L’ensilage d’épis peut tenir une place variable dans un assolement et un système fourrager. Pour autant quelques choix et précautions en favorisent la pertinence et la réussite. Avec une forte teneur en amidon, et la présence de fibres apportant une certaine sécurité vis-à-vis du risque acidogène (par rapport à des céréales ou du maïs grain humide), il est un moyen de densifier les rations en énergie. En engraissement ou vaches laitières, il trouve sa place principalement en complément d’une part importante de fourrages fibreux (herbe, méteils ensilés, luzerne…).
Maximiser le rendement
Tout commence au choix des doses. Si dès le semis du maïs, il est prévu de récolter une partie en maïs épi, il sera judicieux de porter son choix variétal vers des hybrides ‘grain’ qui offrent un potentiel de rendement supérieur. Si la récolte sous cette forme n’est qu’une éventualité, il peut alors être intéressant de s’orienter vers des hybrides ‘fourrages’ dont le profil énergétique est orienté ‘amidon’. Dans des conditions de culture similaires, ces variétés présentent des potentiels de rendement en grain supérieurs, tout en restant pertinentes pour une éventuelle valorisation en ensilage plante entière. L’objectif est de maximiser le rendement en énergie valorisable par l’animal, tout en tenant compte de la faculté de ce fourrage à être conservé par ensilage.
Moins d’UF mais plus concentrées
Pour concilier ces objectifs, la récolte à une teneur en MS de l’épi comprise entre 50 et 60 % MS, selon les conditions de végétation, le gabarit et le remplissage de l’épi, constituent le meilleur compromis. Le grain présente alors une humidité comprise entre 38 à 35 %. Cela correspond à un besoin en somme de températures supplémentaire de 150 à 200 ° C jours (base 6-30° C) après le stade maïs fourrage plante entière 32 % MS. Selon les conditions météos, atteindre ce cumul peut prendre de 10 jours à plus de 3 semaines. Passé le stade point noir, autour de 35 % d’humidité du grain pour les variétés précoces, un peu moins pour les demi-précoces, le rendement maximal est atteint. Dès lors, la digestibilité des fibres, bien que présentes en faible quantité, diminue fortement. Enfin, plus le stade de récolte est tardif, plus la proportion d’amidon vitreux est importante sur les variétés précoces (grain corné à corné-denté), ce qui diminue la dégradabilité ruminale de l’amidon.
Attention à l’éclateur
En conditions normales de végétation et récolté entre 50-60 % MS, l’épi complet représente en moyenne entre 60 et 65 % de la biomasse de ce même maïs fourrage récolté à 32-35 % MS plante entière. Bien que cet aliment soit très concentré en termes d’énergie, il n’en reste pas moins que la quantité d’UF totale récoltée par hectare est nettement inférieure par rapport à un ensilage classique. En termes de bilan fourrager, ce paramètre doit absolument être intégré. A ces stades de maturité où l’amidon vitreux est très présent, il est essentiel d’éclater chaque grain afin de préserver sa capacité à être digéré. Chaque grain devra être cassé en quatre morceaux minimum et aucun ne devra être intact à la sortie de la goulotte. Sachant que cette récolte intervient plutôt vers la fin de la campagne d’ensilage, les éclateurs peuvent se trouver suffisamment usés pour justifier un remplacement. Cela doit constituer un point de vigilance pour les opérateurs de la récolte.
En complément : un essai comparatif d’éclateurs d’ensileuse, le témoignage d’une cuma de Vendée sur le maïs épis, et dans une cuma des Deux-Sèvres.