Leviers mécaniques et biologiques pour l’infiltration de l’eau dans le sol
Pour améliorer la capacité drainante d’un sol, on vise avant tout à augmenter sa porosité. Pour cela, l’agriculteur possède deux leviers :
- Le travail du sol ;
- Le dynamisme de sa vie biologique.
Le premier levier à actionner est le travail du sol afin de réduire les agrégats. « Il n’y a pas que le labour, ajoute l’ingénieure. Il faut adapter le type d’outil selon le niveau de tassement du sol. »
Toutefois, le travail mécanique crée des porosités assez éphémères. Les microporosités formées sont horizontales et donc plus sensibles au tassement et aux passages des outils en surface. À cela s’ajoute une action limitée en profondeur. Toutefois, « il ne faut pas vouloir cloisonner les choses, estime Charlotte Demay-Journel. Dans certains cas, le travail mécanique du sol est nécessaire ».
Vers une infiltration durable
L’autre levier est l’amélioration de l’état biologique du sol. Le principe est de s’appuyer sur les racines des plantes, la vie microbiologique des sols et la matière organique qui s’y trouve pour accroître sa porosité. « Il s’agit là de former un macroporosité vertical, plus durable et plus efficace », précise l’ingénieure.
Avec un sol couvert, forcément, la goutte d’eau a un impact moins violent. L’eau est en effet retenue et a donc davantage le temps de s’infiltrer. « Les racines permettent une plus grande porosité, mais aussi une interconnexion entre les pores », ajoute Charlotte Demay-Journel.
L’un avec l’autre
La matière organique, quant à elle, va en se désagrégeant apporter de la colle entre les agrégats. Elle va ainsi mieux retenir l’eau, mais composer des poches d’eau dans les couches du sol. Améliorer la porosité de son sol est bien sûr un travail de longue haleine.
Avant d’en arriver là, il ne faut pas prendre à la légère les quelques conseils préventifs qui consistent à récolter les cultures dans de bonnes conditions d’humidité pour ainsi éviter le tassement du sol et former, par conséquent, une imperméabilité difficile à récupérer.
Les petits trucs à faire dans n’importe quelle situation
Établir un diagnostic de ses sols pour analyser la porosité apparente. Il s’agit de réaliser un profil de sol plus ou moins précis pour avoir une idée de l’état du sol. « On peut le faire grâce à diverses méthodes : test bêche, un mini-profil au télescopique, profil cultural… Charlotte Demay-Journel, ingénieure chez AgroTransfert.
En analysant la structure du sol, l’agriculteur pourra constater des zones plus ou moins tassées, que ce soit sur l’horizon travaillé ou celui pédologique. » Selon l’état, il pourra mettre en place des mesures correctives. En revanche, si le tassement est profond, il faudra du temps pour rétablir une structure correcte.
La priorité quand le sol ne draine plus c’est…
D’évaluer la porosité du sol afin d’adapter le travail du sol si besoin pour le corriger, mais aussi de le couvrir pour mieux infiltrer l’eau.
Ennemi n° 1 de l’infiltration de l’eau dans les sols : la battance
Un sol travaillé finement et nu est très sensible à une perte de porosité. Un sol pauvre en matière organique présente des agrégats très peu stables. Il suffit d’une goutte d’eau pour que l’équilibre soit rompu et crée une croûte de battance en surface… compromettant complètement l’infiltration de l’eau et provoquant des ruissellements.
Infiltration et érosion, même combat
Pour améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol, il ne faut pas oublier les ouvrages qui aménagent la parcelle. Ce sont les mêmes que pour limiter l’érosion, car dans les deux cas, il s’agit bien de retenir l’eau pour qu’elle soit absorbée rapidement dans la terre. Il y a maintenant deux raisons pour implanter des haies, des fascines, des bandes enherbées, des couverts végétaux…