« Il faut encourager la filière, pourquoi pas des promotions ? »

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« Il faut encourager la filière, pourquoi pas des promotions ? »

Et vous, seriez-vous intéressés par des soldes pour les matériels agricoles ? Poisson d'avril ! (Crédit : Adobe Stock)

À la faveur d’une idée simple, les ventes en berne de matériel pourraient être reboostées à l’aide de « soldes ». Un tabou et presque un gros mot lâché rapidement dans les couloirs, entre conseillers ministériels et principaux intéressés de la filière. Cette idée ferait son chemin dans les instances professionnelles comme dans la distribution. Quel intérêt pour les agriculteurs ? [Décryptage]

Tout serait parti cette fin février 2025 d’une formule à l’emporte-pièce à l’issue d’une réunion de crise de la filière agroéquipement, au sein de la délégation du ministère de l’Industrie à Bercy. « Pourquoi pas une période de promotion, des sortes de soldes encadrées, à la manière du textile, pour l’équipement dans les filières viticoles et agricoles ? ». Face aux crises de production et dans une période difficile dans l’industrie, le mot est lâché, « soldes ». Mais rien n’est rendu public. En outre, pour un conseiller Renaissance proche de Marc Ferracci, ce sujet semble trop sensible et exploratoire. L’Axema, qui avait déclaré cet hiver qu’elle n’a jamais milité pour les subventions, ne semble pas non plus encline à développer. Mais l’idée de soldes sur les matériels agricoles s’ébruite à la faveur d’une bonne réception auprès des services d’Eric Lombard, le chef de Bercy.

Un sujet politique et des cours de concession pleines

D’après des échanges captés par le service Agro du journal Contexte, suite à l’examen de la LOA à l’assemblée, la Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard se serait montrée réservée sur le sujet. « Ce n’est pas une priorité pour nos fermes » penserait l’élue de Franche-Comté. Transministériel, le sujet pourrait s’arbitrer à Matignon. Mais le calendrier législatif demeure chargé. Difficile d’imaginer une proposition en Conseil des ministres. Sauf à trouver un consensus parmi une majorité de formations politiques.

Si une période inédite de promotion devait s’ouvrir, comment l’organiser ? Alors que les cours des concessions sont pleines, comment encadrer ces soldes de matériels agricoles ? Le syndicat des distributeurs, le Sedima, semble se méfier de cette approche et refuse tout commentaire. « Ça peut résoudre une partie du problème, confie une grosse base des Charentes, qui souhaite rester anonyme. Mais ça ne peut être qu’exceptionnel ». Alors sur quelle base partir, quelles conditions, quelle période, combien de jours, etc. ? Tout est à inventer. Et chacun devra se positionner.

Soldes sur les matériels agricoles : une mesure libérale qui fait mouche

Au lendemain des élections professionnelles gagnées, côté FNSEA, l’heure était plus au Congrès. « Des promotions encadrées sur les matériels agricoles, ça peut être une mesure populaire » peut-on simplement entendre auprès d’un proche d’Arnaud Rousseau. « C’est une passe difficile pour les beaucerons ou même dans le pays de Caux, trop d’eau » lâchait un autre ce 29 février 2025. Même ambiance au syndicat des ETA. « On est carrément pour. Nos adhérents sont pris à la gorge » partage un administrateur. Changement de ton côté fédération nationale des cuma, qui milite pour « une mécanisation responsable ». « La pêche aux bonnes affaires, ce n’est pas notre idée de l’équipement en cuma » se dit-il sobrement.

Pourtant, à l’heure où les finances publiques sont dans le rouge, qu’il devient plus difficile d’aider, des promotions sur le matériel agricole pourraient être une solution dans certains territoires. À l’image des Pays de la Loire où sa Présidente de Région, Christelle Morançais a supprimé cette année les subventions à l’équipement. Plus libérale que jamais, la « Thatcher » de l’ouest, comme la renomme Le Monde, serait « enchantée d’avoir pu impulser du changement et peut-être, indirectement, fait naître ce type de projet [de soldes, NDLR] ».

Trop humble, Javier Milei ligérienne aux 100 millions de tronçonnages budgétaire, et pour qui Elon Musk est un « génie », encouragerait même à aller plus loin. « Arrêtons toutes ces assistances publiques, le pays ne peut plus se le permettre. Dans le même temps, des secteurs sont en crise (…) des tracteurs soldés, et bien pourquoi pas ? J’en achèterais bien un ! » aurait-elle dit ce 26 mars 2025 depuis le Conseil Régional, nichée sur les bords de la Loire, tel un héron flairant le bon poisson.

Flottement à gauche

À l’inverse, la Présidente de la région Occitanie a, elle, maintenu et amplifié son effort budgétaire à destination des agriculteurs. Depuis le salon de l’Agriculture, et à la découpe de bar facile, l’ex-édile de Martres-Tolosane avait déclaré amorcer, avec « 15 M € d’aides forfaitaires destinées aux exploitations agricoles touchées par les catastrophes climatiques et les épizooties ». Mais Carole Delga semble s’asphyxier à force de dépenses. Avec presque 200 millions de dettes de court terme, notée AA-par les requins de Fitch, 180 millions de baisses de dotation de l’État, « On nage à contre-courant, aurait-elle confiée à un proche. C’est épuisant, je ne suis pas un saumon. Cette idée de soldes arrangerait bien notre soupe à la sétoise ! »

Alors les agriculteurs friands de bonnes affaires mordront-ils à l’hameçon ? Une date de début de soldes circule déjà, le 1er avril 2026. On pourra entendre alors ci et là « Tout doit disparaître ! ».

Ariel de Saint-Pierre

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