« Sur le bassin-versant, notre usine est la première consommatrice d’eau », lance Théophane Mullie, responsable du service agricole de l’entreprise Mousseline. La messe est dite. Que ce soit pour sa qualité ou la quantité utilisée, l’usine située à Rosière-en-Santerre, en Picardie est attendue au tournant. « Nous nous approvisionnons de pommes de terre, une culture très exigeante en eau, explique le responsable. À cela s’ajoutent des procédés de transformation gourmands en eau également. » Il fallait donc faire quelque chose. Retour sur le travail des industriels qui souhaitent réduire la consommation d’eau des usines.
Réduire la consommation d’eau dans les usines
Pourtant, l’usine qui déshydrate des pommes de terre pour en faire des flocons ainsi que ses fournisseurs n’ont pas attendu ce constat pour agir. « L’eau est un critère suivi quotidiennement, ajoute Théophane Mullie. Nous sommes équipés de stations d’épuration pour traiter l’eau usagée, nous recyclons l’eau au sein de notre usine. À l’image de l’eau en vapeur qui est réutilisée pour la cuisson des pommes de terre. » Et ce n’est pas sans résultat puisque depuis une quinzaine d’années, l’usine a réduit de moitié sa consommation d’eau.
Mais cela ne semble pas suffire. Le syndicat du bassin-versant et les pouvoirs publics attendent davantage de gestes de la part de l’entreprise Mousseline. L’usine s’est alors récemment lancée un challenge écologique en tentant de réduire son empreinte carbone et donc son utilisation d’eau. « Le fonds d’investissement qui possède Mousseline est très attaché à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), indique-t-il. C’est important pour le consommateur. » Elle a dans ce sens, investi dans le remplacement de quatre lignes de transformation par une seule, plus économe en eau et en électricité.
Associer les agriculteurs
Si au sein de l’usine la gestion de l’eau est un sujet primordial, ça l’est aussi chez les agriculteurs. Située dans le Santerre, là où les terres sont les plus fertiles de France, l’eau peut parfois manquer. L’irrigation des pommes de terre est monnaie courante. Elle assure le rendement et la qualité des pommes de terre fournies à l’usine Mousseline.
Toujours dans la volonté de préserver la qualité de l’eau et sa disponibilité, l’entreprise Mousseline a lancé un GIEE avec une quinzaine d’agriculteurs volontaires. « L’objectif pour les membres du GIEE ‘sols vivants du Santerre’ est de mutualiser les expériences de chacun en matière de production de tubercules », raconte Théophane Mullie, animateur du groupe.
Depuis cette année, ensemble, ils travaillent sur la fertilisation azotée des pommes de terre avec des essais sur la modulation ou la localisation des apports d’azote. Le travail du sol est également un sujet primordial et abordé au sein du groupe. Une quarantaine de variétés ont été testées en situations irriguées ou non irriguées cette année afin de comparer les rendements et les taux de matière sèche.
Faire des essais pour réduire la consommation d’eau des usines
Quatre essais ont été menés sur la gestion d’irrigation avec des évolutions de doses d’eau apportées, le traitement de l’eau, la micro-irrigation ou encore l’utilisation d’un canon. « Ces essais sont complétés par des visites, des démonstrations et des formations sur ce vaste sujet, précise le responsable.
Dans ce sens, nous les accompagnons, car la réduction de l’utilisation de l’eau doit se faire conjointement. » Toutefois, aucune indemnité financière n’est prévue, laissant la prise de risque à la charge de l’agriculteur.
Bonduelle engagé dans l’agriculture régénératrice
Chez Bonduelle, le géant des légumes surgelés et de conserve français, la question de l’eau a également été saisie. Outre les aménagements dans leurs usines, depuis 2011, les agriculteurs volontaires peuvent s’engager dans l’agriculture de régénération.
« L’idée de ce programme dans lequel la moitié de nos producteurs sont engagés, est de les accompagner vers une agriculture plus respectueuse des sols et de l’eau, explique Aurélie Lize, responsable du service agronomique du groupe. L’idée est de restaurer la fertilité des sols pour mieux gérer l’eau au sein de la parcelle et de mieux s’adapter au changement climatique notamment. »
Ainsi, pour un agriculteur qui voudrait s’engager, un diagnostic de l’état de ses sols est proposé. Le but étant de mesurer les intérêts des nouvelles pratiques mises en place. Celles-ci peuvent concerner l’allongement de la rotation, la couverture des sols, l’apport de matière organique, etc. Mais les projets restent collectifs sans réel accompagnement financier.
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