Le souvenir de la moisson de 2016 plane sur l’agriculture française. Cette année, encore, les rendements sont attendus à la baisse, la qualité n’est pas au rendez-vous et les cours ne semblent pas prendre en compte ses constats. L’agence FranceAgriMer a lancé quelques prévisions sur la moisson 2024.
Des prévisions pour la moisson 2024 pessimistes
Selon les prévisions de FranceAgriMer, la moisson 2024 risque d’être un mauvais souvenir pour de nombreux céréaliers. À peine débutée dans certaines régions, la récolte est retardée. « Au 30 juin, seuls 1% des surfaces de blé tendre étaient récoltées, annonce Abir Mahajba, chef de projet chez FranceAgriMer. En 2023, c’était déjà 5 % des surfaces qui étaient récoltées. En orge, cette part représente 33 % contre 41 l’année précédente. »
La faute à la météo. Les précipitations incessantes depuis de nombreux mois n’ont pas facilité la campagne des céréales. Les plantes, semées en retard dans certaines zones ont subit un déficit de soleil malgré des températures plutôt conformes. Pourtant, il n’y a a pas péril en la demeure. Toujours selon FranceAgriMer, 58 % des blés tendres sont considérés être en bon voire très bon état (contre 81 % l’année dernière mais 56% en 2020). Toutefois, la situation, au lieu d’avancer a plutôt tendance à se dégrader. Les périodes propices à battre sont souvent entrecoupées par des ondées.
Rendement moyen à 69,9 q/ha
« On s’attend au pire, lance Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures chez FranceAgriMer. Les moissons n’avancent pas et les rendements sont très décevant. On table sur une moyenne de 64 q/ha. Question qualité, les Ps sont fortement dégradés.» Agreste, tablent eux, sur une baisse de 13 % de la production de céréales à paille en baisse par rapport à 2023 et à la moyenne 2019-2023. Ainsi, selon les projections de FranceAgrimer, la production de blé tendre pourrait se replier à 29 millions de tonnes. « L’une des plus petites récoltes depuis dix ans », ajoute Maria Gras, adjointe au chef de l’unité grains et sucre.
« La prévision du rendement est de 69,9 q/ha, en baisse de 5,3 % par rapport à 2023, annonce l’institut statistique. Le rendement du blé tendre diminuerait davantage en Pays de la Loire (-22,7 %) et Nouvelle Aquitaine (-10,9 %) que dans les Hauts-de-France (-6,0 %), la Normandie (-7,5 %) et le Centre Val de Loire (-5,6 %). Il serait stable en Bretagne (+0,1 %), et en légère hausse en Grand Est (+1,2 %) et Bourgogne Franche-Comté (+2,3 %). » (voir carte)
Une réduction de 10,8 % des surfaces
Une situation exacerbée par un recul des surfaces emblavées en céréales à paille. Selon Agreste, elles auraient diminuées de 10,8 %. En effet, les semis à l’automne ont été fortement perturbés et les rattrapages au printemps n’ont pas pu être réalisés partout, faute de temps sec. « Dans cette situation, on imagine une hausse des importations de céréales de qualité, pour répondre aux besoins des industriels français et davantage de déclassement de grains en qualité fourragères, poursuit l’analyste. Les exportations, notamment vers les pays tiers risquent d’être limitées. »
Une situation qui ne fait pourtant pas grimper les prix des céréales. Bien au contraire. Comme l’avaient amèrement constatés les agriculteurs en 2016, la France pèse peu dans la balance économique mondiale. Et pourtant, elle n’est pas seule dans cette situation. Les productions de céréales en Ukraine, Russie et Europe sont attendues également en berne. La météo n’ayant été favorable pour aucun pays.
Des cours toujours bas
Malgré un manque certain de marchandise sur notre continent, les cours poursuivent leur déprime. La Chine, le Canada risquent d’avoir de bonnes récolte. Leurs demandes en céréales devraient donc s’essouffler. Quant à l’hémisphère sud, les semis se déroulent dans de bonnes conditions. À l’échelle de l’agriculteur français, les voyants sont au rouge. « Cette récolte nous aura coûté cher puisque nous avons utilisé des engrais vendus à des prix très élevés, rappelle le président. Les trésoreries risquent d’être tendues cette année. »
Quant au maïs, on note également un retard. Même si la totalité des surfaces emblavées sont semées, les plantes accusent un retard d’au moins 15 jours. Toutefois, la culture ne semble pas dégradée. Dans la même mouvance, les surfaces se replient tandis que les rendements semblent se maintenir dans les pays européens. Dans le même sillage des cours du blé, la culture de maïs ne comblera surement pas le manque à gagner des céréales.
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