une montée en gamme du service que proposent les deux groupes. En même temps, ils perfectionnent leur organisation puisqu’ils achètent en parallèle un tracteur. Ce dernier restera attelé en permanence au broyeur Eschlböck.
Non seulement les cuma peuvent facilement assurer des chantiers de déchiquetage tout au long de l’année, mais elles se garantissent par la même occasion une réactivité accrue.
294 000 € d’investissement subventionné par le département pour 88 800 € pour le renouvellement de la déchiqueteuse
Sans compter le forfait de déplacement, le tarif a évolué à 300 €/h sur la première campagne du nouvel ensemble. Néanmoins, les meilleures performances nuancent largement l’augmentation du coût. Le nouveau broyeur a la capacité de traiter des troncs jusqu’à 75 cm. Cette machine produit des plaquettes de plus grande taille, valorisant ainsi le bois de bocage pour les grosses chaudières du secteur.
Enfin, son débit varie de 30 à 100 m³/h. Cette grande amplitude révèle qu’en optimisant leur chantier, les agriculteurs disposent d’un levier considérable pour en raisonner le coût.
Denis Bertrand insiste sur l’importance d’une bonne organisation, avec un exemple concret en tête : « Aujourd’hui, la machine est en panne à cause d’une dent de fourche tombée d’un chargeur. Il faut être intransigeant sur la préparation des chantiers. Nous ne pouvons plus nous permettre des casses de ce genre. »
Futurs défis : vers une mécanisation accrue
Depuis la création du GIE des Beluettes, son président observe une véritable professionnalisation de la filière bois. Ce nouvel équipement représente une étape importante. Il a également permis de récupérer des chantiers de broyage forestier et certains chantiers opportunistes, grâce à la rapidité d’action et à ses capacités accrues.
Mais Denis Bertrand commente : « Ce renouvellement de la déchiqueteuse n’est qu’une première étape. Dans l’organisation des chantiers, il faut tout optimiser si l’on veut réduire les coûts de production et être compétitif. Pour prendre un exemple, nous avons fait venir une pelle abatteuse pour valoriser le bois dans une zone humide, Le chantier, prévu depuis quatre mois, a permis d’obtenir un tas de bois bien organisé dès le début. L’opérateur coupe directement les fourches, ce qui optimise le processus. »
La mécanisation de l’abattage pourrait bien être une prochaine étape au menu des réflexions des cultivateurs de bois.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :