On dénombrait en France 18 000 robots d’élevage en 2023 (robots de traite, d’alimentation, racleurs et repousse fourrage). Un chiffre en forte progression, puisqu’ils n’étaient « que » 10 000 en 2018. Autrement dit, aujourd’hui en France, 25 % des exploitations laitières ont un robot. Le déploiement des robots dans les secteurs viticole, maraîcher et de grandes cultures est certes moins avancé. Mais il affiche tout de même une belle progression : de 100 en 2018 à 600 en 2023. Focus sur le déploiement de la robotique agricole en 2024 et sur les enjeux à anticiper.
Robotique agricole 2024 : 4 questions à Marie-Flore Doutreleau
Résumé : Marie-Flore Doutreleau (responsable des démonstrations au Fira) dresse un état des lieux du déploiement de la robotique agricole en France en 2024. En outre, elle présente ce que savent faire aujourd’hui les robots dans les différents secteurs agricoles. Elle revient également sur les motorisations des robots : quelle tendance entre le thermique et l’électrique ? Ensuite, elle détaille les éléments à anticiper avant d’adopter un robot sur son exploitation. La question du prix d’un robot agricole en 2024 est également abordée, ainsi que l’impact que peuvent avoir les cuma dans le déploiement de la robotique agricole.
L’adoption d’un robot augmente avec la valeur ajoutée de la culture
Par ailleurs, Bruno Tisseyre (professeur à Montpellier SupAgro) explique au Fira 2024 les points à anticiper avant de se lancer dans la robotique. En mettant de côté les robots d’élevage, aujourd’hui, le secteur viticole représente 45 % des robots en activité, le maraîchage 45 % et les grandes cultures 10 %. « L’adoption des robots augmente avec la valeur ajoutée des cultures. […] Le robot demeure un gros investissement et il y a aussi un saut technologique à effectuer, ce qui explique qu’aujourd’hui, ce changement se fait majoritairement dans les cultures à haute valeur ajoutée. »
« Pour comprendre ce que peuvent apporter les robots, il faut tenir compte du changement des pratiques agricoles en cours. » Aussi, Bruno Tisseyre prend l’exemple du désherbage mécanique viticole. Si une personne est capable de gérer le désherbage de 15 ha avec une stratégie axée sur la chimie, ce chiffre recule à 13 ha si elle opte pour le désherbage mécanique. « Les changements de pratique génèrent des problèmes de main-d’œuvre auxquels les robots peuvent répondre », affirme-t-il.
Les robots peuvent aussi répondre à une attente de confort. « Prenons l’exemple du guidage GPS des tracteurs, poursuit le professeur. On observe une adoption généralisée de cette technologie en seulement 10 ans. C’est extrêmement rapide. » Aujourd’hui, un tracteur de grandes cultures est quasiment prêt, technologiquement parlant, à être automatisé.
Une adoption qui s’anticipe
Ensuite, Bruno Tisseyre fait un parallèle entre le développement des machines à vendanger et celui des robots. « La présentation de la première machine à vendanger date de 1970, mais il a fallu 20 à 30 ans pour adapter le vignoble à ces machines (écartement des rangs, voies d’accès aux parcelles, forme des bordures, etc.). »
« C’est exactement la même chose pour les robots agricoles. » En effet, le fonctionnement d’un robot agricole requiert une cartographie et un descriptif standardisé des parcelles, une couverture internet, un guidage RTK ou encore une alimentation électrique pour certains modèles. « Il y a beaucoup de paramètres à anticiper et l’accompagnement technique des industriels reste déterminant dans le succès du changement. Le robot de traite a été largement adopté grâce à des services de conseils et aux SAV des marques du marché. »
Enfin, un mot sur les cuma qui auront un rôle à jouer. « Plutôt que de raisonner l’automatisation de son exploitation, avec les contraintes de transport associées, mieux vaut penser automatisation d’un secteur, d’un ensemble de parcelles appartenant à différents propriétaires qui se partagent le robot. » Une gestion plus intelligente selon le professeur, qui permet un partage du coût mais aussi du risque.
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