La méthanisation en cuma peut prendre diverses formes. C’est ainsi que certains agriculteurs deviennent également « énergiculteurs« . C’est en effet le lot d’un nombre croissant d’exploitants agricoles. Cette nouvelle orientation suscite divers questionnements : techniques, économiques, juridiques ou environnementaux. Les producteurs concernés considèrent que c’est une opportunité pour consolider leurs revenus. Directement, grâce à la vente d’électricité ou du gaz produits. Ou indirectement via les économies de dépenses d’énergie dans le cas de l’autoconsommation. Ou encore de réduction d’achats d’engrais minéraux pour ce qui concerne la méthanisation.
La méthanisation en cuma pour conforter certaines activités
La production d’énergie n’entre pas dans l’objet des cuma. Celles-ci ne peuvent donc pas porter juridiquement ces activités. Mais la mise en œuvre de la méthanisation s’inscrit souvent dans une démarche collective. Cette dernière suppose une bonne interconnaissance entre les associés qui désireraient constituer ensemble une société de méthanisation. Travailler ensemble dans une même cuma est de ce point de vue un moyen d’approfondir la connaissance et la confiance entre agriculteurs. Ce sont en effet des points nécessaires pour lancer des projets ambitieux comme celui-ci.
D’autre part, cette activité suscite, en amont et en aval de la phase de méthanisation, des besoins en matériels : outils d’implantation, de récolte et de transport des Cive, et outil de transport et d’épandage des digestats liquides ou solides. Dans ce contexte, quelques cuma spécifiques peuvent être créées. D’autres, déjà en place, peuvent répondre aux attentes des méthaniseurs. Elles peuvent aussi investir pour la circonstance. La méthanisation peut ainsi conforter aussi certaines activités.
Besoin d’un semoir rapide pour les Cive
La cuma de Saint-Priest-Taurion, au nord-est de Limoges, est dans cette situation. Créée en 1989, et employeuse depuis 1990 de deux salariés (un à temps plein et un à temps partiel), elle regroupe environ 30 adhérents, avec un noyau dur de 12 à 15. La structure dispose de 4 tracteurs New Holland (bientôt 5) et de plusieurs matériels d’élevage, de fenaison et de culture et une ensileuse en intercuma. Son CA s’élève entre 110 000 à 120 000 €/an.
« Nous avons toujours été ouverts à tous les adhérents, quel que soit leur système de production », explique Bernard Lauserie, trésorier de la cuma depuis le départ. Marie-Laure Atzemis, éleveuse de limousines, compte parmi les adhérents récents arrivés dans le groupe. L’unité de méthanisation, créée dans la continuité de son exploitation, nécessite du matériel approprié pour l’implantation des Cive. Ce qui a permis à la cuma de faire aboutir son projet d’acquisition d’un semoir rapide de précision. Ce dernier comprend plusieurs trémies disponibles pour semer différents types de semences. Le nouveau matériel acheté, un Väderstad Tempo, a bénéficié d’une aide dans le cadre du plan de relance.
Et de matériels de récolte et d’épandage pour les digestats
Plus au sud, c’est la cuma de la Maulde à Saint-Paul, présidée par Christophe Vincent, qui a été réactivée. Créée en 1977, elle connaît depuis 3-4 ans un regain d’activité avec l’entrée en fonction de deux unités de méthanisation sur son périmètre. Cette cuma rassemble dix adhérents. Les investissements entrepris récemment répondent à des besoins fortement liés à l’émergence de ces unités de méthanisation.
Les cuma indirectement impliquées dans la méthanisation
Même si la grande majorité des agriculteurs de la cuma ne sont pas actionnaires des deux sociétés de méthanisation, leurs exploitations sont impliquées. En amont avec l’implantation et la récolte des Cive, et l’apport de fumier. Et en aval, avec le transport et l’épandage des digestats liquides sur leurs parcelles.
Pour effectuer toutes ces missions, la cuma a fait récemment l’acquisition d’un parc conséquent de matériels : une ensileuse, deux tracteurs, un groupe de fauche, une tonne à lisier, un semoir de semis direct, une benne… « Nous avons aussi acheté un épandeur automoteur d’épandage Claas Xérion de 465 ch, avec une cuve intégrée de 16 m 3, qui est dédié à l’épandage des digestats liquides. En parallèle, 4 tonnes à lisier (dont une en cuma), réalisent l’approvisionnement à raison de 100 m3/h. De cette façon, on atténue le tassement des sols et on garde les routes propres » précise Pascal Vincent, adhérent et cheville ouvrière de ce projet.
Primauté de l’injection
« Il existe actuellement 4 à 5 projets d’unités de méthanisation en Haute-Vienne », selon Pascal Vincent, agriculteur-méthaniseur et administrateur référent sur les questions d’énergie renouvelable à la Fncuma et à la Frcuma Nouvelle-Aquitaine qui anime avec la Chambre régionale d’agriculture, MéthaN-Action. Ce dispositif créé et financé par l’Ademe et la Région Nouvelle-Aquitaine accompagne le développement de la méthanisation en Nouvelle-Aquitaine. « Aujourd’hui, il n’existe plus de projet en cogénération, mais seulement des projets d’injection », complète Pascal qui insiste sur le besoin de se former et de s’informer avant de se lancer dans cette activité qui exige une bonne maîtrise technique pour rentabiliser ce type d’investissements.
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