L’intercuma, une histoire d’hommes

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L’intercuma, une histoire d’hommes

La cuma du Mechet a choisi d'interagir avec ses cuma voisines pour différents chantiers. Ici elle est accompagnée d'un adhérent de la cuma de la Muse.

La cuma du Méchet travaille avec trois autres cuma de son secteur, que ce soit pour le partage de son matériel comme pour son bâtiment. Une manière de s’ouvrir et de découvrir d’autres organisations.

Travailler avec les cuma voisines, c’était comme une évidence pour la cuma du Méchet, située à Saint-Fougeot, en Saône-et-Loire. D’aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Clément Barney, président, la cuma a toujours travaillé avec celle de la Nouvelle située à une dizaine de kilomètres. Même si leurs interactions ne sont que ponctuelles, elles se rendent bien service. Les deux cuma qui se partagent leurs adhérents ont tout de même choisi d’adhérer l’une à l’autre. « On se contacte pour du dépannage, explique Clément Barnay. L’année dernière, la cuma est venue ensiler quatre hectares d’un adhérent car nous étions en panne. Disons que si nous avons un souci, c’est vers la cuma la Nouvelle que nous nous tournons en premier lieu. » Retour sur l’ensilage en intercuma.

Ensilage en intercuma pour du dépannage

Dans d’autres cas, c’est parce que les cuma respectives n’ont pas assez de volumes pour acheter leur propre matériel qu’elles font de l’intercuma. La cuma du Méchet met à disposition son trieur de graines et son semoir Guttler lorsque le besoin se fait ressentir. À l’inverse, la cuma la Nouvelle propose sa tonne à lisier, son strip-till ou son ensileuse.

Pourtant, toutes les deux disposent de matériels et d’organisations bien différents. À l’image des ensileuses. À la cuma du Méchet, c’est une John Deere 8100 conduite par trois adhérents. À la cuma La Nouvelle, c’est une Jaguar 840 pilotée par le salarié de la cuma. Les prix sont donc différents.

En 2024, c’est la cuma du Méchet qui est venue prêter main-forte en ensilant 22 ha à la cuma la Nouvelle. Alors que l’année précédente, c’était l’inverse avec 5 ha ensilés par la cuma la Nouvelle. Pour pouvoir accéder à ces machines, la cuma du Méchet s’est engagée à la hauteur d’un hectare dans l’ensileuse de la cuma voisine.

Lorsque le cas se présente, l’organisation des chantiers est un peu bouleversée, mais les chauffeurs tentent de ne pas trop impacter les adhérents. « On finit avant tout le chantier de la journée, vu qu’il n’y a pas de gros chantier, explique Clément Barnay. Et après, on dépanne l’autre cuma avant de poursuivre chez un autre adhérent. »

Conserver son identité

Au total, chaque année, la cuma du Méchet verse au maximum 5 000 €/an de services, soit à peine 2 % de leur chiffre d’affaires. « L’intercuma et les mises à disposition de matériel rendent service aux adhérents, quand elles ne nous sauvent pas la mise », reconnaît Clément Barnay. La proximité avec les soixante adhérents de la cuma du Méchet facilite également ces activités.

Toutefois, les deux groupes restent bien distincts malgré tout. « Nous n’avons pas l’intention de mutualiser nos outils, prévient Jonathan Bazot, vice-président de la cuma du Méchet. Nous n’avons pas les mêmes stratégies de gestion et nos tarifs sont calculés différemment. »

Lorsqu’un matériel est renouvelé, les cuma s’informent entre elles et évoquent des potentiels changements de surfaces. « On continue tout de même à prendre nos décisions seuls, car les volumes travaillés dans les cuma voisines sont peu représentatifs et varient beaucoup selon les années », souligne Clément Barnay.

Ensilage en intercuma : deux autres cuma

Mais ce n’est pas tout. La cuma du Méchet travaille également avec celle de Monthelon, la commune voisine. Avec celle-ci, l’échange est unidirectionnel. « Nous leur louons une partie de notre bâtiment pour qu’ils puissent loger leurs matériels, explique le président. Ça s’est fait par le bouche-à-oreille. Nous avons construit un bâtiment de grande superficie pour avoir de la place. Ensuite, nous nous sommes rendu compte qu’il allait être trop vaste pour nous. Nous l’avons ouvert aux autres cuma pour essayer de créer une cohésion entre cuma. » La cuma de Monthelon, dont le président est adhérent, s’est donc rapidement engagée dans le projet.

Il en est de même pour la cuma de la Muse, située également à quelques kilomètres de là. Elle loue une travée du bâtiment pour héberger sa moissonneuse-batteuse. « Nous essayons de nous entraider », ajoute-t-il. Comme pour les boîtiers Karnott. La cuma du Méchet a en effet mis à leur disposition trois boîtiers cet été pour qu’ils puissent les essayer sur leur chantier de moisson.

Si les cuma font de nombreux échanges, les adhérents de chaque cuma n’hésitent pas à s’entraider. « Nous avons beaucoup de chantiers en commun, que ce soit pour les épandages ou l’ensilage, admet le vice-président. Et pour cela, on ne passe pas forcément par la cuma. »

Des choix assumés

D’où l’intérêt de travailler avec d’autres cuma. S’il est nécessaire d’échanger certains matériels, car les volumes sont peu suffisants ou lorsqu’il y a un coup de bourre, l’intercuma permet de s’ouvrir aux autres groupes. Ainsi la cuma du Méchet rappelle son identité. « Notre cuma reflète notre manière de penser, explique Jonathan Bazot. Le fait de travailler avec d’autres cuma nous permet de nous comparer et de mieux distinguer nos besoins et nos choix. »

La cuma du Méchet, elle, préfère favoriser le confort de travail en proposant du matériel robuste, fiable et peu chargé. Mais le groupe reflète également la géographie et son histoire. « Nous avons davantage de chantiers, mais les surfaces sont plus petites, poursuit-il. Nous avons également des machines plus âgées, car on mise sur leur longévité. » Alors que d’autres vont plus se focaliser sur les prix.

Un trieur de graines dimensionné pour les autres

La cuma du Méchet se partage un trieur de graines acheté en 2022. Avant d’investir dans ce matériel, le président savait que d’autres cuma seraient intéressées par ce matériel. Le groupe a donc décidé de dimensionner son achat avec une capacité au-delà des engagements.« Le trieur doit servir aux adhérents de la cuma, rappelle Clément Barnay, président de la cuma du Méchet. Si d’autres cuma sont intéressées, c’est mieux, mais cela ne doit pas être au détriment de nos adhérents. »

Ainsi, en 2024, 135 tonnes de grains ont été triées, avec quelque 27 tonnes pour la cuma de la Muse.

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