Lorsque l’agriculteur parvient à redessiner les contours de son exploitation, à rapprocher ses parcelles, une potentielle réduction des consommations de carburant devient accessible. La distance coûte, notamment en lien avec l’utilisation supplémentaire de GNR. Dans une intervention sur le Space 2023, Cyril Guérillot soumet l’exemple d’une parcelle de 10 ha de maïs fourrager : selon qu’elle se trouve à 1,5 km ou 7 km du siège d’exploitation, ce cycle de culture induit une consommation totale de GNR de 1 390 l ou 1 790 l. Le chargé d’études de la chambre d’agriculture de Bretagne calcule : « C’est une augmentation du besoin en fioul de 29 %, soit 40 l/ha. »
L’échange de parcelles, une bonne solution?
À la différence de consommation de carburant s’ajoute l’inflation du temps de travail. Les cinq kilomètres d’éloignement supplémentaire du précédent exemple génèrent « 900 km parcourus en plus pour assurer cette culture. » Une distance que l’intervenant traduit en besoin de traction, et donc de main-d’œuvre : + 30 h de travail. « Au final, avec un GNR à 1,25 €/l, et un coût du travail à 11 €/h, la charge économique totale s’alourdit de 830 € pour ces dix hectares de maïs plus éloignés de 5 km. » Et tous les ans ça recommence. Au bout de dix ans, plus de 8 000 € se sont ainsi envolés.
La solution évidente de l’échange parcellaire se pose ainsi. Dans la vraie vie, elle n’est bien entendu pas aussi simple qu’un claquement de doigts. L’expert propose néanmoins tout un panel de solutions. Il expose surtout des expériences réussies. « Nous avons accompagné par exemple ces deux exploitants à l’ouest de Rennes. Ils ont conclu un échange en jouissance portant sur deux fois seize hectares. » Le gain de distance correspond à 10 km pour l’un et 20 km pour le second agriculteur. Or le conseiller rappelle : cultiver 8 ha de maïs à 10 km de l’exploitation revient à parcourir 1 500 km.
Si sans sortir du périmètre de son exploitation, l’agriculteur réalise en moyenne deux tours du monde à l’échelle d’une carrière, il dispose là de quoi raccourcir ce périple. De plus, l’intérêt des échanges parcellaires ne s’arrête pas à la route. C’est une opportunité d’améliorer la configuration des champs. Or la chambre d’agriculture de Normandie argue : « Entre deux parcelles de trois hectares, l’une en pointe, l’autre rectangulaire, les temps de travaux à l’année varient de plus de 15 % sur une culture de maïs. »
Même en fin de carrière
De la même manière, les témoignages mettent en avant le suivi de culture plus facile, donc plus efficient. Idem pour l’accomplissement des itinéraires culturaux. Avec un parcellaire plus groupé, les éleveurs constatent enfin que des freins au pâturage se lèvent.
Améliorer son parcellaire serait ouvrir le champ des possibles en matière d’évolution du système. Et l’expert breton souligne au Space qu’il n’est jamais trop tard. Même en fin de carrière, c’est une opportunité à envisager : « Car avoir un parcellaire groupé donne de la valeur à l’exploitation du cédant. Elle renforce son attractivité auprès des candidats à la reprise, puisqu’ils auront plus de facilité à adapter un projet. » Cyril Guérillot indique enfin : « On est plus à même aussi de planter des haies quand on a un parcellaire groupé. » Histoire de casser une dernière idée reçue.
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