Non content de tirer parti de l’arbre dans la haie, l’agriculteur précurseur le place désormais aussi à l’intérieur même de ses parcelles. En tant qu’éleveur, Dominique Bordeau a toujours considéré «que la haie fait partie de mon métier», explique-t-il à l’occasion d’une journée porte ouverte sur sa ferme(1). Béatrice, sa femme, avec qui il dirige un élevage de 57 laitières sur une quarantaine d’hectares, «avait travaillé pour Dominique Soltner». Aussi le sujet de l’intérêt technique de l’arbre dans un système ne lui était pas étranger.
Valorisation grâce aux cuma
Dès leur installation en 88-89, ils démarrent un travail de plantation de haies. «Pour le confort des animaux.» Puis, grâce aux cuma, l’idée du déchiquetage est arrivée «et ça nous a plu. On a pu entretenir les haies car, avant cela, nous n’y touchions pas et c’était un inconvénient» et les valoriser, puisque l’énergie bois a alors remplacé le fioul dans le cœur du corps de ferme. «Notre poulailler a été le premier de France à être chauffé au bois», se souvient Dominique. Une satisfaction! «En 3 ans, la chaudière était amortie» et leur réseau bocager avait conforté sa place car, «pour la gestion technique de la haie, il faut l’exploiter», résume l’éleveur désormais expérimenté sur le sujet. Et en Mayenne, les cuma le permettent: «Elles ont su avancer. Nous avons maintenant deux déchiqueteuses identiques qui fonctionnent…» Une autre satisfaction.
Evolution
Il y a six ans, les éleveurs, tout juste convertis AB, se lancent dans l’agroforesterie à l’échelle intra-parcellaire, cette fois. Deux objectifs principaux les y ont conduits: «Adapter notre système au changement climatique et augmenter la productivité de la parcelle.» Vous avez bien lu: en plantant un alignement d’arbres à intervalle régulier, «il faut des multiples de trois» pour continuer d’utiliser les matériels agricoles standards.
Dominique entend produire plus dans ses champs. Bien entendu, il se place sur le long terme, pas à l’échelle d’un exercice comptable. Néanmoins, sur le court et moyen terme, avec l’agroforesterie, «on investit pour la vie de la parcelle. Dès la première année, on voit un effet sur la biodiversité», illustre-t-il. En croisière, au-delà de la vente éventuelle de noix et de la valorisation de sa culture de bois d’œuvre, il espère aussi récolter de l’azote: de l’ordre de 50unités/ha que le capital qu’il a implanté devrait mettre à disposition des cultures annuelles ou prairies.
(1) Dans le cadre d’une opération de la chambre d’agriculture de la Mayenne, 24 entreprises agricoles du département accueillaient le public sur 2 journées, les 24 novembre et 1er décembre.
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