Il existe plusieurs pistes qui permettent malgré tout de démultiplier les économies. « À part raisonner les besoins et les options, le partage des matériels en cuma représente la piste d’économie évidemment la plus importante sur l’achat de matériels », souligne Louis-Henri Rossignol, animateur agroéquipement au sein de la fédération des cuma du Lot.
« Mais on peut faire aussi d’énormes économies en raisonnant l’usage des matériels », soutient-il. Voici quelques exemples concrets issus de son expérience en tant qu’animateur… et agriculteur lotois.
En viti, tondre le cavaillon et écimer en un passage
La cuma viticole du Rupestris possède une rogneuse pour l’écimage, montée sur une tondeuse. Cela permet aux adhérents de tondre le cavaillon et d’écimer en un seul passage. Ce dispositif a coûté 26 000 € à l’achat. La cuma le facture 20 € de l’heure.
L’économie réside dans ce cas dans la diminution du nombre de passages qui permet de diviser la quantité de carburant et de main-d’œuvre.
– Un passage au lieu de deux, ce sont 35 à 45 €/ha d’économies
Des semis « trois-en-un »… voire « quatre-en-un »
Dans les cuma de Saint-Maurice-en-Quercy et de Tourtal à Baladou, les adhérents peuvent bénéficier d’opérations de semis « trois-en-un » voire « quatre-en-un », en s’appuyant sur le semoir Vaderstad Tempo T6.
Ce semoir monograine est une machine très polyvalente, que l’on peut utiliser soit pour des opérations de semis direct, soit pour du semis conventionnel », pointe Louis-Henri Rossignol.
À la cuma de Tourtal, adhérents et responsables ont choisi de coupler le passage de leur semoir à des opérations de fertilisation et passage de microgranulateur.
Idem à la cuma de Saint-Maurice-en-Quercy, où les adhérents ont, en outre, la possibilité d’ajouter à ce passage la pulvérisation sur le rang pour le désherbage en prélevée.
« Dans ces deux cuma, précise Louis-Henri Rossignol, les équipes ont fait le choix de la précision, avec des équipements de guidage par GPS, pour assurer ensuite le passage de la bineuse guidée par GPS. »
« Ce sont des choix qui peuvent s’appliquer à tous les itinéraires culturaux. Et qui permettent évidemment là encore de réduire le carburant lié aux passages pour ces opérations, si on choisissait de les réaliser les unes après les autres », résume l’animateur.
– Un passage au lieu de trois, ce sont 70 à 80 €/ha d’économies
Raisonner le séchage du foin, ne pas labourer systématiquement
« Sur le séchage du foin, je vois souvent des raisonnements systématiques, du type : « pour bien faire, il faut faner x fois avant d’andainer », remarque Louis-Henri Rossignol, qui est également éleveur.
« Or, en conditions séchantes, on peut, pour le même résultat, réduire le nombre de fanages et laisser le foin sécher directement en andains. Et je parle d’expérience », précise-t-il.
Dans la même veine, étant donné le coût en temps et en carburant d’un labour, « un agriculteur peut choisir de ne pas labourer, par exemple une prairie temporaire. On peut tout à fait se contenter d’un décompactage, beaucoup moins impactant », souligne l’animateur.
« Culturellement, il existe des normes, pour le labour comme pour le fanage, des règles implicites qui permettent de « ne pas se rater », de sécuriser les itinéraires. Le labour systématique en fait partie. On se dit qu’un champ qui est bien travaillé, où la terre est bien fine, bien émiettée, c’est du « beau boulot ». »
« Mais aujourd’hui, les marges se réduisent drastiquement. Et tout le monde va devoir devenir plus sobre. Ce que nous faisons, automatiquement, ce que nous considérons être du « travail bien fait », pour sécuriser certaines opérations, nous devons désormais le raisonner davantage, car cette « sécurisation » coûte de l’argent. Et peut finir par mettre en péril la rentabilité des exploitations. Il faut revoir nos standards, pour faire juste ce qui est nécessaire », explique l’animateur.
– Un fanage en moins, ce sont 30 €/ha d’économies
Le labour à toujours ses adeptes, cependant il est préférable avant de commencer de bien vérifier la nécessité. En effet, le débit de chantier d’un labour oscille entre 0,8 ha et 1 ha par heure avec une charrue 5 corps, pour un coût moyen de 22 €/ha. Quand au débit de chantier d’un décompactage, il atteint en moyenne 1,5 ha/h, pour un coût moyen de 11 €/ha.
Rapportées à l’hectare, ces économies peuvent sembler modestes, mais à l’échelle d’une exploitation et au fil du temps, elles peuvent parfois avoisiner les 700 à 800 € par opération, si l’on additionne les heures de traction, le carburant et le coût de l’outil.
Éviter les recoupements à l’épandage d’engrais
À l’heure des intrants à prix élevé, la question des apports d’engrais précis et réguliers est d’autant plus importante. La cuma du plateau de Limogne n’a pas attendu les dernières flambées pour s’intéresser à ce sujet. Après un temps de réflexion, elle a sauté le pas. Elle s’est équipée d’un distributeur à engrais Amazone ZA/V 2700 à pesée dynamique, équipé d’un GPS autonome ainsi qu’un DPAE. Le tout pour un montant de 28 200 €.
Les options d’équipement existantes facilitent l’épandage de l’engrais. Le guidage GPS notamment évite le recroisement. On peut estimer l’économie d’engrais de 10 à 20 % selon la forme des parcelles.
La coupure automatique de tronçons permet d’être plus précis à 2 mètres près. L’économie d’engrais peut aller jusqu’à 5 %. Enfin, la DPA et la pesée automatique permettent de réduire les apports jusqu’à 5 % du volume habituel.
L’avenir de ce type d’outil en cuma passe de plus en plus par le haut de gamme, avec une possibilité de s’adapter facilement à des fractionnements d’apports, d’obtenir des informations précises et traçables et dans le cas de la cuma du plateau de Limogne d’avoir le tracteur dédié, pour plus d’efficacité.
– Zéro recoupement, ce sont au final 10 à 30 % d’économies sur la facture d’engrais
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