La diversification des cultures s’engage dans le vignoble, avec un plan d’arrachage de la vigne de 3 500 ha. Cultures fourragères, oliviers, atelier d’élevage… les viticulteurs devront se tourner vers d’autres productions. Philippe Mouquot est chargé de mission grandes cultures et diversification à la chambre d’agriculture de la Gironde. Il explique comment le réseau cuma peut les aider.
Comment accompagner des viticulteurs dans la diversification ?
Philippe Mouquot : Ce plan d’arrachage va conduire un certain nombre de viticulteurs à se diversifier en misant sur de nouvelles cultures, notamment sur l’olivier ou l’amandier. L’objectif principal est de ne pas ajouter dans les reconversions de ces terres viticoles de l’endettement. Et donc de ne pas pousser ces exploitants à investir dans du matériel. Les exploitants ne sont pas équipés individuellement pour gérer ces nouvelles productions. Certains sont déjà dans des situations économiques fragiles. Il y a deux options qui se présentent : soit ils investissent dans des matériels. Mais aujourd’hui, pour des petites surfaces, c’est risqué. L’autre option, c’est de se tourner vers le réseau cuma. Par chance, le département de la Gironde possède un maillage intéressant en la matière. Si la grande majorité est axée sur la viticulture, il existe sur le territoire des cuma avec d’autres productions, notamment élevage et grandes cultures.
Comment faire appel au réseau départemental des cuma pour la diversification ?
P. M. : Les viticulteurs qui se diversifieront pourront se tourner vers des structures existantes, pour bénéficier d’une mise à disposition d’outils et de machines. Nous avons commencé à travailler sur le sujet avec la fédération de proximité Gironde Lot-et-Garonne. Le but est de trouver des synergies afin que ces gens qui arrachent, cultivent leurs parcelles à moindre coût. Le réseau cuma peut accompagner cette diversification. Dans un premier temps, il fournira une cartographie précise des structures existantes sur le terrain. Dans un deuxième temps, il donnera la liste des matériels disponibles dans l’ensemble de ces cuma. Le viticulteur qui arrache pourra ainsi rapidement savoir quelle est la plus proche de son exploitation, qui lui permettrait de récupérer du matériel pour son activité de diversification.
Et s’il n’est pas adhérent ?
P. M. : Il va pouvoir adhérer à condition que le matériel qui l’intéresse ne soit pas saturé. Vous avez en effet des structures qui ne souhaitent pas accueillir de nouveaux adhérents. Grâce à cette cartographie précise, il aura le contact d’un responsable et pourra appeler et avoir une réponse dans les meilleurs délais. Economiquement, cela coûte moins cher d’adhérer à une cuma que d’investir individuellement.
On va être majoritairement sur des petites surfaces avec ce plan d’arrachage. Sur le territoire, on sait que l’on a une ou deux cuma qui ont des matériels de moisson, un peu sous exploités. Il peut être transporté assez aisément. L’idée c’est d’aller chercher la ressource machinisme au plus près de chez soi, dans un contexte de travail en commun. Quand on passe de la viticulture à autre chose, on ne possède pas de tracteur standard, ni d’outils de préparation du sol. Sur cet aspect là, il y a un vrai intérêt à travailler avec le réseau cuma.
On peut aussi envisager qu’il y aura des développements de cuma ou des créations à condition qu’il y ait un arrachage significatif de surfaces sur une zone. Ces terres ainsi libérées pourront amener des gens à réfléchir ensemble à investir dans du matériel et développer une nouvelle filière en commun.
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