Plus de trois répondants sur quatre n’ont pas identifié d’alternative crédible à l’utilisation du glyphosate dans leur situation. Une enquête en ligne lancée l’été dernier par plusieurs instituts techniques(1) rend ses verdicts.
Le premier est que les producteurs ont envie d’aborder le sujet, partager leurs pratiques mais aussi leurs inquiétudes. Celles-ci se sont largement exprimées dans les réponses à l’enquête basée sur le volontariat. Avec la perspective de l’interdiction de l’herbicide en France, «il s’agissait de mieux connaître les usages du glyphosate dans les systèmes de grandes cultures», rappelle le communiqué. L’enquête revendique «plus de 10.000 réponses recueillies», dont plus de 7.500 complètes.
Impacts sur les pratiques, les matériels et la main-d’œuvre
Parmi elles, 5% sont venues de non-utilisateurs de glyphosate. Chez eux, la gestion des adventices passe par un changement de système (agriculture bio) ou par un allongement des rotations. Mais aussi par des interventions de travail du sol (labour, faux-semis, etc.). «Il n’y a donc pas de solutions ‘novatrices’ à court terme pour compenser l’absence de glyphosate», analysent les auteurs. Avant de rappeler les conséquences de ces stratégies sur les charges liées aux investissements en matériel. «70% environ des répondants devront se rééquiper […] augmenter les puissances de traction». Sans oublier les coûts de main-d’œuvre et les conséquences sur l’organisation des exploitations.
Des usages différents selon les stratégies d’itinéraires
Sur l’ensemble des répondants, la très grande majorité se constitue donc d’utilisateurs. Les experts en déterminent deux catégories. «Il apparaît que les répondants en système labouré sont plutôt des utilisateurs ponctuels de glyphosate (1 année sur 3). Sur des surfaces limitées (moins de la moitié de l’exploitation). À des doses assez importantes (environ 3 l/ha, variables selon les usages: jusqu’à 5 l/ha sur vivaces).»
À l’inverse, les répondants en non-labour utilisent plutôt l’herbicide tous les ans, sur toute leur SAU. Mais à des doses faibles (environ 1 l/ha, voire moins en interculture d’été).
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Lutte contre les vivaces, destruction des repousses ou annuelles, entretien des bords de ferme… Les différents usages principaux du glyphosate «sont pleinement justifiés car efficaces et peu chers» aux yeux des experts. Ils soulignent un élément «important à retenir: l’usage de glyphosate n’est pas irraisonné, il est utilisé dans des situations le requérant».
Dans les réponses libres, les résultats dégagent la grande ampleur des inquiétudes des chefs d’exploitations. Pour eux, la balance bénéfices/risques du retrait du glyphosate n’a pas été clairement établie. Sans parler de la question de «la concurrence dans une économie ouverte, face à leurs voisins encore utilisateurs», clairement exprimée par de nombreux répondants.
Il ressort que les contraintes induites augmentent les incertitudes sur la viabilité de systèmes tels qu’ils sont menés aujourd’hui. «Citons par exemple les systèmes en agriculture de conservation: ils sont vertueux sur de nombreux sujets (sols, érosion, etc.). Mais ils dépendents étroitement de l’utilisation du glyphosate.»
(1) Acta, Arvalis, Fnams, ITB et Terres Inovia
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