Intercuma des Trois-Rivières : une réorganisation 100% confort pour l’épandage !

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Intercuma des Trois-Rivières : une réorganisation 100% confort pour l’épandage !

L'intercuma Trois-Rivière, en Ille-et-Vilaine, a procédé à la réorganisation du service d'épandage de son groupe.

Un épandage au top, des amplitudes horaires resserrées pour les salariés: l’intercuma des Trois-Rivières, en Ille-et-Vilaine, a désormais trois ans de recul sur la réorganisation de son service d’épandage. Le pari, osé à l’époque, est désormais gagné.

Les communes de la périphérie de Rennes, où des exploitations d’élevages en bovin, lait, viande et porc structurent le paysage. Les acteurs : cinq cuma des communes de Bruz, Chavagne, Mordelles, Saint-Thurial et Pacé, qui composent l’intercuma des 3 Rivières, présidée par Stéphane Brizard. Ensemble, ils ont procédé à la réorganisation du service d’épandage de son groupe. Découvrez comment cela s’est passé.

Réorganisation du service d’épandage : mutualisation et innovation

L’intercuma poursuit une stratégie commune à l’ensilage et à l’épandage du lisier. La mise en commun de volumes contrebalance le coût élevé pour du matériel performant. Dès 2007, un ensemble tracteur-tonne de 20 000 l épand 35 000 m³/ an, n’imposant pas à l’intercuma d’embaucher directement de salarié. Ceux des cuma adhérentes assurent alors la conduite, en se relayant pour garantir la continuité des chantiers. Leur logistique était quasi militaire afin que le matériel tourne nuit et jour.

Début 2020, des adhérents de l’intercuma font émerger deux projets de méthanisation. Une question anime alors les réunions trimestrielles des administrateurs. Faut-il répondre à ce nouveau besoin ? Avec la possibilité de doubler le volume de l’activité d’épandage, sans chercher de volume extérieur. Le conseil d’administration propose un vote dont le résultat est sans équivoque : oui, à l’unanimité.

S’ensuit alors la création d’un groupe dynamique, qui devra amorcer tout le travail d’adaptation du collectif et réfléchir aux investissements, une priorité. Car le parc matériel à ce moment-là ne peut pas absorber le doublement du volume. De démonstrations auxquelles ils assistent, différents membres du groupe reviennent avec l’idée de l’automoteur. Plusieurs mois de débats sont nécessaires à la maturation de la décision. Certains, plutôt pro tracteurs-tonne, voyaient dans l’automoteur la limite qu’il ne servirait qu’aux seuls chantiers de lisier.

Finalement, le collectif opte pour l’outil spécialisé, à l’unanimité une nouvelle fois. Parmi les arguments qui comptent, les cumistes retiennent l’efficacité des chantiers. En outre, ce sera la fin des tournées 24 h/24, un meilleur confort de vie pour les salariés. Certes, les devis qui tombent impliqueront un coût au mètre cube un peu plus élevé, compensé par la qualité de la rampe et des gains agronomiques associés aux enfouisseurs à prairie et à disques.

Travaux d’équipe

Restent d’autres questions de matériels et d’organisation. Car autour du Vredo VT4546 19500V sur lequel ils ont jeté leur dévolu, les agriculteurs devront engager des tonnes de ravitaillement qui amènent le lisier depuis la fosse au champ : au moins deux ensembles tracteur-tonne. En conséquence, le chantier d’épandage implique désormais trois chauffeurs, au minimum.

Dès 2022, l’intercuma crée donc un poste. Malheureusement, le recrutement échoue. Si face à l’urgence, la cuma de Pacé met à disposition un chauffeur pour l’automoteur, l’organisation est ébranlée. À l’issue de cette première campagne sous tension, le président sait que le groupe doit résoudre l’organisation en amont de la saison suivante.

En février 2023, l’intercuma recrute Adrien Bougeard. Stéphane Brizard, sentant le potentiel de ce salarié, décide, en accord avec le conseil d’administration, de structurer en profondeur la cuma et ses activités. L’ambition est de l’accueillir au sein d’un groupe, et sur un poste structuré

L’intercuma soigne son organisation et la réorganisation du service d’épandage

La coopérative fait appel à la fédération des cuma de Bretagne, pour un DiNA cuma qui porte sur la gouvernance, puis accompagne la prise de poste avec un Défi Emploi. Ce processus clarifie les rôles et les responsabilités de chacun.

En tant qu’interlocuteur principal de l’intercuma, Adrien Bougeard est chargé de construire le planning de l’automoteur. Le vendredi midi, il doit disposer de toutes les informations sur les chantiers à réaliser. Via le site de cartographie Felt, les adhérents renseignent les paramètres, qui permettent à Adrien Bougeard de transférer les demandes de main-d’œuvre aux cuma de Pacé et de Chavagne pour les véhicules de ravitaillement.

Romain Marqué, administrateur d’une de ces cuma, insiste sur un ingrédient de la réussite : « Ce qui fait l’efficacité du système, c’est le respect de la règle pour la réservation des chantiers. » Ysé Soulard, animatrice emploi à la fédération des cuma de Bretagne, enfonce le clou : « Oui, il y a des heures, mais l’organisation est saine et allège la charge mentale de chacun. »

Le travail et équipe et l’effort sur les horaires appréciés

Deux saisons complètes confirment l’estimation du volume annuel dressée en 2020 : 55 000 m³. Les salariés apprécient :

  • L’effort sur les horaires ;
  • Le travail en équipe ;
  • Le confort ;
  • La possibilité d’entrer dans des parcelles grâce à la multiplication par quatre de la surface de contact de l’automoteur.

« Nous circulons beaucoup moins la nuit dans les lotissements, et nous ‘sortons’ moins de terres de nos parcelles aussi, précise Stéphane Brizard. Sans compter les gains agronomiques, qui accompagnent la réduction des pertes d’ammoniac. »

Cependant, l’automoteur en réalise une part bien supérieure à celle de l’ensemble tracteur-tonne et le déséquilibre se traduit sur le plan comptable. À 5,80 €/m3, l’automoteur couvre ses charges. Ce n’est pas le cas en revanche pour l’ensemble tracteur-tonne dont le tarif a pourtant été porté à 4 €/m3.

Bien que l’automoteur parvienne à absorber l’ensemble de l’activité, les dirigeants qui cherchent à résoudre la situation excluent pour l’heure une telle hypothèse. D’une part, ils s’affirment soucieux de ne pas détériorer les conditions de travail de l’ensemble des chauffeurs. D’autre part, Stéphane Brizard rappelle la vocation de l’intercuma : « Elle est là pour offrir une palette de services aux adhérents. »

Pourquoi ce sujet ?

Dans un bassin laitier aussi dynamisé par la production de biogaz, un groupe de cuma a osé le changement en mettant en place une prestation d’épandage structurée autour d’un automoteur. Si cette organisation est une voie d’adaptation à l’ensemble des contraintes actuelles, ce pari ajoute aussi des problématiques que le groupe solutionne progressivement.

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