Achat de matériels spécifiques à la méthanisation à la cuma des Jardinets
En effet, c’est grâce à l’association de six agriculteurs de trois villages voisins que le projet voit le jour. Ils y apportent chacun leurs fumiers et cultures énergétiques. À l’époque, l’épandage était géré par l’unité de méthanisation, mais très vite, les besoins en matériels se sont faits ressentir.
C’est ainsi qu’en 2021, sont achetés, par l’intermédiaire de la cuma récemment créée, un tracteur pour tirer les tonneaux de la méthanisation, une faucheuse pour récolter les cive (culture intermédiaire à vocation énergétique) et un rouleau. A suivi une année plus tard, l’arrivée d’un plateau fourrager, d’une herse étrille, subventionnée par un PCAE, ainsi que d’un déchaumeur. La cuma des Jardinets semble aujourd’hui sur les rails et promet un beau développement dans les années à venir.
Diversité des exploitations
Mais il faut avouer que les choses n’étaient pas évidentes dès le départ. « Le processus de création d’une cuma peut être relativement long car il faut laisser du temps pour que les futurs adhérents mûrissent leur projet, raconte Jean-François Verdenal, président de la cuma des Jardinets. Mais ce temps de réflexion est nécessaire. Il faut prendre le temps de définir clairement les attentes et les besoins de chacun, apprendre à se connaître, comprendre le fonctionnement d’une cuma, et pourquoi pas en visiter d’autres, afin de s’inspirer. » Chaque cuma est unique et est le reflet de ses adhérents. Mais réfléchir en amont à son projet permet à tout le monde de se sentir impliqué et d’éviter que certains ne quittent le navire lorsque le projet est lancé.
« Ainsi, malgré le fait que nous avions déjà l’habitude de travailler ensemble, grâce à l’unité de méthanisation et que le projet était relativement simple, car nous étions peu nombreux, nous avons tout de même dû faire face à la diversité des exploitations et des philosophies de chacun, reconnaît Jean-François Verdenal. Ce qui complexifiait les études d’investissements. Malgré cela, nous nous sommes vite rendu compte qu’avec un petit groupe, nous avions besoin de tout le monde pour faire tourner le matériel au mieux et diminuer les coûts de revient. Mais finalement, en réunion, nous trouvons toujours un compromis. »
Ouverture aux autres
« Enfin, nous ne nous attendions peut-être pas aux montants des frais fixes, qui peuvent, proportionnellement à un petit chiffre d’affaires, prendre une part importante de celui-ci. Nous avons donc vite compris que l’intérêt de la cuma, c’était de la faire tourner afin de favoriser l’effet d’économie d’échelle. »
Malgré certaines réticences au départ, la cuma a décidé d’accueillir de nouveaux adhérents afin d’augmenter l’activité des matériels existants. Mais aussi de permettre d’accéder à d’autres matériels. De plus, souhaitant aller plus loin dans leurs réflexions, le groupe a créé un GIEE. « Il nous permettra d’entamer des réflexions sur la gestion de la fertilisation organique et minérale notamment, précise le président. Enfin, une réflexion sur un bâtiment en cuma est encore au stade embryonnaire. »
Établir un règlement
Etablir des règles de fonctionnement dès le départ, ne pas penser que tout va s’autogérer. Définir clairement les rôles de chacun est primordial. Penser qu’une petite cuma peut être entièrement gérée par le président est une erreur. Il faut assimiler les bons réflexes directement, comme définir des responsables matériels par exemple, ou clarifier les rôles des administrateurs. Commencer par du matériel simple, neutre et facile d’entretien, où les jours disponibles pour l’utilisation sont assez nombreux, afin d’éviter les conflits.
« En définitive, pour nous, l’expérience fut très positive, estime Jean-François Verdenal. Il faut y croire jusqu’au bout, même si les doutes s’installent au moment de l’achat du matériel. Il ne faut pas hésiter à se lancer. Plus les adhérents joueront le jeu et mieux la cuma pourra offrir un service efficace à un tarif intéressant. »
Le prix des matériels a explosé
L’entretien du matériel et la main-d’œuvre sont des postes importants dans les charges de mécanisation. De plus, les jours de disponibilité se réduisent avec le changement climatique et imposent le choix de matériels performants et une bonne organisation. « Pour nous, la cuma a pu répondre à ces paramètres, avoue-t-il. Connaître précisément le coût de chaque matériel est également un avantage qu’il est difficile de retrouver en copropriété, par exemple. Enfin, nous pensons qu’il n’a pas de fonctionnement unique. C’est à chaque cuma de construire sa propre organisation. J’irais jusqu’à dire qu’il y a presque autant d’organisation que de cuma, juste quelques règles de fonctionnement et un socle commun à respecter. C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce mode d’organisation », conclut le président de la cuma des Jardinets.