Le N°1 dans le top 500 des premières fortunes de l’Hexagone est (et de loin) Bernard Arnaud et sa famille, propriétaire notamment de LVMH selon le magazine Challenges. De 88 milliards en 2019, son patrimoine atteint les 100 en 2020. Fin 2019, l’homme était considéré le plus riche du monde… Plusieurs enseignes de luxe trustent les premières places.
D’autres branches de l’économie figurent aussi dans le haut du classement, comme la grande distribution représentée à la 6e place par la famille Mulliez, détentrice de plusieurs chaînes dont Auchan. Certes, le business n’est pas toujours florissant. Avec l’irruption du Covid, la fortune familiale a décru de 6 milliards pour retomber à 26. La crise sanitaire a fragilisé un peu plus le groupe, déjà confronté à une remise en cause du modèle classique de consommation qui repose sur de grands centres commerciaux agglomérés autour d’hypermarchés.
Faire son beurre
L’immobilier, la finance, les assurances, les services… sont bien représentés dans cette liste très prisée. Davantage que des « self-made man », les éminents P-dg ou les capitaines d’industrie identifiés dans le magazine économique sont le plus souvent les héritiers d’un pactole qu’ils parviennent avec plus ou moins de talent et d’opiniâtreté à sauvegarder, voire à fructifier… Dans ce giron familial, les petits-enfants du fondateur de la laiterie Besnier, emmenée désormais par Emmanuel Besnier, remportent la palme. Ils sont parvenus à étendre l’empire industriel Lactalis aux quatre coins de la planète. Pourtant, l’entreprise demeure essentiellement constituée de capitaux familiaux (11e fortune). Le Coronavirus a toutefois contrarié les plans du géant laitier en 2020, faisant glisser la fortune familiale de 12 à 9,9 milliards. Pas de quoi pour autant s’apitoyer sur une situation personnelle qui demeure très enviable, et surtout justifier une éventuelle baisse du prix du lait payé aux éleveurs…
Dans les grandes fortunes générées par la transformation laitière sont cités également, par ordre décroissant, les familles propriétaires des entreprises laitières Bel (73e), Bongrain – Savencia (153e), St Denis de l’Hôtel (407e) et Senoble (452e).
Et se faire du blé
Toujours dans la veine agro-alimentaire, mais côté « viande » cette fois, le breton Jean-Paul Bigard, qui domine largement l’industrie bovine, fait partie du cercle très fermé des 500 fortunes. Comme la famille Besnier, l’entrepreneur est plutôt avare de chiffres. Challenge le classe au 157e rang des fortunes françaises.
Par comparaison, la famille Lambert, propriétaire du groupe volailler LDC, se hisse à la 112e place. On distingue aussi dans les familles possédantes quelques magnats liés aux filières végétales: Roquette bien connu dans le secteur des pommes de terre est à la 35e place, Roullier, fabricant leader d’engrais à la 41e place, Soufflet très actif dans le monde céréalier à la 120e place et le légumier Bonduelle à la 199e.
Champagne !
Mais parmi la bonne trentaine fortunes qui gravitent dans le secteur agro-alimentaire et dont le capital se chiffre en centaines de millions d’euros, les maisons de négoce de grands crus, champagne et spiritueux, se taillent la part du lion. Quelques dizaine d’hectares en propriété de Mouton Rothschild, Châteaux Margaux, Châteaux Pétrus, Romanée Conti, Pomerol… suffisent en effet à constituer un matelas financier très confortable. Toutefois, la rupture brutale des ventes à l’export des précieuses bouteilles ont nettement assombri les perspectives de profit de certaines maisons, en zone Cognac par exemple… Enfin, en lisière du secteur agricole et celui des nouvelles technologies, la famille du fondateur d’Isagri (éditeur de logiciel de gestion) pointe au 452e rang avec une fortune évaluée par Challenges à 180 millions d’euros.
Quel retour aux agriculteurs ?
Pour les adeptes de la théorie du ruissellement, cette concentration du patrimoine professionnel porté généralement par des personnalités entreprenantes est une bonne chose. Ce dynamisme est susceptible de bénéficier directement à l’ensemble des partenaires: fournisseurs, salariés et clients et, plus globalement, au tissu local où sont implantées les entreprises concernées. Mais pour les agriculteurs apporteurs des matières premières, ces chiffres accréditent l’idée qu’un meilleur partage de la valeur ajoutée, avec les industriels et les distributeurs, demeure une revendication légitime.