Le contraste était saisissant, lors de l’atelier dédié à la Récolte de la journée MécaMaïs 2023. D’un côté, Franck Camet-Lassalle, président de la Charte Qualité Maïs Classe A, y a détaillé l’importance de faire monter en gamme les maïs récoltés en France.
« Les qualités sanitaire et physique nous permettent de différencier le maïs du Sud-Ouest sur les marchés. » Une qualité, a-t-il indiqué, « qui permet de vendre le maïs plus cher. Mais aussi d’accéder aux marchés industriels qui requièrent des propriétés particulières et des grains irréprochables pour supporter manipulations et procédés. »
De l’autre, Nicolas Thibaud, consultant indépendant et spécialiste du réglage des machines, a déploré la baisse de qualité des maïs récoltés ces dernières années, largement alimentée par de mauvais réglages et paramétrages des moissonneuses-batteuses.
Égrenage du maïs: 7 t/ha de pertes en 2022!
Les conséquences peuvent être lourdes: « En 2022, année sèche s’il en est, la moyenne des pertes s’élevait à 7 t/ha, en raison de l’égrenage, dû à des cueilleurs souvent mal réglés, » a relevé Nicolas Thibaud.
« Cette année, les structures d’épis se présentent beaucoup mieux », a tempéré l’expert, « même si les pertes en France lors de la phase de récolte tournent en moyenne à 3 t/ha en maïs. »
Pas de mauvaise machine
« Sur les batteuses d’aujourd’hui, le mot d’ordre [des constructeurs, ndlr] est: le moins d’interventions possibles », a-t-il analysé. « Les grilles des contre-batteurs sont mixtes, les zones d’entretien et les pièces difficiles d’accès… Or, c’est à vous de vous faire votre batteuse », a-t-il lancé à l’adresse des chauffeurs qui assistaient à l’atelier.
« Les pires catastrophes? », a-t-il demandé à l’assemblée, avant de répondre: « les réglages de base numériques, sur écran. »
« Pourtant, n’importe quelle machine, quelle que soit sa marque, peut sortir des grains de grande qualité, » a-t-il souligné. « Celles d’aujourd’hui, bien réglées, peuvent récolter avec des qualités équivalentes à celles du ramassage manuel. »
« Mais cela implique un travail en amont très important: 90% du travail de réglage de la moissonneuse-batteuse se fait l’hiver, à l’atelier », a indiqué Nicolas Thibaud.
62 points de contrôle!
Sachant qu’une batteuse comporte en moyenne une soixantaine de points de contrôle. Avec quelques éléments stratégiques.
En premier, la propreté et le graissage de la machine « avec de la graisse de qualité alimentaire, » recommande Nicolas Thibaud. « Nous produisons, et c’est une tendance qui va s’amplifier de plus en plus, pour de l’alimentation humaine. Pour ne pas se retrouver avec des hydrocarbure dans la farine, c’est un détail qui compte. »
Et la puissance? « Il s’agit d’un paramètre sur une soixantaine à prendre en compte », tranche-t-il. En revanche, un cueilleur mal réglé occupe jusqu’à 42 chevaux par élément, (soit 242cv pour 6 rangs, ndlr). Bien réglé, c’est 18 chevaux! »
Le cueilleur à maïs: une sacrée préparation
« La préparation d’un cueilleur, c’est un travail de dingue », a-t-il noté. « C’est d’une précision millimétrique! »
« Tout comme les réglages batteurs / contre-batteurs, qui doivent pouvoir faire entrer les épis entiers et voir ressortir les rafles intactes. L’alimentation aussi avec deux mots d’ordre: la régularité et l’homogénéité. »
L’expert a aussi mis l’accent sur le régime ou encore le choix des grilles de contre-batteur, dont l’agressivité doit être en relation avec la fragilité -donc le taux d’humidité- des grains de maïs.
Les formations aux réglages des moissonneuses-batteuses sont proposées en routine par les fédérations de cuma.
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